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GB : Une organisation juive décorée pour son travail auprès de réfugiés syriens

Souhaitant trouver plus que des solutions de dépannage, le programme STEP du World Jewish Relief épaule les nouveaux arrivants en les aidant à trouver un emploi à long-terme

  • La directrice du programme de l'organisation World Jewish Relief pour le Royaume-Uni, Janice Lopatkin. (Autorisation)
    La directrice du programme de l'organisation World Jewish Relief pour le Royaume-Uni, Janice Lopatkin. (Autorisation)
  • Six rabbins de synagogue ont accompagné une participante du STEP et sa fille, des réfugiées arrivées l'année dernière au Royaume-Uni, en voyage à Coventry. (Autorisation)
    Six rabbins de synagogue ont accompagné une participante du STEP et sa fille, des réfugiées arrivées l'année dernière au Royaume-Uni, en voyage à Coventry. (Autorisation)
  • Les participants de l'atelier STEP lors d'une visite au musée Wakefield. La députée Yvette Cooper en bas à gauche au deuxième rang se joint à eux. (Autorisation)
    Les participants de l'atelier STEP lors d'une visite au musée Wakefield. La députée Yvette Cooper en bas à gauche au deuxième rang se joint à eux. (Autorisation)
  • Ce diplômé du programme STEP de l'organisation caritative britannique World Jewish Relief, travaille aujourd'hui pour Timpson au Royaume-Uni. (Autorisation)
    Ce diplômé du programme STEP de l'organisation caritative britannique World Jewish Relief, travaille aujourd'hui pour Timpson au Royaume-Uni. (Autorisation)
  • À titre d'illustration : deux réfugiées syriennes à gauche se concentrent lors d'un cours d'anglais avec une enseignante bénévole à Londres, le 28 juillet 2016. (Crédit : AP Photo/Adela Suliman)
    À titre d'illustration : deux réfugiées syriennes à gauche se concentrent lors d'un cours d'anglais avec une enseignante bénévole à Londres, le 28 juillet 2016. (Crédit : AP Photo/Adela Suliman)

LONDRES — Il y a trois ans, lorsque la directrice des programmes de l’organisation World Jewish Relief (WJR) au Royaume-Uni, Janice Lopatkin, a mis en place l’initiative STEP (Programme de formation spécialisée et d’emploi) pour les réfugiés syriens arrivant aux Royaume-Uni, elle ne se doutait pas un seul instant qu’elle serait décorée pour son travail par la Reine.

La décoration — Membre de l’ordre de l’Empire britannique récompensant un travail ou un service exceptionnels rendus à la communauté — a été attribuée le mois dernier à l’occasion de l’anniversaire de la Reine. Le projet vient en aide aux réfugiés syriens arrivant dans le pays dans le cadre du programme gouvernemental de déplacement des personnes vulnérables.

« C’est très grisant, mais pour moi, il s’agit d’une décoration collective », commente Janice Lopatkin avec modestie. « Elle concerne tout le monde, de Paul Anticoni [directeur général du WJR] à toutes les [organisations] partenaires avec lesquelles je travaille, en passant par les managers du STEP, car ce sont eux qui sont en première ligne ».

En partie financé par le ministère de l’Intérieur, STEP aide les réfugiés à identifier et surpasser les difficultés rencontrées pour trouver un travail et apporte un soutien individualisé dans l’objectif à long-terme de permettre aux participants de trouver des emplois permanents, durables. Elle propose ainsi des cours d’anglais ainsi que des formations professionnelles spécifiques et des expériences professionnelles. Le projet fonctionne dans cinq endroits du Royaume-Uni, dont Leeds et Bradford dans le Yorkshire et Coventry dans les Midlands.

Assise dans une salle de réunion quelconque au dernier étage du bureau londonien du WJR, Janice Lopatkin semble avoir la tête froide et passionnée par sa mission — profondément engagée à apporter aux réfugiés le soutien dont ils ont besoin pour trouver du travail et reconstruire leur vie. Même si elle minimise son rôle dans la distinction royale obtenue, elle en est très fière.

« Je trouve que c’est un honneur pour le programme, qu’il ait été reconnu comme important et significatif », se félicite-t-elle.

La directrice du programme de l’organisation World Jewish Relief pour le Royaume-Uni, Janice Lopatkin. (Autorisation)

Depuis son lancement en 2016, le STEP est venu en aide à environ 500 réfugiés, dont plus de cent ont trouvé un travail dans une variété de secteurs, comme chez Tesco, Waitrose ou Marks & Spencer. Janice Lopatkin fait la liaison entre les responsables politiques nationaux et locaux et développe des partenariats avec des employeurs pour les impliquer dans les processus de formation et de recrutement.

Mais le format actuel du projet est le résultat d’un travail de recherche de trois mois confié à Janice Lopatkin par le WJR. En 2015, lorsque le Premier ministre de l’époque David Cameron a annoncé que 20 000 réfugiés syriens seraient autorisés au Royaume-Uni, des soutiens et des membres du comité d’administration du WJR ont demandé comment ils pouvaient aider, explique-t-elle.

L’organisation caritative n’avait alors lancé qu’une seule de ses campagnes réussies de collecte de fonds pour les réfugiés syriens en Grèce et en Turquie qui fuyaient le conflit. Le WJR voulait alors déterminer quel soutien recevaient les réfugiés au Royaume-Uni et en conclure ce qu’il pouvait faire.

« On m’a dit que s’il n’y avait rien, nous n’essayerions pas de faire quelque chose », explique Janice Lopatkin. « S’il y avait un manque, on évaluait si nous avions l’expertise nécessaire. Il s’agissait de répondre à des besoins ».

De ses conversations avec des ONG et des municipalités locales dans des régions qui accueillaient des réfugiés syriens. Janice Lopatkin a ainsi découvert que la question de l’emploi revenait systématiquement.

« Ils disaient tous qu’il y avait de l’aide pour trouver un logement, pour la scolarisation des enfants, mais qu’il n’y avait souvent pas grand-chose une fois ces besoins immédiats comblés », indique-t-elle.

D’après les statistiques, au bout de 18 mois, seuls 2-3 % des réfugiés trouvaient un emploi, « il y avait donc un besoin évident », souligne Janice Lopatkin.

À titre d’illustration : deux réfugiées syriennes à gauche se concentrent lors d’un cours d’anglais avec une enseignante bénévole à Londres, le 28 juillet 2016. (Crédit : AP Photo/Adela Suliman)

L’organisation World Jewish Relief a de l’expérience dans la mise en place de projets liés à l’emploi, principalement en ex-URSS avec son programme de développement des moyens de subsistance, qui dispense des conseils en recherche d’emploi, des compétences professionnelles et une aide psychologique aux membres vulnérables de la communauté juive. D’après les connaissances, expériences et réussites engrangées, un modèle similaire semblait très approprié au Royaume-Uni pour l’organisation.

En 2017, Janice Lopatkin avait déjà créé cinq projets, que gère aujourd’hui le STEP.

Le judaïsme et l’histoire du WJR ont motivé le programme, indique la directrice. Anciennement connu sous le nom de Central British Fund, il a été fondé en 1933 pour sauver les Juifs des persécutions en Allemagne et les a aidés à rejoindre le Royaume-Uni.

« [En tant que Juifs], nous connaissons bien l’expérience de réfugié », explique Janice Lopatkin. « Cela fait partie de notre histoire. La communauté syrienne est une nouvelle communauté qui développe et bâtit ses propres infrastructures, tout comme nous. Elle est également très diverse, comme nous ».

Elle pense qu’une telle diversité est appréciée par les communautés avec lesquelles ils travaillent. Des clients du STEP se sont joints à un groupe de rabbins lors d’une visite récente de la ville de Coventry, une expérience qu’elle décrit comme très ouverte et unificatrice.

« Lorsque nous sommes allées au cimetière juif, certains ont commencé à discuter des similarités entre les enterrements juif et musulman », narre Janice Lopatkin. « C’était super ».

Six rabbins de synagogue ont accompagné une participante du STEP et sa fille, des réfugiées arrivées l’année dernière au Royaume-Uni, en voyage à Coventry. (Autorisation)

Quelque chose les rapproche également. « Les Juifs sont arrivés au Royaume-Uni dans les années 1800 — [les réfugiés syriens] il y a deux semaines ou trois mois », explique Janice Lopatkin en souriant. « Mais nous portons toujours cette expérience en nous. Lorsque nous les entendons parler de leurs enfants — du fait qu’ils veulent qu’ils soient en sécurité, ce à quoi ils aspirent pour eux, qu’ils adorent le système éducatif, mais qu’ils ne comprennent pas toujours ce que leurs enfants leur disent, car ils s’expriment avec un fort accent du Yorkshire — ce sont des choses qui nous sont familières. Nos parents ou nos grands-parents nous ont raconté des histoires [similaires] ».

STEP travaille toujours avec des partenaires locaux fiables, souvent dans des régions où il n’y a pas de communauté juive, ou une petite. Mais cela n’a jamais valu de problèmes à l’organisation.

Personne ne nous a dit, ‘Nous ne voulons pas de votre aide’

« Nous avons été accueillis à bras ouverts. Personne ne nous a dit, ‘Nous ne voulons pas de votre aide’. Le fait d’être au Royaume-Uni leur pose des difficultés, et les gens sont véritablement et grandement reconnaissants de toute aide dont ils peuvent bénéficier ».

La responsable souligne que STEP s’occupe de gens quel que soit leur niveau d’intégration dans la société.

« Ils peuvent ne pas parler anglais. S’ils veulent travailler, nous les aiderons et leur proposerons des activités correspondant à leur niveau d’intégration », assure-t-elle.

Les participants de l’atelier STEP lors d’une visite au musée Wakefield. La députée Yvette Cooper en bas à gauche au deuxième rang se joint à eux. (Autorisation)

En plus de dispenser une formation et des conseils essentiels afin qu’ils comprennent mieux le monde du travail britannique, STEP organise des ateliers facilitant l’intégration dans la société. Il y a quelques mois, le projet a ainsi expérimenté un nouveau programme de la ville de Wakefield appelé « Travailler au Royaume-Uni ».

Organisés au musée de Wakefield, ces ateliers ont duré cinq semaines et se sont notamment appuyés sur les objets de la collection de l’établissement pour explorer l’histoire industrielle de Wakefield et aider les participants à en apprendre plus sur leur nouvelle terre d’asile. Mi-juillet, une petite exposition présentant leurs découvertes a été inaugurée dans le musée par la députée Yvette Cooper.

« Les participants ont fait des liens entre Wakefield et la Syrie et leur nouvelle vie professionnelle », se réjouit Janice Lopatkin, « comme ce client dont le père a travaillé pour une entreprise de laine de Wakefield en Syrie ».

Le groupe a également découvert que la ville importait de la réglisse de Syrie au début du 20e siècle.

Une partie de l’exposition Shared Futures [Avenirs partagés] au musée de Wakefield. (Crédit)
« [Un projet comme celui-là] forge la confiance en soi, motive les gens à s’impliquer dans leur communauté locale et les aide à améliorer leur anglais, ce qui accélèrera leur chance de trouver un emploi », ajoute la directrice. « J’ai très envie d’en faire d’autres ».

Elle pense que le modèle STEP peut être repris dans d’autres pays en fonction du marché du travail local et du traitement qui y est réservé aux réfugiés.

« J’ai présenté STEP récemment lors d’un événement du bureau britannique du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qui rassemblait des représentants de pays mettant en place des programmes de relocalisation », indique-t-elle. « Je pense que le cœur du message a fait écho chez les gens, mais un pays — je ne me souviens plus lequel — a expliqué qu’ils avaient une mauvaise image des réfugiés et qu’ils ne voyaient pas comment cela pourrait fonctionner chez eux ».

Le WJR travaille un peu en Grèce via STEP, mais « c’est bien plus dur. L’environnement et les comportements y sont très différents ».

Ce diplômé du programme STEP de l’organisation caritative britannique World Jewish Relief, travaille aujourd’hui pour Timpson au Royaume-Uni. (Autorisation)

« Et le grec est une langue difficile à apprendre », dit-elle en plaisantant.

Même si le projet n’est en place que depuis quelques années, le principal défi repose en fait sur l’état d’esprit des gens, d’après elle — celui des prestataires du programme comme celui des bénéficiaires.

Ces clients sont les réfugiés les plus vulnérables et ont beaucoup d’obstacles à franchir, estime Lopatkin, mais elle est convaincue que le programme peut aider des gens à trouver du travail.

« Le WJR a déjà mené à bien des projets réussis, nous savons donc que c’est dur, nous devons surmonter les barrières linguistique et culturelles, nous devons comprendre le marché de l’emploi britannique. Mais nous en sommes capables », souligne-t-elle. « Avec les bons partenaires, les bonnes activités, on y arrivera ».

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