Hemi Rudner jure de ne plus payer d’impôts pour dénoncer la gestion de la crise
Le chanteur appelle les autres à se joindre au boycott fiscal jusqu'à ce que les fonctionnaires accordent plus de soutien aux travailleurs indépendants
Mercredi, un chanteur israélien a annoncé qu’il cesserait de payer des impôts tant que le gouvernement n’apporterait pas davantage de soutien aux travailleurs indépendants, dont beaucoup ont perdu leurs revenus en raison de la pandémie de coronavirus.
Hemi Rudner a appelé les autres Israéliens à suivre son exemple et à cesser de payer des impôts au gouvernement dans une déclaration vidéo diffusée par la Treizième chaîne.
« Je suis un citoyen normal. Et à part un joint ici et là, je respecte la loi, j’aime mon pays, et bien sûr, je paie des impôts », a-t-il fait savoir. « Environ la moitié de mes revenus sont allés à l’État depuis des décennies déjà. Dieu seul sait combien de réunions j’ai financées ».
« Moi-même, et des millions d’autres citoyens de l’État d’Israël, sommes piégés dans une situation horrible, où en plus des craintes pour notre santé, nous n’avons aucun moyen de gagner notre vie et de subvenir aux besoins de nos familles », a-t-il souligné. « Dans d’autres pays occidentaux, les travailleurs indépendants bénéficient d’un filet de sécurité économique qui fait partie intégrante de leurs droits. En Israël, le gouvernement tyrannique joue avec nous comme si nous étions invisibles, comme s’il n’y avait pas de visages derrière les masques ».
« Je veux dire que tant que nous n’obtiendrons pas nos droits en tant que citoyens, sans la terrible et décourageante bureaucratie, je déclare que je ne paierai pas d’impôts à l’État d’Israël », a assuré le musicien. « J’appelle tous les Israéliens à faire de même. Peut-être qu’alors, à la fin de la journée, quelque chose changera ».
L’industrie de la culture a été particulièrement touchée par le virus et les réglementations gouvernementales destinées à enrayer sa propagation, les événements ayant été fortement restreints depuis le début de l’épidémie. Nombre de ceux qui travaillent dans ce secteur sont des indépendants et ont beaucoup moins accès aux prestations sociales que les salariés.
Alors qu’Israël fait face à une augmentation alarmante du nombre de cas ces dernières semaines, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est confronté à une vague de colère et de critiques concernant la gestion par le gouvernement des retombées économiques de la pandémie, les sondages indiquant une désapprobation croissante de sa gestion de l’économie.
Au plus fort de la pandémie, le chômage atteignait plus de 25 %, avec plus d’un million d’Israéliens sans emploi. Aujourd’hui, plus de 800 000 personnes sont toujours au chômage, et ce chiffre devrait augmenter à la lumière des nouvelles restrictions mises en place pour lutter contre la recrudescence des infections.
La colère s’est largement répandue dans divers secteurs de l’économie qui affirment que le gouvernement ne fait pas assez pour les aider à surmonter la crise, accompagnée d’une indignation concernant la mauvaise orientation présumée de l’aide financière et les complexités bureaucratiques pour obtenir de l’aide.
Au milieu de cette colère croissante, une manifestation de masse a été organisée samedi soir sur la place Rabin de Tel-Aviv pour protester contre le manque d’aide gouvernementale aux travailleurs touchés par les restrictions liées au virus et contre les retards dans l’obtention des fonds promis.
Lundi, le gouvernement a adopté une série de nouvelles restrictions pour limiter la propagation du virus.
Ces restrictions limitent le nombre de personnes autorisées dans les restaurants et les synagogues, réduisent le nombre de passagers autorisés dans les transports publics, augmentent le montant des amendes pour le non port de masque facial et fermé les salles de manifestations, les lieux culturels, les piscines, les gymnases, les bars et les boîtes de nuit.
En pleine crise économique, certains propriétaires d’entreprises se rebellent contre les restrictions gouvernementales, notamment les salles de sport et de musculation qui sont restées ouvertes mercredi malgré les nouvelles restrictions.
Holmes Place, une chaîne de salles de sport, avait initialement été fermée, mais a rouvert avec des locaux réaménagés. Les salles ont été divisées pour pouvoir accueillir 20 personnes maximum. Selon les directives actuelles, jusqu’à 20 personnes sont autorisées à s’entraîner dans un même espace.
Gabi Mordo, vice-président de la chaîne, a commenté « Nous ne voyons pas la différence entre ces deux choses. Nous ne comprenons pas pourquoi on est autorisé à faire de l’exercice dans un studio, mais pas dans un centre de fitness ».
La police israélienne a cependant annoncé qu’elle fermerait les locaux de Holmes Place. « Tous les centres de fitness seront fermés. Un centre de remise en forme ne peut pas prétendre être un studio », a expliqué la police, selon le site d’information Ynet.
La société prévoit de changer officiellement son nom en « Studio Holmes Place » dans l’espoir qu’elle puisse continuer à fonctionner, d’après Ynet.
Le propriétaire d’un café à Jaffa, Yoni, a indiqué à la Treizième chaîne que malgré les restrictions imposées aux restaurants et au nombre de clients autorisés à l’intérieur des établissements, rien n’avait vraiment changé dans son café.
« Je n’ai reçu aucune instruction explicite sur la façon dont je suis censé travailler », a-t-il rapporté. « Donc, pour l’instant, je continue comme d’habitude. »
« Pourquoi restreindre mon activité d’une manière qui ne me permet pas de la maintenir ? C’est un coup mortel pour mon entreprise et pour beaucoup d’autres entreprises ici. Nous sommes déjà vraiment désespérés. Nous n’avons nulle part où nous tourner. Nous voulons juste travailler », a-t-il souligné.
Ajoutant aux malheurs économiques du pays, le gouvernement a retardé mercredi le lancement d’un programme d’aide très vanté pour les travailleurs et les entreprises israéliennes touchés par le durcissement des restrictions, au milieu de désaccords signalés sur la méthode de distribution des fonds à ceux qui en ont besoin.
Dans le cadre d’une série de mesures approuvées par le gouvernement lundi pour mettre un terme à l’augmentation constante des nouvelles infections, le ministère des Finances a eu 48 heures pour rédiger un plan de compensation pour les personnes lésées par les dernières réglementations.
Mais malgré les promesses du ministre des Finances Israel Katz et de Netanyahu que l’aide financière serait disponible dès que possible, les discussions sur le contenu final du paquet économique se sont poursuivies tard mercredi soir, sans qu’aucune annonce ne soit faite.
Selon un reportage de la Douzième chaîne, les fonctionnaires du ministère des Finances ont expliqué au chef du gouvernement que malgré ses promesses, des difficultés techniques et législatives font que les fonds ne seront pas disponibles pour les travailleurs avant le mois d’août au plus tôt.
Les dernières semaines ont vu le renversement de beaucoup de progrès réalisés dans la lutte contre le coronavirus au cours des derniers mois. Les nouveaux cas quotidiens, qui étaient tombés à deux chiffres pendant la majeure partie du mois de mai, sont montés en flèche pour atteindre plus d’un millier par jour, et le nombre de cas actifs a atteint un niveau record.
Au début de l’épidémie, le pays avait été placé en confinement pendant environ deux mois, mais il a levé la plupart de ses restrictions en mai pour rouvrir l’économie.
L’augmentation actuelle des infections hebdomadaires en Israël est l’une des plus élevées au monde, selon un graphique publié lundi après-midi par le ministère de la Santé.
Mardi, il y a eu 1 348 nouvelles infections, selon le ministère, le plus grand total en une journée depuis le début de l’épidémie.
Le ministère de la Santé a fait état mercredi soir de 1 014 nouvelles infections en Israël depuis mardi minuit, ce qui porte le nombre total de cas depuis le début de la pandémie à 33 557. Le ministère a fait état de deux autres décès, ce qui porte le total à 344.