Israël en guerre - Jour 534

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Il y a dix ans, Merah semait la terreur, militaires et enfants juifs dans le viseur

Il faudra plusieurs jours pour établir un lien entre ces attaques et leur auteur, un jeune islamiste radicalisé en prison, passé sous les radars de l'antiterrorisme

Des policiers devant l'école Ozar Hatorah, à Toulouse, le 19 mars 2012. (Crédit : AFP/Archives Remy Gabalda)
Des policiers devant l'école Ozar Hatorah, à Toulouse, le 19 mars 2012. (Crédit : AFP/Archives Remy Gabalda)

En mars 2012, une série d’attaques génère l’effroi à Toulouse et Montauban : un militaire tué le 11, deux le 15, trois enfants et un professeur d’une école juive le 19. Leur auteur : Mohamed Merah, un délinquant qui a basculé dans le fondamentalisme.

Attentat d’Al-Qaïda ? Groupe d’extrême droite ? Tueur solitaire ? Il faudra plusieurs jours pour établir un lien entre ces attaques et leur auteur, un jeune islamiste radicalisé en prison, passé sous les radars de l’antiterrorisme.

Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d’accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie.

Le 11 mars, un militaire du 1er Régiment du train parachutiste, Imad Ziaten, 30 ans, est le premier à tomber. Il a posté une annonce sur le Bon coin pour vendre une moto. Rendez-vous pris sur un parking de Toulouse, Merah lui loge une balle dans la tête, repart sur un puissant scooter.

Le 15, trois militaires retirent de l’argent devant la caserne du 17e Régiment du génie parachutiste à Montauban. Merah gare son scooter, s’approche, ouvre le feu. Mohamed Legouad, 23 ans, et Abel Chennouf, 26 ans, sont tués. Loïc Lieber, un Guadeloupéen de 28 ans, restera tétraplégique.

Les portraits des sept victimes – Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Gabriel Sandler, Aryeh Sandler, Myriam Monsonégo et Jonathan Sandler – de Mohamed Merah pendant une cérémonie de commémoration organisée par le CRIF à Toulouse, le 19 mars 2014. (Crédit : Rémy Gabalda/AFP)

Identifier le tueur

Sur les plateaux de télévision, experts, journalistes, policiers se succèdent, échafaudent des hypothèses, tentent de tirer des conclusions.

« Qui en veut à ces parachutistes ? À ce moment-là, comme les soldats tués sont d’origine maghrébine, on se demande s’il s’agit de crimes racistes. À ce stade, on n’a pas d’élément menant à l’hypothèse islamiste », dit à l’AFP l’historien Jack Thomas.

Le 19 mars, vers 08h00, l’affaire prend une autre tournure.

À bout portant, Merah assassine deux enfants Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, qui tentent de lui échapper dans la cour de récréation de l’école Ozar Hatorah. Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler succombent aux balles du tueur casqué.

Jonathan Sandler, shot to death Monday in Toulouse, France, pictured with his two slain sons and with his wife (who was not hurt in the attack). (photo credit: via Facebook)
Jonathan Sandler, avec ses deux fils assassinés à Toulouse en mars 2012, et son épouse, qui n’a pas été blessée physiquement dans l’attaque. (Crédit : Facebook)

Plusieurs centaines d’enquêteurs sont mobilisés pour l’identifier. Parmi les ordinateurs ayant cliqué sur la petite annonce d’Imad Ziaten, ils remontent jusqu’à celui de la mère de Mohamed Merah.

À ce moment-là, les soupçons se portent sur Abdelkader Merah, le frère aîné qui vit à Auterive près de Toulouse. Surnommé « Ben Laden » dans le quartier des Izards où ils ont grandi, il est connu à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour son appartenance à la mouvance salafiste.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, les policiers lancent deux opérations quasi simultanées. Abdelkader est interpellé. Mais le RAID se heurte à une résistance inattendue chez Mohamed. Retranché dans son appartement d’un quartier résidentiel de l’est de la ville, il ouvre le feu à travers la porte, les contraint à se replier.

Marek Halter (d), Jacob Monsonégo, Hassen Chalgoumi (2nd g) devant l’école Ohr Torah, où Mohamed Merah a assassiné le rabbin Jonathan Sandler et deux de ses enfants, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans ainsi qu’une autre petite fille de 8 ans, Myriam Monsonégo en mars 2012, le 12 juillet 2017 à Toulouse. (Crédit : AFP / Eric CABANIS)

Un siège de 30 heures

Des négociateurs de la police parlementent avec le jeune délinquant, qui revendique les trois attentats au nom d’Al-Qaïda. Le siège durera trente heures, jusqu’à l’assaut au cours duquel il est abattu.

Présenté comme son « mentor », Abdelkader sera condamné à trente ans de prison pour « complicité d’assassinats », la justice estimant qu’il a « sciemment apporté aide ou assistance dans la préparation des crimes commis par Mohammed Merah ».

Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué, regrette que le jihadiste n’ait pas été capturé vivant et jugé. Elle avait été choquée d’entendre, un mois après les attentats, des jeunes des Izards lui dire : « Mohamed Merah, c’est un martyr, un héros de l’islam. »

La mère de la première victime du terroriste français Mohamed Merah, dont la fusillade dans et près de la ville de Toulouse a fait sept morts en mars 2012, Latifa Ibn Ziaten (g), défile le 17 mars 2013 près du grand-père et père, Samuel Sandler (d), qui a perdu trois membres de sa famille, dont un enfant et deux petits-enfants à l’école juive Ozar Hatorah, lors d’un rassemblement dans la ville de Toulouse, en souvenir de ceux tués par le tireur d’Al-Qaïda. (Crédit : AFP / ERIC CABANIS)

Depuis, elle a fondé l’association Imad pour la jeunesse et la paix, portant un message de lutte contre le fanatisme. Elle se dit « inquiète » car « la jeunesse est fracturée, souffre énormément. Je rencontre beaucoup de jeunes qui n’ont plus d’espoir. Il y a toujours de la haine, on n’est pas à l’abri ».

De son côté, Jonathan Chetrit, ancien élève d’Ozar Hatorah qui enseigne jusqu’au secondaire, reprend dans son livre Toulouse, 19 mars 2012 les témoignages poignants d’autres survivants au procès d’Abdelkader Merah. Il regrette « un traitement médiatique focalisé sur la personnalité et la famille du tueur » plutôt que sur ses victimes au moment des faits.

Le 20 mars, une cérémonie commémorative est prévue à Toulouse en présence de proches des victimes, de politiques et de responsables religieux.

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