Haute cour : l’entrée de Michael Ben-Ari à la Knesset aurait légitimé le racisme
Les juges ont interdit au politicien d'extrême-droite de se présenter aux élections car "l'incitation au racisme est un objectif dominant et central de sa doctrine"
La Haute cour de justice a publié jeudi un résumé de sa décision d’interdire un candidat extrémiste de participer aux prochaines élections nationales. Pour eux, l’autoriser à tenter d’obtenir un siège à la Knesset aurait légitimé le racisme.
Dimanche huit magistrats sur neuf ont statué contre le maintien du candidat Ben Ari, après le dépôt d’une pétition appelant à son interdiction de la course électorale. La cour a estimé que la participation de ce dernier au scrutin devait être invalidée en raison de son idéologie anti-arabe et de ses incitations à la violence après que la commission centrale électorale, majoritairement constituée de responsables politiques et présidée par un magistrat, a approuvé de justesse sa candidature la semaine dernière
Le procureur général Avichai Mandelblit avait vivement recommandé à la cour de le faire interdire. Cette décision avait déclenché la colère de députés de la droite, pour qu’il s’agit d’un affront à la démocratie israélienne.
Les juges ont fait savoir que permettre à Ben Ari de participer aux élections « légitimerait les discours racistes dans l’État d’Israël, » a rapporté le quotidien Haaretz.
Ben Ari a ainsi été disqualifié pour incitation au racisme, l’un des trois faits qui autorise l’interdiction d’un candidat dans la législation israélienne.
Les juges ont noté qu’il existait « une quantité considérable de preuves avérées de remarques sans équivoque, claires et graves depuis des années — mais surtout ces deux dernières — à l’encontre du public arabe en Israël. »
Ils ont également fait remarquer que Ben Ari n’a jamais exprimé de remords pour ses propos.
« Dans ses actes et ses commentaires, l’incitation au racisme est un objectif dominant et central de sa doctrine, » ont-ils également indiqué.
En ce qui concerne son collègue d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, les juges ont estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour prendre une décision similaire.
Le verdict de dimanche marque la première fois dans l’histoire de la cour qu’elle décide d’interdire un candidat, plutôt qu’un parti, d’une élection.
Ben Ari a réagi à la décision en condamnant la « junte judiciaire qui tente de s’accaparer nos vies. »
Lors de l’audience de jeudi, Aner Helman, du ministère public, a fait valoir que l’ancien député de l’Union nationale incitait au racisme depuis des années et que dans ses discours enregistrés tout au long de sa carrière, il ne faisait pas de distinction entre le grand public arabe et les ennemis de l’Etat. Il a dit que pour Ben-Ari, les Arabes « n’ont pas de visage, ils sont tous des traîtres, une cinquième colonne, et une nation de meurtriers ».
Le 6 mars, la commission centrale électorale a rejeté de justesse, par 16 voix contre 15, les recours formulés contre la candidature d’Otzma Yehudit à la Knesset. Le juge Uzi Fogelman a réprouvé Ben-Ari, soulignant un rassemblement qu’il a dirigé en 2018 dans la ville d’Afula, au nord du pays, contre un appel d’offres ouvert à tous ses habitants, y compris les Arabes israéliens. Ben-Ari avait affirmé lors de la manifestation que l’appel d’offres « a été ouvert à l’ennemi comme une forme d’égalité des droits ».
Les juges ont ensuite cité les propos de Ben-Ari à partir de mai 2018 :
« Nous devons appeler les choses par leur nom – ils sont nos ennemis, ils veulent nous anéantir. Bien sûr, il y a des Arabes loyaux, mais ils représentent moins de 1 %. Malheureusement, l’écrasante majorité d’entre eux sont des partenaires à part entière de leurs frères à Gaza ».
Les dirigeants d’Otzma Yehudit se sont eux-mêmes décrits comme de fiers disciples de feu le rabbin Meir Kahane, qui prônait l’expulsion de force des Arabes d’Israël et de Cisjordanie et a proposé une loi interdisant les relations sexuelles inter-ethniques. Le parti Kach de Kahane a été déclaré illégal par les autorités israéliennes.
La cour a par ailleurs donné son feu vert dimanche à la liste Raam-Balad, un parti arabe, ainsi qu’à Ofer Kassif. Ce dernier est le seul candidat juif de la liste du parti arabe israélien Hadash-Taal et avait été initialement disqualifié et écarté des élections par la commission centrale électorale pour des propos controversés, notamment contre la ministre de la Justice Ayelet Shaked, qu’il avait qualifiée de « pourriture néo-nazie »