Gardiennes de prison et officiels bientôt entendus sur un possible scandale sexuel
5 gardiennes auraient eu des relations intimes avec des terroristes palestiniens détenus à la prison de Ramon. Des responsables pénitentiaires auraient été informés des faits
Selon une nouvelle publiée par les médias israéliens samedi, cinq soldates ayant effectué leur service militaire comme gardiennes de prison seront interrogées par la police cette semaine – à commencer par trois ce dimanche – pour savoir dans quelle mesure elles ont eu des relations intimes avec un prisonnier de haute-sécurité palestinien à la prison de Ramon, dans le sud d’Israël.
Un reportage, réalisé par la Douzième chaine, précise que trois responsables de l’Administration pénitentiaire israélienne seront également interrogés par les enquêteurs, soupçonnés d’avoir été informés des faits.
Selon ces sources, le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir aurait l’intention de proposer au prochain Conseil des ministres la formation d’une commission d’enquête gouvernementale placée sous l’autorité d’un juge, afin d’examiner la gestion de cette affaire par l’Administration pénitentiaire. Serait également examinée une précédente affaire, dans laquelle des terroristes auraient agressé et violé des soldates effectuant leur service militaire en qualité de gardiennes à la prison de Gilboa, dans le nord, avec des gardiens qui les « auraient prostituées » de façon à calmer les détenus.
« C’est l’échec de tout un système, des faits que le ministre ne saurait accepter », a indiqué le site d’information Ynet, rapportant les propos de proches de Ben Gvir.
Le tribunal de première instance de Petah Tikva a imposé l’embargo sur de nombreux détails de cette nouvelle affaire, révélée vendredi, à commencer par l’identité du terroriste en question.
La police a ouvert l’enquête lorsque les autorités pénitentiaires ont eu la preuve qu’une gardienne entretenait une relation intime et des relations sexuelles avec le détenu. L’enquête a permis de mettre à jour l’existence de soupçons de même nature à l’encontre de quatre autres soldates.
Selon Ynet, qui a le premier évoqué cette affaire, ces douze derniers mois, la gardienne en question aurait entretenu des relations avec le prisonnier, membre du Fatah condamné pour un attentat terroriste dans le centre d’Israël qui a causé la mort de plusieurs Israéliens.
Selon les premières conclusions de l’enquête de l’Administration pénitentiaire, le prisonnier aurait eu à sa disposition un téléphone qu’il utilisait pour contacter des gardiennes et échanger des photos. Rien n’indique à ce stade dans quelle mesure le téléphone lui aurait été remis par l’une de ces femmes.
D’après Ynet, les autorités estiment que la relation était consentie de part et d’autre.
La gardienne a été interrogée par la police jeudi : elle a indiqué que quatre autres personnes s’étaient livrées à des relations inappropriées avec le prisonnier. Elle a été libérée et assignée à résidence jeudi. Les cinq soldates devraient prochainement terminer leur service militaire.
L’avocat de la gardienne a affirmé que le prisonnier avait menacé sa cliente et que cette relation n’était pas consentie, ce qu’un haut responsable de la police – qui a tenu à rester anonyme – a contesté dans les pages de Ynet.
Yair Ohayon, l’avocat de la soldate, a reproché à la police de « nous mettre dans une situation intenable, avec un embargo sur les détails de l’enquête doublé de fuites dans les médias, pour la plupart erronées ». Lorsque des informations pourront être publiées, a-t-il dit, « le public saura que c’est bien la gardienne de prison, la victime ».
Peu après la révélation de l’affaire, Ben Gvir et la cheffe de l’Administration pénitentiaire, Katy Perry, ont publié une déclaration commune disant que toutes les soldates de Tsahal « cesseraient immédiatement » de faire leur service en qualité de gardiennes des prisons de haute-sécurité.
Cette déclaration précise que cette nouvelle politique sera mise en œuvre dans les tout prochains jours afin de laisser le temps à l’Administration pénitentiaire de se préparer au changement.
Ce n’est pas la première fois que se pose en ces termes la question de la présence de soldates dans les prisons de haute-sécurité, comme en témoignent de précédentes prises de position de Ben Gvir, mais le problème des effectifs requis pour les remplacer avait jusqu’alors fait écran.
Le détenu palestinien en question a été transféré dans une autre aile de la prison, vendredi matin, et sera interrogé ultérieurement, a fait savoir l’Administration pénitentiaire par voie de communiqué.
Toujours par voie de communiqué, Perry a déclaré qu’en raison de ce « grave incident », l’Administration pénitentiaire « prendra les mesures nécessaires et pratiquera une politique de tolérance zéro en cas d’infractions aux valeurs morales », disant avoir mené une importante campagne de recrutement ces derniers mois et recruté 1 000 gardiens capables de suppléer les soldates.
Vendredi, Ben Gvir a fait savoir que cette « histoire atroce » prouvait la nécessité de tenir les soldates à distance de la surveillance des prisonniers de haute-sécurité.
Le ministre avait demandé, en janvier, de ne plus recruter de soldates en qualité de gardiennes de prison au contact des terroristes.
Cette décision faisait suite à l’enquête, ordonnée cinq mois plus tôt par le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, suite à la révélation du scandale de « proxénétisme » à la prison de Gilboa.
Michael Horovitz a contribué à cet article.