Israël en guerre - Jour 532

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« Les Palestiniens peuvent se détendre. Le déplacement de l'ambassade ne changera rien. »

Hanegbi : Trump pourrait accélerer le processus une paix israelo-palestinien

Pour Tzahi Hanegbi, les positions pro-israéliennes de Trump pourrait obliger les Palestiniens à se montrer plus réalistes, et à revenir négocier sans 'conditions préalables'

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Tzachi Hanegbi, alors ministre de la Coopération régionale, en décembre 2015. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Tzachi Hanegbi, alors ministre de la Coopération régionale, en décembre 2015. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La nouvelle administration américaine, et ses positions pro-Israël, pourraient rendre les Palestiniens plus enclins à relancer les négociations de paix, a déclaré le ministre de la Coopération régionale Tzachi Hanegbi lundi.

« Le fait que nous ayons de tels changements venant des États-Unis pourrait encourager les Palestiniens à être plus réalistes et pragmatiques, et finalement les ramener à la table des négociations », a-t-il dit.

Mais il a ajouté qu’il est peu probable que la communauté internationale s’aligne avec la position présumée du président entrant en ce qui concerne la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Ou encore sur le fait qu’il ne considérerait pas que les implantations soient un obstacle à la paix.

Le politicien expérimenté a également prévenu qu’il sera difficile d’abroger, voire seulement d’amender l’accord sur le nucléaire iranien, même avec Trump au pouvoir.

Dans une conférence de presse avec des journalistes à Jérusalem, Hanegbi, allié du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a exprimé plusieurs positions qui le mettent en porte-à-faux avec son parti, le Likud. Il s’est ainsi opposé à la loi dite de Régulation (une loi destinée à légaliser les avants-postes construits sur des terres palestiniennes privées, qui rejette unilatéralement l’annexion de Maalé Adumim, une grande implantation au sud de la Ligne Verte).

Au lieu de cela, il à soutenu la solution à 2 États et a appelé au renouvellement des négociations pour la paix avec l’Autorité palestinienne.

« Nous pensons que le moment est venu. Il est désormais évident qu’après la conférence de Paris, rien ne remplacera les négociations directes, seules les parties peuvent trouver le dénominateur commun qui leur permettra d’atteindre un accord », a déclaré Hanegbi, faisant référence à la conférence de paix à Paris.

« Nous continuons à vivre, et à construire notre pays a-t-il ajouté. Nous nous investissons dans ce qui compte vraiment. De leur côté, les Palestiniens continuent à souffrir et à désespérer d’être des éternelles victimes. »

Israël a donc appelé Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne à « tirer profit du changement qui est en train d’opérer dans le monde », a déclaré Hanegbi lors de la réunion, organisée par Israël Project. L’arrivée d’un nouveau président à la Maison Blanche à la fin de la semaine « est une très bonne opportunité pour Israël et pour les Palestiniens. Tous deux pourront mettre de côté les frustrations, les tensions et le désespoir, ou quelles que soient ces émotions, et revenir à la table des négociations. »

Hanegbi ne se risque pas à prédire si Trump sera toujours d’accord avec Netanyahu. Mais il a assuré, qu’à l’inverse du président Barack Obama, Trump partage deux positions capitales avec Israël : l’accord sur le nucléaire iranien et le fait que les implantations ne sont pas un obstacle à la paix au Moyen-Orient.

« C’est un changement puissant. C’est positif pour le monde, et pour l’Amérique ; pas uniquement dans l’intérêt d’Israël », a affirmé le ministre. « Comment cela sera-t-il mis en œuvre durant le mandat de Trump ? Il est difficile de l’anticiper, parce que, d’une certaine manière, l’accord [iranien] est un fait accompli et il est difficile de l’annuler ou de le modifier. »

Le mois dernier, Netanyahu a annoncé qu’il avait l’intention de travailler avec Trump pour amender l’accord sur le nucléaire iranien et a dit qu’il avait « environ 5 choses » en tête. Il n’a pas donné davantage de détails.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Donald Trump, alors candidat républicain à la présidentielle américaine, se rencontrent à la Trump Tower de New York, le 25 septembre 2016. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Donald Trump, alors candidat républicain à la présidentielle américaine, se rencontrent à la Trump Tower de New York, le 25 septembre 2016. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

La question des implantations « est problématique en elle-même », a expliqué Hanegbi. « Le monde ne va pas s’aligner avec l’optique de Trump simplement parce que Trump ne ressent pas la même animosité à l’égard des implantations que les autres dirigeants. »

« Nous pensons désormais que la nouvelle politique américaine facilitera la prise de décision des Palestiniens en ce qui concerne le retour à la reprise des négociations. »

Hanegbi, l’un des rares ministres du Likud qui accepte que Netanyahu soutienne la solution à 2 États, a déclaré que l’administration Obama qui ne tolérait aucune construction, même dans les blocs d’implantations, était problématique parce que les Palestiniens refusent désormais de reprendre les négociations tant qu’il n’y a pas de gel complet des constructions.

Les dirigeants palestiniens, lors de leurs rencontres avec Israël, ont affirmé qu’ils ne seraient pas plus cléments que les Américains au sujet des implantations, et qu’ils ne négocieraient pas tant que la construction avance à ce rythme, a affirmé Hangebi. « Cela a empêché les Palestiniens d’être plus pragmatiques. Nous pensons désormais que la nouvelle politique américaine facilitera la prise de décision des Palestiniens en ce qui concerne le retour à la reprise des négociations. »

Convaincre Abbas qu’il ne perd pas son temps, qu’Israël est réellement intéressé à trouver un accord, c’est, dit-il, la clé qui mènera à la reprise des négociations. Il a ajouté que le temps était un facteur crucial.

« C’est pourquoi nous pensons que c’est le moment de mettre fin à cette stagnation et revenir [à la table des négociations]. Ils pourront voir qu’Israël est disposé à progresser », dit-il. « Ils devraient nous donner une vraie chance de prouver que nous sommes sérieux… Il n’y a rien que nous désirons plus, dans la sphère politique, que de trouver une solution, comme nous l’avons fait avec l’Égypte et la Jordanie. »

Israël a rejeté la conférence de paix « inutile » à Paris qui a eu lieu dimanche. Mais Jérusalem n’est pas opposée à l’implication de parties tierces qui aideraient les Israéliens et les Palestiniens à atteindre la paix. « Nous ne sommes pas contre l’implication internationale, la médiation, l’aide dans le processus décisionnel, et les promesses faites aux parties qui les motiveront à être plus pragmatiques dans la négociation », a poursuivi Hanegbi.

Il a ajouté qu’Israël était heureux de travailler avec les Américains, les Européens, et même avec l’ONU. « C’est ‘OK’ tant que le but [de cette implication internationale] est une sorte de théâtre, mais que la pièce se joue entre les parties. »

C’est pour cela que Netanyahu n’a pas refusé de rencontrer Abbas à Moscou, ni ailleurs, a expliqué le ministre. « C’est ce que nous disons à tous les politiques qui viennent à Jérusalem et nous exhortent de reprendre les négociations : choisissez l’heure, l’endroit, appelez les parties et nous y serons – mais sans conditions. Mais [Abbas] dit qu’il y sera si Israël stoppe les implantations. Et ces prérequis sont inacceptables. »

Si l’administration de Trump décide qu’elle veut jouer un rôle dans la résolution du conflit israélo-palestinien, « nous en serons plus qu’heureux », tant que Washington se cantonne à aider les parties « à se poser dans un cadre propice pour mettre un terme au conflit ».

Hanegbi, qui a obtenu son premier portefeuille ministériel en 1996, durant le premier mandat de Netanyahu, a affirmé qu’il a été le seul ministre du Likud à s’opposer à la loi dite de Régulation, bien qu’il ait voté en faveur du projet de loi.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Tzahi Hanegbi, député du Likud en 2016 (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH 90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Tzahi Hanegbi, député du Likud en 2016 (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH 90)

Le 7 décembre, un projet de loi très contesté, proposé par le mouvement pro-implantations, a été voté en lecture préliminaire, mais n’a pas progressé depuis.

« Pour le moment, rien n’est fait pour faire progresser cette loi », a affirmé Hanegbi. Le projet était, à l’origine, censé résoudre le problème de certains résidents qui, en toute bonne foi, s’étaient implantés sur des terres qui se sont révélées appartenir à des Palestiniens. Le gouvernement est actuellement en train de trouver une solution pour les Israéliens qui craignent l’expulsion, dit-il. Mais la loi sur la Régulation « n’est pas correcte », parce qu’elle donne au monde l’impression qu’Israël n’est pas intéressé par la solution à 2 États.

« C’est en quelque sorte préjudiciable pour nous, et je pense que nous trouverons un moyen de ne pas adopter cette loi ».

Certains de ses collègues soutiennent ce projet de loi, qu’ils considèrent politiquement bénéfique, même si la Cour suprême finit par la déclarer anticonstitutionnelle, « mais je n’y crois pas », dit Hanegbi. « Nous devons faire ce qui est juste. Et ce qui est juste, c’est de faire un effort pour trouver une solution pour les résidents sans faire avancer cette loi. »

La mère d’Hanegbi, l’ancienne députée Geula Cohen était à l’origine de la loi de 1980, avec laquelle Israël a annexé Jérusalem Est. Hanegbi a reconnu qu’ils sont une minorité, au Likud, à s’opposer à l’annexion unilatérale de Maalé Adumim.

Ces dernières semaines, les députés de la coalition et les ministres ont promis de faire avancer la législation sur l’application de la souveraineté israélienne sur Maalé Adumim. La plupart des Israéliens considèrent cette banlieue de Jérusalem comme partie intégrante d’Israël, quel que soit l’accord de paix en jeu.

L'implantation israélienne de Maale Adumim, en Cisjordanie, le 25 février 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
L’implantation israélienne de Maale Adumim, en Cisjordanie, le 25 février 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Cette ville finira par faire partie d’Israël, a assuré Hanegbi, « mais il vaut mieux pour nous qu’elle le devienne dans le cadre d’un [accord] final, plutôt qu’au moyen d’une législation unilatérale. »

« C’est d’autant plus vrai dans le contexte actuel, où nous voulons gagner la confiance de l’administration Trump. Nous ne voulons pas la défier. Nous ne voulons pas la surprendre. Nous voulons voir s’il y a lieu de mettre en forme une politique qui ramènera les Palestiniens à la table des négociations, et qui ne les encouragera pas à rester réticents. »

Une fois que les Israéliens et les Palestiniens auront signé un traité de paix et mis en œuvre une solution à 2 États, « il y aura des tunnels ou des ponts qui permettront à cette zone [Maale Adumim] de faire quasiment partie de Jérusalem » sans faire obstacle à la viabilité territoriale de l’État palestinien, a anticipé Hanegbi. « Nous trouverons une solution. Mais pour le moment, une annexion ne jouera pas en faveur d’Israël. »

En ce qui concerne l’ambassade américaine, Hanegbi affirme être du même avis que ses collègues du Likud et espère que Trump tiendra sa promesse et déplacera l’ambassade à Jérusalem.

L'ambassade américaine à Tel Aviv. (Crédit : Ori~/Wikimedia Commons/File)
L’ambassade américaine à Tel Aviv. (Crédit : Ori~/Wikimedia Commons/File)

En 1948, les États-Unis étaient « peut-être le seul Etat au monde » qui n’a pas choisi d’installer son ambassade à Jérusalem, dit-il. C’était « anormal », mais à cette époque, le jeune État d’Israël n’entretenait pas de liens étroits avec Washington et n’était donc pas en position de réagir.

Hanegbi soutient donc que déplacer l’ambassade à Jérusalem, la ville qui l’a vu naître il y a 60 ans, serait une simple rectification d’une erreur du passé.

En réponse à ceux qui critiquent la promesse de Trump, il prétend qu’une telle mesure ne sera pas préjudiciable au statut de Jérusalem, qui devra être négocié entre Israéliens et Palestiniens. Les deux parties se disputent principalement la Vieille Ville, mais même la nouvelle administration américaine ne reconnaîtra pas la revendication d’Israël à obtenir la Vieille Ville dans son ensemble.

« Les Palestiniens peuvent se détendre », dit-il. « Ça ne changera rien. »

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