Gallant rencontre des responsables américains à New York
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait interdit à ses ministres de prendre part à tout entretien officiel à Washington
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK — Le ministre de la Défense Yoav Gallant a rencontré des représentants de l’administration Biden, à New York City, mardi, au cours d’un séjour qu’il a voulu assez discret aux États-Unis.
Gallant a rencontré la vice-secrétaire américaine aux Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf et il devrait s’entretenir avec le Coordinateur pour le Moyen-Orient du Conseil national de Sécurité Brett McGurk, a annoncé le ministère de la Défense.
Le Premier ministre aurait interdit aux ministres de prendre part à des discussions de haut-rang à Washington, car il attend encore de pouvoir s’entretenir avec le président américain Joe Biden aux États-Unis.
La décision prise par Leaf et par McGurk de rencontrer Gallant à New York survient après que des informations ont laissé entendre que l’administration Biden s’inquiétait de ce que les dégâts causés à l’état de préparation de l’armée israélienne par les réservistes qui s’opposent au plan de refonte du système judiciaire ne vienne nuire à la coopération sécuritaire établie entre les États-Unis et Israël.
Le bureau de Gallant n’a pas annoncé de nouveaux plans de rencontre avec les responsables américains – notamment avec des officiels du secteur de la Défense – ou de projet de se rendre à Washington. Gallant s’était d’ores et déjà entretenu avec des responsables américains de la Défense au sein de l’État juif et à Bruxelles.
Le prédécesseur de Gallant, Benny Gantz, alors qu’il était ministre de la Défense, avait rencontré de hauts-responsables américains pendant ses voyages à Washington et notamment le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin.
Les liens avec les États-Unis se sont tendus avec l’arrivée au pouvoir, en Israël, du gouvernement actuel, le plus à droite de l’Histoire d’Israël. A l’origine de cette dégradation des relations diplomatique, le plan controversé de refonte du système israélien de la justice avancé par la coalition, la politique à l’égard des Palestiniens, les propos incendiaires tenus par des ministres d’extrême-droite et d’autres incidents.
Pour sa part, le leader de l’opposition, Yair Lapid, ira la semaine prochaine à Washington pour y rencontrer des personnalités de la Maison Blanche et du Département d’État de premier plan – un séjour qui risque de souligner encore davantage les divisions entre les États-Unis et la coalition de Netanyahu.
Netanyahu a été invité à s’entretenir avec Biden aux États-Unis lors d’un coup de téléphone, au mois de juillet – mais il est difficile de dire si les deux hommes se verront à la Maison Blanche. Biden pourrait rencontrer Netanyahu en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à la mi-septembre – un cadre de moindre envergure pour une séance photo que le Premier ministre espère voir réalisée, alors qu’il cherche à retrouver son crédit diplomatique qui a pâti suite aux politiques de la ligne dure qui sont appliquées par son gouvernement.
Gallant n’a pris part à aucun événement public depuis son arrivée aux États-Unis-, jeudi, et toutes ses réunions ont été fermées à la presse.
Lundi, Gallant a rencontré le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, au siège de l’organisation pour parler du Liban et du groupe terroriste du Hezbollah en amont d’un vote qui aura lieu à la fin de la semaine et qui portera sur le renouvellement du mandat des forces de maintien de la paix dans le pays. En début de journée, Guterres s’était entretenu avec le ministre des Affaires étrangères du Liban, Abdallah Bouhabib. Le secrétaire-général n’a pas émis de compte-rendu sur ces deux réunions.
Également aux Nations unies, lundi, Gallant a rencontré l’ambassadrice américaine au sein de l’institution, Linda Thomas-Greenfield, pour parler de sécurité régionale, a confié un porte-parole de la mission des États-Unis.
Thomas-Greenfield a réaffirmé l’engagement de Washington en faveur de la sécurité d’Israël et de la solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien et elle a évoqué avec Gallant la nécessité d’apaiser les tensions très vives en Cisjordanie, selon la mission.
Dans la matinée de mardi, Gallant avait échangé avec des responsables le ministère de la Défense stationné à New York au sujet de la coopération avec le département d’État américain, a fait savoir son bureau.
Dimanche, Gallant avait assisté à un gala de collecte de fonds pour l’organisation des Amis de l’armée israélienne, avait-il écrit sur Facebook. Il avait aussi rencontré le consul-général de la ville, Yinam Cohen, ainsi que le président de la Fédération juive de Chicago, Lonnie Nasatir.
Le voyage de Gallant a été marqué par des manifestations d’activistes israéliens qui, aux États-Unis, s’opposent au projet de refonte du système judiciaire qui est avancé par le gouvernement.
Plusieurs dizaines de manifestants se sont ainsi réunis devant l’hôtel où séjournait le ministre, à Midtown Manhattan, pendant sa rencontre avec Leaf, mardi. Les services de sécurité stationnés à l’entrée avaient été aperçus se dirigeant vers une porte de service, apparemment pour escorter des officiels soucieux d’éviter les protestataires.
Avant l’annonce publique des réunions de Gallant, les activistes étaient parvenus à obtenir les informations nécessaires sur son emploi du temps et des rassemblements ont ainsi été organisés aux abords des bâtiments où ont eu lieu ses entretiens officiels, à l’ONU, devant le consulat israélien et devant son hôtel.
Des opposants au gouvernement ont aussi réussi à entrer aux Nations unies et dans son hôtel et on hué le ministre. Il a également été interpellé alors qu’il faisait son jogging à Central Park, ont indiqué les activistes.