Gallant avertit Guterres : les provocations du Hezbollah font augmenter les risques
Le ministre de la Défense a rencontré le chef de l'ONU à New York et a demandé que la FINUL puisse davantage intervenir afin de désamorcer les tensions à la frontière libanaise
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré lundi que la probabilité d’une flambée de violence avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah soutenu par l’Iran au Liban augmentait, appelant les force de maintien de la paix au Liban à travailler pour réduire les tensions qui se sont récemment accrues.
Gallant a fait ces commentaires lors d’une réunion à huis clos avec le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, au siège de l’ONU à New York, a indiqué son bureau dans un communiqué.
« La probabilité d’une escalade violente à la frontière nord d’Israël augmente, en raison des violations flagrantes du Hezbollah soutenu par l’Iran », a déclaré Gallant dans des remarques fournies par son bureau en anglais. « L’ONU doit agir immédiatement. »
Le ministre a demandé une « intervention immédiate de l’ONU pour désamorcer les tensions » en renforçant et en augmentant la liberté de mouvement d’une force de maintien de la paix, connue sous le nom de Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), dans la zone frontalière.
Gallant a montré au chef de l’ONU le déploiement de dizaines de postes du Hezbollah le long de la frontière, y compris une tente érigée en territoire israélien, ainsi que l’augmentation des patrouilles et de la présence de membres du groupe terroriste dans la région.
Les récentes actions du Hezbollah constituent une violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui avait mis un terme à une guerre d’un mois en 2006 et interdit aux groupes armés autres que l’armée officielle libanaise et la FINUL d’opérer au sud du fleuve Litani, au Liban.

Gallant a déclaré à Guterres « qu’Israël ne tolérera pas les menaces croissantes à la sécurité de ses citoyens et agira comme il se doit pour les défendre », a indiqué son bureau.
Selon le bureau de Gallant, les deux hommes ont également discuté de l’Iran, « en mettant l’accent sur ses ambitions nucléaires et sur l’exportation du terrorisme et des armes ».
« Le ministre Gallant a souligné que le cas du Liban était un exemple des conséquences de l’enracinement et du soutien de l’Iran. »
Par ailleurs, le bureau de Gallant a indiqué que le ministre avait remercié Guterres pour sa « contribution personnelle et son investissement » au sujet du problème des Israéliens détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, et a demandé l’aide du secrétaire d’État pour résoudre ce problème. Outre deux citoyens israéliens entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza, le Hamas détient les dépouilles de deux soldats israéliens tués lors des combats en 2014.
Dans une vidéo en hébreu après la réunion, Gallant a déclaré que Guterres s’était engagé à faire de son mieux pour que la FINUL contribue à réduire les tensions.
« Nous savons comment nous défendre dans tous les cas, mais nous ne sommes pas intéressés par les frictions », a déclaré Gallant.
L’envoyé israélien auprès de l’ONU, Gilad Erdan, qui participait également à la réunion, a déclaré que les discussions avec Guterres étaient « très importantes », le Conseil de sécurité de l’ONU devant voter cette semaine sur le renouvellement du mandat de la FINUL, « qui est censée empêcher une guerre entre Israël et le Liban ».

« Ce que vous avez souligné [à Guterres], c’est que si la FINUL ne reçoit pas tous les pouvoirs nécessaires pour faire face à ce que fait le Hezbollah sur notre frontière nord, le Hezbollah pourrait se retrouver à provoquer une lourde catastrophe au Liban… c’est un message important de dissuasion », a déclaré Erdan.
Gallant devait ensuite informer les envoyés des membres du Conseil de sécurité de l’ONU sur les questions liées à la défense israélienne avant le vote sur le mandat de la FINUL, selon son bureau.
Initialement, Gallant ne devait pas rencontrer de responsables américains de la Défense pendant son séjour aux États-Unis, car le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait interdit à ses ministres de se rendre à Washington tant qu’il n’aurait pas été invité à la Maison Blanche. En conséquence, Gallant a rencontré des responsables américains de la Défense en Israël, ainsi qu’à Bruxelles.
La réunion avec Guterres s’est déroulée dans un contexte d’augmentation récente des activités du Hezbollah le long de la frontière, avec notamment la mise en place de deux tentes du côté israélien de la Ligne bleue reconnue par l’ONU dans la région du mont Dov. Le groupe soutenu par l’Iran a ensuite démonté l’une des tentes, tout en menaçant d’attaquer si Israël démantèle l’autre.
D’autres incidents récents ont eu lieu : des membres du Hezbollah en tenue de camouflage ont marché le long de la frontière, en violation d’une résolution de l’ONU, et des activistes du Hezbollah ont franchi la Ligne bleue (mais pas la clôture israélienne) à de nombreuses reprises, tentant même d’endommager la clôture et le matériel de surveillance de l’armée.

Israël et le Liban n’ont pas de frontière officielle en raison de différends territoriaux, mais ils respectent en grande partie la Ligne bleue reconnue par les Nations unies. La Ligne bleue est marquée par des barils bleus le long de la frontière et se trouve à plusieurs mètres de la clôture israélienne dans certaines zones, qui est entièrement construite sur le territoire israélien.
En avril, des salves de dizaines de roquettes ont été tirées du Liban sur Israël, blessant trois personnes et endommageant des bâtiments. Bien qu’Israël ait imputé ces tirs de roquettes au groupe terroriste palestinien Hamas, ils ont été considérés comme ayant été effectués avec l’approbation tacite du Hezbollah, qui maintient un contrôle étroit sur le sud du Liban.
Par ailleurs, en mars, un homme s’est infiltré depuis le Liban et a posé un explosif sur une autoroute dans le nord d’Israël, blessant grièvement un civil. Dans un discours télévisé, Nasrallah a déclaré que le Hezbollah ne commenterait pas l’attentat de Megiddo, qui est largement soupçonné d’avoir été orchestré par le groupe terroriste.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.