Guterres appelle à une force intérimaire arabo-américaine pour contrôler Gaza après la guerre
Tsahal déclaré avoir encerclé Jabaliya à Gaza au milieu des combats * 2 soldats tués à Gaza, ce qui porte le bilan des opérations terrestres à 68
Un « protectorat de l’ONU » à Gaza après la guerre Israël/Hamas ne serait pas une solution, a estimé lundi le secrétaire général des Nations unies, plaidant pour une « transition » impliquant de multiples acteurs, notamment les Etats-Unis et les pays arabes.
« Il est important de pouvoir transformer cette tragédie en opportunité, et pour que ce soit possible, il est essentiel qu’après la guerre nous allions de façon déterminée et irréversible vers une solution à deux Etats », a déclaré Antonio Guterres à la presse.
Cela passe par « une Autorité palestinienne renforcée, endossant les responsabilités à Gaza », a-t-il estimé. Mais « l’Autorité palestinienne ne pouvant pas se rendre à Gaza avec les chars israéliens », « la communauté internationale doit envisager une période de transition ».
« Je ne pense pas qu’un protectorat de l’ONU à Gaza soit une solution. Je pense que nous avons besoin d’une approche avec des acteurs multiples, dans laquelle différents pays, différentes entités, coopèreront », a-t-il indiqué, évoquant parmi ces acteurs les Etats-Unis, « garants » de la sécurité d’Israël, et les pays arabes de la région, « essentiels » pour les Palestiniens.
« Tout le monde doit se rassembler pour créer les conditions d’une transition, permettant à une Autorité palestinienne renforcée d’assumer les responsabilités à Gaza ».
L’Autorité palestinienne a dirigé Gaza jusqu’en 2007, date à laquelle elle a été renversée par le Hamas. Elle continue de gouverner certaines parties de la Cisjordanie, mais elle est largement considérée comme corrompue et inefficace.
La proposition de Guterres est également en contradiction avec les projets actuels d’Israël concernant l’avenir de Gaza après la guerre.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas encore précisé qui dirigera Gaza une fois le Hamas éliminé, mais il a déclaré que l’Autorité palestinienne n’était « pas apte », sous sa forme actuelle, à gouverner la bande de Gaza, et il a également rejeté les appels à l’intervention d’une force internationale.
Par ailleurs, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré samedi au Forum de Manama sur la sécurité qu' »aucune troupe arabe » ne serait déployée à Gaza après la guerre.
Le secrétaire général de l’ONU a d’autre part une nouvelle fois dénoncé « les violations du droit international humanitaire et les violations de la protection des civils à Gaza », alors qu’Israël mène une campagne aérienne et terrestre visant à éliminer le Hamas à la suite du massacre du 7 octobre.
Chaque année, le secrétaire général publie sa « liste de la honte » sur les droits des enfants lors de conflits, et l’absence d’Israël sur cette liste est critiquée par les organisations de défense des droits de l’Homme.
Sans dire si cette situation pourrait évoluer, Antonio Guterres a comparé le nombre d’enfants tués en quelques semaines à Gaza à d’autres conflits dont les parties ont été inscrites sur sa liste noire.
« J’ai présenté sept rapports, dans ces sept rapports, le nombre le plus important d’enfants tués en une année par un acteur concernait les talibans en 2017-2018, le deuxième était le gouvernement syrien et ses alliés (…), là aussi autour de 700 », a-t-il noté.
« Sans entrer dans les discussions sur l’exactitude des chiffres publiés par les autorités de facto à Gaza (le Hamas, ndlr), ce qui est clair, c’est qu’en quelques semaines, des milliers d’enfants ont été tués », a-t-il insisté, décrivant un nombre « sans précédent » de morts de civils lors d’un conflit depuis son arrivée à la tête de l’ONU en janvier 2017.
Guterres avait déjà suscité l’indignation générale en Israël lorsqu’il avait semblé justifier l’assaut meurtrier du Hamas contre Israël.
La guerre a éclaté après l’attaque du Hamas, le 7 octobre, contre les communautés du sud d’Israël, lorsque 3 000 terroristes ont franchi la frontière et assassiné quelque 1 200 personnes, dont une majorité de civils, au cours d’atrocités brutales, et ont enlevé quelque 240 personnes pour les emmener à Gaza.
En réponse, Israël a juré d’éliminer le groupe terroriste dans le cadre d’une campagne militaire qui, selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, a tué 13 000 personnes à Gaza, dont des milliers d’enfants. Ces chiffres ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et ne font pas la distinction entre les agents terroristes, les non-combattants et les personnes tuées lors de tirs de roquettes ratés.