Gideon Saar s’entretient avec ses homologues après les frappes contre l’Iran
Les dirigeants allemand et français soutiennent le droit d'Israël à se défendre ; le ministre tchèque des Affaires étrangères qualifie l'attaque de réponse "raisonnable" aux actions iraniennes

Le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a déclaré avoir discuté vendredii avec neuf de ses homologues à travers le monde au sujet de la décision d’Israël de frapper des sites nucléaires et militaires iraniens, qu’il qualifie de « nécessaire » pour empêcher la destruction d’Israël, selon un communiqué publié par son bureau.
« Au cours des dernières heures, je me suis concentré sur des appels téléphoniques avec les ministres des Affaires étrangères du monde entier, au cours desquels j’ai détaillé la décision du cabinet et ses raisons, ainsi que les activités de l’armée israélienne », a déclaré Saar.
« À ce jour, j’ai déjà parlé avec les ministres des Affaires étrangères de l’Inde, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie, de la Hongrie, du Paraguay, du Panama, de Chypre et de l’Union européenne… en plus des consultations importantes auxquelles je participe », a-t-il poursuivi.
Saar affirme que la décision de mener cette attaque était « une décision historique, courageuse et nécessaire… pour éliminer la menace d’anéantissement qui pèse sur Israël ».
Il a ajouté qu’il a donné également des instructions « aux responsables du ministère des Affaires étrangères, aux ambassadeurs et aux représentants israéliens dans le monde entier sur les aspects liés à notre diplomatie et à nos activités de diplomatie publique ».
Saar a déclaré à son homologue allemand Johann Wadephul, qu’Israël « a pris cette décision à la dernière minute, après avoir épuisé toutes les autres possibilités », selon le bureau du ministre israélien des Affaires étrangères.
« Le monde entier a vu et compris que les Iraniens n’étaient pas prêts à s’arrêter, et nous devions les en empêcher. Le dernier rapport de l'[Agence internationale de l’énergie atomique] AIEA a mis en évidence les graves violations commises par l’Iran. Nous savons que des jours difficiles nous attendent, mais nous n’avons pas d’autre choix. »
Wadephul, a modifié son programme au Moyen-Orient et annulé son étape en Israël. S’exprimant au Caire après des entretiens avec son homologue égyptien Badr Abdelatty, il a déclaré qu’il se rendrait samedi en Arabie saoudite pour poursuivre les discussions. Il avait initialement prévu de se rendre également en Jordanie, au Liban et en Syrie. Le ministère des Affaires étrangères allemand n’a pas précisé s’il maintiendrait ces étapes.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré dans un communiqué vendredi matin que le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’avait informé de l’attaque israélienne contre l’Iran lors d’un entretien téléphonique vendredi matin.
Merz a déclaré qu’Israël avait le droit de se défendre, mais il a également appelé les deux parties à s’abstenir de toute escalade. Il a ajouté que l’Allemagne coordonnait étroitement ses actions avec ses partenaires, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.
Il n’y avait aucune critique d’Israël dans sa déclaration.

Merz a plutôt souligné les préoccupations de longue date de l’Allemagne concernant le programme avancé d’armement nucléaire de l’Iran, en particulier à la suite de la résolution de l’AIEA et des menaces proférées par l’Iran d’accélérer encore l’enrichissement d’uranium. « Ce programme nucléaire viole les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et constitue une menace grave pour toute la région, en particulier pour l’État d’Israël. »
Merz a ajouté que l’Allemagne renforcerait la sécurité autour des sites juifs et israéliens dans son pays.
Selon le magazine allemand Der Spiegel, Netanyahu a informé Merz de l’attaque peu avant qu’elle ne se produise, mais la chancellerie n’a pas répondu à une demande de commentaires de Reuters.
Saar s’est également entretenu avec le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, pour l’informer de l’opération menée par l’armée israélienne. Les deux hommes ont également discuté de la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, Saar déclarant qu’Israël « souhaite également parvenir à un accord sur les otages, ce que le Hamas a jusqu’à présent refusé ».
Lors d’une conversation avec la chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, Saar a déclaré que les frappes visaient à la fois le programme nucléaire iranien et son projet de missiles à longue portée, affirmant que Téhéran était sur le point de « devenir le premier fabricant mondial de missiles », ce qui renforçait la menace du « plan d’élimination d’Israël » par l’Iran.
Saar a ajouté que les capacités balistiques de la République islamique « mettent également en danger l’Europe », comme il l’a compris lors de conversations avec des dirigeants européens.

Kallas a elle-même écrit dans une déclaration sur le réseau social X : « La situation au Moyen-Orient est dangereuse. J’exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue et à empêcher toute nouvelle escalade. La diplomatie reste le meilleur moyen d’y parvenir, et je suis prête à soutenir tous les efforts diplomatiques visant à apaiser les tensions. »
Saar s’est également entretenu avec son homologue français, Jean-Noël Barrot, soulignant que les actions militaires d’Israël se poursuivraient dans le but de « supprimer les menaces existentielles qui pèsent sur Israël ».
Saar a également remercié Barrot pour la déclaration qu’il avait faite plus tôt dans la journée, avant leur entretien téléphonique, dans laquelle il affirmait que la France avait « exprimé à plusieurs reprises ses vives préoccupations concernant le programme nucléaire iranien » et réaffirmait « le droit d’Israël à se défendre contre toute attaque ».
Dans sa déclaration, Barrot a indiqué que Paris suivait de près la situation avec ses partenaires et appelait « toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute escalade susceptible de compromettre la stabilité régionale ».

Il a ajouté que « la sécurité de nos citoyens et la protection de nos intérêts dans la région sont au cœur de nos priorités », concluant « qu’il est essentiel d’activer tous les canaux diplomatiques pour contribuer à apaiser les tensions. La France est pleinement engagée à contribuer à cet effort ».
Barrot a également indiqué avoir eu des entretiens avec le ministre saoudien des Affaires étrangères au sujet de l’attaque israélienne contre l’Iran, et que le président français Emmanuel Macron a convoqué son conseil de sécurité vendredi matin pour discuter de la situation sécuritaire au Moyen-Orient.
Macron, qui a sévèrement critiqué la guerre menée par Israël à Gaza, a toutefois déclaré qu’Israël avait le droit de se défendre et a appelé toutes les parties à faire preuve d’une « retenue maximale » après la vague de frappes israéliennes contre l’Iran.

« La France réaffirme le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité », a déclaré vendredi Emmanuel Macron après les frappes israéliennes en Iran, rappelant avoir « plusieurs fois condamné » le programme nucléaire iranien.
« Pour ne pas mettre en péril la stabilité de toute la région, j’appelle les parties à la plus grande retenue et à la désescalade », a-t-il ajouté sur le réseau X, ajoutant s’être entretenu vendredi avec le président américain Donald Trump ainsi qu’avec le prince héritier d’Arabie saoudite, le roi de Jordanie, le président des Émirats arabes unis, l’émir du Qatar, le chancelier allemand et le Premier ministre britannique.
« Toutes les dispositions seront prises pour protéger nos ressortissants et nos emprises diplomatiques et militaires dans la région » et « toutes les mesures seront mises en place pour assurer la protection du territoire national et de nos concitoyens », a encore assuré Emmanuel Macron à l’issue d’un conseil de défense et de sécurité nationale réuni dans la matinée.
« La paix et la sécurité de tous dans la région doivent être notre boussole », a-t-il insisté, affirmant que « la France est prête à travailler avec tous ses partenaires pour œuvrer à la désescalade au Proche et Moyen-Orient ».
Le chef de l’Etat devait initialement intervenir à 17H00 au Conseil économique, social et environnemental en clôture d’un forum sur la question palestinienne, mais son intervention a été annulée. « Il sera représenté par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères », a fait savoir l’Elysée.
En revanche, Emmanuel Macron tiendra une conférence de presse « sur la situation internationale en fin de journée » vendredi à l’Elysée, a annoncé la présidence, sans préciser l’horaire à ce stade.
De son côté, le Premier ministre François Bayrou a affirmé que « les États de la région, y compris Israël, ont le droit de se défendre et d’empêcher que le pire des accidents puisse arriver ».
« Tout le monde voit bien que tout ceci, c’est des éléments de danger pour le monde » et qu »il faut faire attention à ce qu’il n’y ait pas une dégradation et une explosion », a-t-il ajouté, en marge d’un déplacement à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône).
Il s’agit d’une « situation historique » et d’un « défi terrible », « tout ça révolte les principes qui sont les nôtres », a-t-il encore dit.
Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a également appelé toutes les parties à faire preuve d’une retenue maximale et à éviter toute nouvelle escalade.

Le Kremlin a condamné et exprimé son inquiétude face à la « forte escalade » entre Israël et l’Iran, a déclaré le porte-parole Dmitri Peskov aux médias d’État russes.
L’ambassade russe à Tel Aviv a exhorté les Russes vivant en Israël à quitter le pays s’ils le pouvaient et a déclaré qu’elle « déconseillait fortement » de s’y rendre jusqu’à ce que « la situation se normalise ».
La mission diplomatique russe à Téhéran a émis un avertissement similaire, conseillant à ses ressortissants de « s’abstenir de se rendre en Iran », d’éviter de s’approcher des installations militaires et de ne pas prendre de photos ou de vidéos où que ce soit dans le pays.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, s’est montré plus favorable aux actions d’Israël, affirmant que l’attaque contre l’Iran était une réponse raisonnable compte tenu des ambitions nucléaires de Téhéran et de son soutien aux groupes terroristes qui cherchent à détruire l’État juif.
Membre de l’UE et de l’OTAN avec 10,9 millions d’habitants, la République tchèque est un fervent partisan d’Israël, malgré les critiques croissantes de ses alliés occidentaux concernant ses actions à Gaza dans le contexte de la guerre déclenchée par le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le groupe terroriste Hamas, soutenu par Téhéran.
L’Iran « soutient de nombreux acteurs, notamment les mouvements Hezbollah et Hamas, dans le but de détruire l’État d’Israël, et cherche également à se doter de l’arme nucléaire », a déclaré Lipavsky aux journalistes à Prague, ajoutant qu’il considérait cette action comme « raisonnable ».
« Je comprends très bien, par exemple, les actions militaires visant à empêcher la fabrication d’une bombe nucléaire dans la région », a-t-il poursuivi.
« L’Iran manque depuis longtemps à ses obligations envers la communauté internationale, développe son programme nucléaire et, dans le même temps, tient des propos visant à détruire l’État d’Israël. »
L’attaque israélienne contre l’Iran dans la nuit de jeudi à vendredi a visé des sites nucléaires, des installations militaires, des bases de missiles et des hauts dirigeants iraniens.
Plusieurs vagues de frappes ont été signalées à travers l’Iran durant plusieurs heures, à partir de 3 heures du matin et jusqu’en début de matinée. L’armée de l’air israélienne a indiqué que plus de 200 avions avaient participé aux premières frappes et que des avions de combat avaient largué plus de 330 munitions sur une centaine de cibles.
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