Gallant souligne le devoir d’Israël de restaurer la sécurité à sa frontière nord
Le ministre de la Défense dit à son homologue américain préférer la voie diplomatique, mais qu'il utilisera la force si nécessaire ; Tsahal riposte après avoir abattu un drone au-dessus d'Akko
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré jeudi soir à son homologue américain Lloyd Austin qu’Israël approchait d’un point de décision concernant le Liban et le conflit avec le Hezbollah, soutenu par l’Iran, alors que le groupe terroriste chiite libanais poursuivait ses attaques quotidiennes à la frontière nord.
Gallant a affirmé que le pays avait le devoir de restaurer la sécurité et de ramener les résidents israéliens évacués dans leurs communautés le long de la frontière, et bien qu’Israël préférerait le faire par le biais de la diplomatie, il est « prêt à le faire par la force militaire », selon un communiqué du bureau du ministre de la Défense.
Depuis le 8 octobre, au lendemain des attaques meurtrières du groupe terroriste palestinien du Hamas contre le sud d’Israël, le Hezbollah s’est livré à des tirs transfrontaliers quasi-quotidiens, lançant des roquettes, des drones et des missiles sur le nord d’Israël dans le cadre d’une campagne destinée, selon lui, à soutenir le Hamas. Ces attaques ont contraint la plupart des habitants situés à quelques kilomètres de la frontière à évacuer les lieux. Israël a répondu par des frappes régulières sur des cibles du Hezbollah et a prévenu qu’il ne pourrait tolérer la présence continue de terroristes à la frontière.
Des responsables libanais ont indiqué jeudi que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah avait rejeté la proposition initiale de Washington visant à mettre fin aux affrontements avec Israël, notamment en éloignant ses forces de la frontière, mais qu’il restait ouvert à la diplomatie américaine afin d’éviter une guerre dévastatrice.
Les propos de Gallant font suite à des remarques similaires du chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, en début de semaine, qui a affirmé qu’une guerre dans le nord du pays était de plus en plus probable dans les mois à venir.
Vendredi, Tsahal a indiqué qu’un drone ayant pénétré dans l’espace aérien israélien depuis le Liban via la mer avait été intercepté par le système de défense aérienne du Dôme de fer près d’Akko, sans qu’aucune sirène n’ait retenti.
The IDF says a drone that entered Israeli airspace from Lebanon via the sea was intercepted by the Iron Dome air defense system.
The aircraft was downed over the sea near Acre, without any sirens sounding.
Meanwhile, the IDF announces that it carried out a wave of airstrikes… pic.twitter.com/QtQ26kCEsV
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) January 19, 2024
Dans le même temps, l’armée a annoncé qu’elle avait mené une vague de frappes aériennes contre des cibles du Hezbollah au Liban.
Des avions de combat ont frappé à Ramyah, ciblant des bâtiments militaires et d’autres infrastructures appartenant au groupe terroriste, selon Tsahal.
En outre, l’armée a déclaré avoir mené des frappes aériennes et des tirs de chars contre des positions d’observation du Hezbollah et d’autres infrastructures à Houla et à Kfar Kila.
Tsahal a également annoncé que des chars avaient bombardé des positions de l’armée syrienne dans le sud de la Syrie jeudi soir, en réponse à des tirs de roquettes sur le plateau du Golan.
Dans un contexte de tensions croissantes, l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Jacob K. Lew, a été reçu au quartier général du Commandement du Nord de l’armée israélienne par le commandant et général de division Ori Gordin, et par le général de division Eliezer Toledano, chef du Directorat de la Planification Stratégique et de la Coopération de Tsahal.
Lew a été informé des menaces posées par le Hezbollah le long de la frontière, et les officiers ont souligné que les menaces au nord devaient être éliminées avant que les résidents évacués puissent revenir, car les conditions qui existaient avant le 7 octobre sont désormais considérées comme insuffisantes.
Mohammad Raad, responsable du Hezbollah, a averti vendredi qu’Israël n’était pas préparé à une guerre contre le groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran, déclarant que le pays était « frustré et embarrassé » par ses pertes dans la guerre contre le Hamas à Gaza.
Raad a affirmé que c’était un honneur pour le Liban que les groupes de « résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes] » du pays se battent contre Israël et a accusé l’État juif d’être le « gardien des gens arrogants qui pillent nos richesses, contrôlent nos voies navigables, imposent leur volonté à un certain nombre de nos pays et nous dominent ».
Il a assuré qu’Israël subissait une défaite à Gaza et qu’il avait « échoué à atteindre ses objectifs » dans tous les domaines, ajoutant que « la main de la résistance restera suprême ».
« L’ennemi israélien est contraint de battre en retraite et de se retirer parce qu’il est fatigué et qu’il est confronté à une résistance à laquelle il ne s’attendait pas, et il a frustré et embarrassé tous ceux qui le soutiennent », a-t-il ajouté.
« L’ennemi israélien n’est pas prêt pour la guerre face à ce que la résistance islamique au Liban lui a réservé. »
Au Liban, tout le monde ne soutient pas la décision du Hezbollah de lancer des attaques contre Israël.
Le chef du parti politique chrétien des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a critiqué le Hezbollah pour avoir transformé le pays « en champ de bataille » lors d’une réunion avec l’ambassadeur du Royaume-Uni au Liban, Hamish Cowell, a rapporté le média libanais LBCI Lebanon.
Au cours de la réunion, Geagea a critiqué l’actuel gouvernement intérimaire du Liban pour avoir accordé trop de pouvoir au Hezbollah.
« Au lieu de remplir ses fonctions au service du Liban et de son peuple, il a confié la prise de décision à une faction, permettant au pays de se transformer en champ de bataille, une simple marchandise sur la scène régionale volatile », a rapporté LBCI.
Geagea a également appelé à trouver une solution pour le peuple palestinien dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le Hamas à Gaza, affirmant que sans cela, la région resterait instable.
« Nous ne verrons aucune stabilité dans la région si la question palestinienne n’est pas résolue », a souligné Geagea. « Il est temps de prendre position et d’agir sur cette question qui épuise la région, le Liban et la Palestine depuis plus de 70 ans. »
La position du Hezbollah est qu’il tirera des roquettes sur Israël jusqu’à ce qu’il y ait un cessez-le-feu total à Gaza. Israël a déclaré qu’il poursuivrait son opération à Gaza jusqu’à ce qu’il mette fin à la domination du Hamas sur le territoire et ramène les 132 Israéliens qui y sont encore détenus, sur les quelque 240 qui ont été pris en otage le 7 octobre.
Les dirigeants politiques et militaires du pays ont déclaré à de multiples reprises que le Hezbollah devra retirer ses effectifs de la zone frontalière au nord du fleuve Litani, comme l’exige la résolution 1701 de l’ONU de 2006, et que cela se fera soit par la voie diplomatique, soit par la force.
Les chiffres communiqués par Tsahal au 100e jour de la guerre montrent qu’au cours des mois écoulés depuis le 7 octobre, plus de 2 000 projectiles ont été lancés par le Hezbollah et des groupes terroristes palestiniens le long de la frontière libanaise.
Six civils ont été tués du côté israélien, dont une septuagénaire et son fils, décédés cette semaine lorsqu’un missile antichar a frappé leur maison à Kfar Yuval. En plus des morts civiles, neuf soldats et réservistes de Tsahal ont également été tués.
Le Hezbollah a été beaucoup plus durement touché : 162 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 20 autres membres de groupes terroristes distincts, un soldat libanais et au moins 19 civils, dont trois journalistes, ont été tués.
Des personnalités internationales, dont l’envoyé spécial américain Amos Hochstein et le secrétaire d’État américain Antony Blinken, ont été dépêchées dans la région ces dernières semaines pour tenter d’apaiser les vives tensions le long de la frontière israélo-libanaise, mais visiblement en vain, Israël affirmant qu’il n’acceptera pas la subsistance d’une menace manifeste et actuelle pour les habitants du nord du pays.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.