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Ilan Halimi, 10 ans après la douleur reste toujours vive

Le 14 février prochain est organisé un rassemblement au 229 boulevard Voltaire en mémoire de la victime du 'gang des barbares'

Ilan Halimi, enlevé et assassiné en 2006. (Crédit : autorisation de Stephanie Yin/JTA)
Ilan Halimi, enlevé et assassiné en 2006. (Crédit : autorisation de Stephanie Yin/JTA)

Ilan Halimi, vendeur de confession juive dans une boutique de téléphonie boulevard Voltaire dans le XIe arrondissement de Paris a été enlevé le 20 janvier 2006 attiré par une jeune femme, Emma Yalda, qui avait servi d’appât.

24 jours d’horreur commencent pour le jeune homme âgé de 23 ans. Il est séquestré dans un HLM de Bagneux par le « gang des barbares » ou il est torturé, brulé, frappé, tondu.

Pour ses bourreaux, Ilan est juif et les juifs ont de l’argent. C’est en se fondant sur ce cliché antisémite que le « gang des barbares » demande une rançon de 450 000 euros à la famille en échange de leur fils.

La famille n’a pas cet argent. Un enregistrement audio et des photographies sont alors envoyés à la famille témoignant de la détresse du jeune homme ensanglanté et en larmes.

La rançon n’arrivant pas, le dirigeant du « gang des barbares », Youssouf Fofana, décide d’appeler le 29 janvier le rabbin Shélomo Zini pour lui demander cette même somme.

Le 13 février 2006, Ilan Halimi est retrouvé agonisant dans l’Essonne le long des rails du RER C. Il meurt sur la route l’emmenant à l’hôpital.

Le commanditaire de la séquestration d’Ilan Halimi fuit la France. C’est dix jours plus tard qu’il est retrouvé en Côte d’Ivoire.

Extradé le 4 mars vers la France, il est condamné le 11 juillet 2009 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.

Lors de son procès, l’homme ne montre aucun regret et multiplie au contraire les provocations. Au moment de décliner son identité, il déclare être « un arabe, africain, islamiste, salafiste » et être né le jour de la mort d’Ilan Halimi, rapporte le site BFM.

Youssouf Fofana est aujourd’hui incarcéré au centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe dans l’Orne, rapporte 20 minutes. Cet établissement est considéré comme l’un des plus sécurisés de France.

En 2014, le bourreau d’Ilan Halimi a été condamné à quatre années supplémentaires de prison puis à trois autres pour avoir perpétré des agressions sur des surveillants de la prison d’Alençon.

Selon une source pénitentiaire, Youssouf Fofana est gardé en isolement, témoignant d’une grande dangerosité. Il occuperait son temps entre lecture, jeux vidéos, et religion. « Une chose n’a pas changé : il se voue un culte de la personnalité extrême, » a tenu a précisé la source pénitentiaire.

Au-delà de la culpabilité de Youssouf Fofana, tout un réseau de personnes ayant participé à l’enlèvement et à la séquestration d’Ilan Halimi est démantelé.

Plus d’une vingtaine d’individus sont identifiés comme ayant été impliqués dans les faits et sont condamnés par la cour d’assises des mineurs de Paris avec des peines allant de six mois de prison avec sursis à 18 ans de réclusion.

La femme ayant servi d’appât est condamnée à 9 ans de prison. Elle est aujourd’hui en liberté conditionnelle.

Les faits, d’une rare violence, ont jeté l’effroi sur la communauté juive française qui s’était alors sentie encore plus isolée que d’habitude.

Dans son discours de commémoration des attentats de l’Hyper Cacher Manuel Valls a tenu à rappeler tous les actes terroristes perpétrés, en France, depuis une dizaine d’années à l’encontre de la communauté juive.

Pour le Premier ministre, Ilan Halimi est le point de départ d’une triste série d’attaques meurtrières à laquelle se sont ajoutées l’attaque de l’école juive de Toulouse, des agressions à Créteil et les attaques à l’Hyper cacher de Vincennes.

Un homme (g), qui est à la recherche de sa fille, qui avait été au Bataclan dans la nuit des attaques de Paris le 13 novembre, parle avec le Premier ministre français Manuel Valls (3e D), le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian (2e D), le président de la SNCF Guillaume Pepy (C) et le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve (2e g) à la gare du Nord à Paris, le 15 Novembre 2015. (Crédit : AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG)
Un homme (g), qui est à la recherche de sa fille, qui avait été au Bataclan dans la nuit des attaques de Paris le 13 novembre, parle avec le Premier ministre français Manuel Valls (3e D), le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian (2e D), le président de la SNCF Guillaume Pepy (C) et le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve (2e g) à la gare du Nord à Paris, le 15 Novembre 2015. (Crédit : AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG)

Selon le Premier ministre, tous ces faits n’ont pas assez suffisamment mobilisé l’indignation et la nation. « Quand la France ne comprend pas les juifs de France, elle ne se comprend pas elle-même » avait-il déclaré.

Depuis l’antisémitisme en France reste toujours prégnant. Bien que le fléau ait reculé de 5 %, un rapport officiel publié mercredi indique que les actes racistes ont connu une forte hausse en France après les attentats de janvier et novembre 2015.

Les actes antisémites, qui avaient connu un pic en 2014 en répercussion du conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, ont légèrement baissé (- 5,3 %) mais restent à un niveau élevé (207 actes, 599 menaces), peut-on lire dans le rapport de la Dilcra.

« Pour la totalité de l’année 2015, nous constatons une diminution de 5 % des actes antisémites, qui restent cependant à un niveau élevé, avec 806 actes constatés », a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Les actes antimusulmans « ont triplé » et s’établissent à « environ 400 pour l’année 2015 », a déclaré le ministre.

« La publication des premières statistiques annoncées par le ministre Bernard Cazeneuve, révèle une forme de fragmentation de cette société contemporaine, visiblement incapable d’endiguer ce phénomène de haine, malgré toutes les mesures sécuritaires engagées par tous les gouvernements successifs, » déclare Sammy Ghozlan, responsable du Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme (BNVCA) au Times of Israël.

« Les actes anti-juifs restent les plus graves et les plus nombreux proportionnellement au nombre de citoyens de confession juive. Les juifs de France ne représentent que seulement 1%, de la communauté nationale, » ajoute Sammy Ghozland, qui a condamné fermement tous « les actes racistes, antisémites, anti-chrétiens et islamophobes. »

« Le rapt et l’assassinat du jeune juif Ilan Halimi, torturé, par une bande d’antijuifs continuent de hanter la mémoire des juifs de France. La cicatrice de ce crime ne se referme pas et ne se refermera pas, » a précisé le président du BNVCA soulignant les incongruités de l’enquête. « Le BNVCA regrette que l’enquête de police ait été plutôt mal conduite avant la découverte du corps meurtri d’Ilan jeté sur la chaussée. »

Ilan Halimi, d’abord enterré à Pantin, a été inhumé à Jérusalem en février 2007. Sur sa stèle est écrit « Ilan Jacques Elie Halimi torturé et assassiné en France parce qu’il était juif à Tou Bishvat 5766 à l’âge de 23 ans ».

La mère du jeune Ilan explique cette décision dans une interview accordée à Elle. « Je me suis dit qu’il fallait l’éloigner d’une terre qui l’avait torturé. Là-bas, au moins, il peut se reposer. »

La mère d’Ilan avait certainement raison de s’inquiéter.

En mai dernier, une stèle en mémoire d’Ilan Halimi a été retrouvée vandalisée dans un parc de Bagneux, la ville ou le jeune homme avait été séquestré. « Quelles que soient les causes de cette dégradation, (…) elle constitue un choc pour la famille et les proches d’Ilan Halimi », avait alors souligné dans un communiqué le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Cette stèle a été remplacée lors d’une cérémonie quelques jours plus tard.

La famille d’Ilan Halimi, qui vit toujours en France, est toujours restée discrète depuis l’assassinat de leur fils. Ruth Halimi, la mère d’Ilan, a co-écrit un livre avec Emilie Frèche en 2009, intitulé « 24 jours : la vérité sur la mort d’Ilan Halimi » (aux Editions Seuil).

Dans l’interview réalisée par Elle, Ruth Halimi avait expliqué son choix d’écrire un livre. « J’ai voulu témoigner par écrit de ce qui s’est passé afin de laisser une trace durable de cette histoire. Et aussi pour alerter l’opinion du danger d’un antisémitisme revenu sous d’autres formes. Pour que jamais une histoire de ce genre ne puisse se reproduire. »

Dans cette interview, elle revient sur l’enquête de la police judiciaire et souligne qu’aucun des bourreaux de son fils n’a jamais montré de remords. Selon elle, une quarantaine de personnes en tout était au courant de l’enlèvement de son fils et aucune n’a prévenu la police. « Les policiers étaient totalement à côté de la plaque, ils n’avaient pas l’habitude des enlèvements avec demande de rançon. »

Alexandre Arcady arrivant à la cérémonie en hommage à Roger Hanin le 12 février 2015 (Crédit : AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN )
Alexandre Arcady arrivant à la cérémonie en hommage à Roger Hanin le 12 février 2015 (Crédit : AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN )

Alexandre Arcady a réalisé avec difficultés un film intitulé, « 24 jours », fondé sur les mémoires écrites par Ruth Halimi, la mère de la victime.

En effet, France Télévisions avait à l’époque refusé de soutenir son projet, même si ses lignes directrices de financement appuient le financement de films comme « 24 Jours ».

« Ils m’ont dit que ce serait tout simplement jeter de l’huile sur le feu si ce film était réalisé », avait confié Arcady au Times of Israel, lors d’un entretien téléphonique, à la veille de la diffusion du film aux États-Unis.

Sans se décourager, Arcady a réussi à rassembler les fonds nécessaires pour produire le film. Il avait déclaré avoir été frappé par une phrase prononcée par Ruth Halimi. « Je veux que la mort de mon fils sonne l’alarme », dit-elle.

L’actrice Zabou Breitman, qui joue Ruth Halimi, la murmure à la fin du film.

A la lumière des événements qui ont frappé la France depuis la mort d’Ilan Halimi, les inquiétudes de sa mère étaient justifiées.

Le 14 février prochain aura lieu un rassemblement au 229 boulevard Voltaire en mémoire d’Ilan Halimi. Ce rassemblement est organisé avec la participation de la Mairie du XIe arrondissement, du Consistoire, du grand rabbinat de France, du CRIF et de nombreuses associations et organisations juives.

L’AFP a contribué à cet article.

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