La myriade de voix de Hank Azaria se confie
A présent héros d’une série populaire, l’acteur juif américain, qui parle entre autres couramment le ladino, dit se sentir “plus à l’aise avec les personnages juifs”
JTA – L’acteur Hank Azaria, né Henry Albert Azaria, est connu pour son interprétation de toute une gamme de rôles, et surtout pour être la voie de Moe, du chef Wiggum et d’Apu dans les Simpson.
Même s’il est plus connu pour son rôle dans le célèbre dessin animé, Azaria a bien sûr eu une carrière réussie à la télévision et au cinéma, avec des rôles aussi différents que celui du journaliste Michael Kelly dans « Le Mystificateur », le rôle titre de la série « Huff » de Showtime, et même celui du vilain Gargamel dans le film « Les Schtroumpfs ». Il a aussi joué David, le petit-ami scientifique de Phoebe dans ‘Friends’, interprété un rôle dans c de Joseph Cedar, et a apparu dans des dizaines de séries.
Ses amis l’appellent « l’imitateur flippant ». Et Azaria, 52 ans, jouit d’une zone de confort, en quelque sorte.
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« Je me sens clairement plus à l’aise avec les personnages juifs », a-t-il récemment déclaré à JTA pendant un entretien téléphonique.
Il y a eu le producteur Al Freedman dans le film « Quiz Show », récompensé aux Oscars, Mordechai Anielewicz, l’un des leaders de la révolte du ghetto de Varsovie, dans le téléfilm « Uprising », et le compositeur torturé Marc Blitzstein dans « The Cradle Will Rock ».
« Ce sont de vraies personnes, qui ont résisté au pouvoir, et j’ai le sentiment d’avoir une responsabilité en les incarnant aussi honnêtement que possible, explique Azaria. Et oui, il y a une certaine fierté à incarner votre propre culture. Mais je suis un acteur de personnage, qui joue chaque nationalité et chaque condition sociale. »
C’est un talent qui a évidemment été démontré dans les Simpson. Quasiment depuis le début, il y a 28 ans, Azaria a été l’une des voix les plus prolifiques de la série, avec plus d’une dizaine de personnages à son actif. Ce fait remarquable lui a valu quatre nominations aux Emmy, et deux récompenses.
Ses voix des Simpson sont une partie importante de son arsenal. Pendant un discours lors d’une cérémonie en 2016 à l’université Tufts, où il a fait ses études, il a fourni de sages conseils avec les voix de plusieurs de ses personnages, notamment celle du chef Wiggum, (« Si un policier ne fait ne serait-ce que penser que vous allez vomir sur le siège arrière, il vous laissera partir immédiatement »), et du type du magasin de BD (« La vie est comme les films Star Wars. Certains sont géniaux. D’autres sont nazes. Mais vous avez le choix de ne pas les regarder en entier. »)
Depuis l’enfance, il imite les gens et les accents. Azaria a été élevé à New York, dans le quartier du Queens, et ses parents sont des Juifs séfarades originaires de Salonique, en Grèce. Le ladino a toujours été parlé chez lui.
« Je le comprends et le pratique encore, et pendant mon adolescence, j’étais quasiment bilingue », dit-il.
Même si sa famille n’est « absolument pas pratiquante », Azaria a fait sa bar-mitzvah.
Entendre une langue étrangère chez lui a-t-il facilité ses capacités d’imitation ?
« Je ne pense pas, dit-il. C’était l’un des nombreux accents que j’entendais. Ce qui m’a le plus touché, c’est New York, ce melting pot. »
« Je pensais que tout le monde pouvait faire Bugs Bunny »
Hank Azaria
« Mes sœurs ont grandi dans le même environnement, mais n’ont jamais [fait d’imitation]. Soit vous êtes né avec l’oreille et les cordes vocales, soit vous ne l’êtes pas. Je pensais que tout le monde pouvait faire Bugs Bunny. »
Même si Azaria est plus connu pour les voix qu’il interprète, son dernier projet est « Brockmire », une sitcom diffusée sur la chaîne américaine IFC, dans laquelle il joue le rôle titre.
Azaria a créé le personnage pour un clip pour la société de production « Funny or Die » il y a six ans.
« L’une des mes [voix] préférées est celle de l’annonceur du baseball que j’ai entendue pendant mon enfance dans les années 1970, dit-il. Elle n’était pas comme celle de Phil Rizzuto. C’était cette voix générique que l’on associe plus à des pièges ou à comment vendre des couteaux X ou des produits Y. »
« J’ai trouvé cette voix fascinante. Je me demandais si le type parlait comme ça tout le temps, et elle a été la base comique du personnage. »
La vidéo « a eu une réponse si positive auprès de ‘Funny or Die’, que nous avons pensé qu’il fallait y aller », dit-il.
Azaria et l’auteur Joel Church-Cooper ont d’abord essayé de développer un film, mais ont finalement décidé que l’idée « pourrait en fait mieux fonctionner avec une série sur le câble, qui nous donnerait la liberté de jurer et d’être vraiment piquant. »
La série commence par un souvenir. Dix ans auparavant, Jim Brockmire faisait le commentaire pour les Royals de Kansas City. Il était le plus jeune annonceur de la Ligue majeure de baseball, et était admiré par ses pairs.
Il est alors rentré chez lui sans être attendu et a trouvé sa femme dans une situation délicate avec plusieurs voisins. Pour empirer encore les choses, que Brockmire décrit comme un effondrement en direct soûl, obscène et très drôle, le groupe comprend aussi son voisin de palier, Bob Greenwald, et « j’étais à la bar-mitzvah de son fils ».
Incapable de trouver du travail aux Etats-Unis, Brockmire a passé la dernière décennie à parcourir le globe, trouvant des annonces publicitaires où il le pouvait, notamment pour des combats de coq à Manille. Il est ramené aux Etats-Unis par Jules (Amanda Peet), qui possède les Frackers de Morristown, en Pennsylvanie, une équipe en faillite de la Ligue mineure qui porte le nom de la méthode d’extraction d’énergie qui donne à la ville son odeur âcre.
Jules pense que si elle peut sauver son équipe, elle peut sauver la ville. De plus, Brockmire, analphabète de l’informatique, ne sait pas que son effondrement est devenu viral, et que l’expression « rester vrai » est devenue « rester Brockmire ».
Azaria incarne Brockmire comme une seconde peau. Même si le personnage n’est pas forcément juif, il a quelques quolibets juifs. Après un long home run, il note par exemple que « cette balle ne pourra pas être enterrée dans un cimetière juif car elle vient de se faire tatouer. »
« Cette balle ne pourra pas être enterrée dans un cimetière juif car elle vient de se faire tatouer »
Même si la série est souvent vulgaire, elle a une résonance émotionnelle et intellectuelle. L’entreprise de fracturation (fracking en anglais) qui prête de l’argent à Jules pour acheter le club veut qu’elle échoue, pour pouvoir utiliser le stade comme une fosse d’eaux usées. Et quand Jules découvre qu’elle est enceinte, le sujet de l’avortement est abordé. Pour les fans de sport, il y a aussi le plaisir de voir Joe Buck ou les commentateurs d’ESPN.
Brockmire est cependant une série sur les relations : il y a la relation qui se développe entre Brockmire et Charlie (Tyrel Jackson Williams), le jeune stagiaire afro-américain des réseaux sociaux de l’équipe, qui ne connait rien au baseball ou à la vie, ainsi que l’inévitable romance entre Brockmire et Jules, deux personnes qui ont fait des erreurs dans leurs relations, mais pourraient être sur le point de réussir quelque chose.
En plein rire, il est difficile de ne pas s’attacher aux trois personnages, et IFC semble être d’accord.
Quand j’ai parlé avec Azaria, avant la première de la série, il m’a dit que le réseau avait payé pour que l’équipe écrive les scripts d’une deuxième saison. Une semaine après, la chaîne annonçait qu’elle renouvelait la série.
Brockmire est diffusé le mercredi à 22h00 sur la chaîne IFC.
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