Israël « condamne fermement » l’annulation par l’Espagne d’un contrat d’armement
L'Espagne "ne peut acheter des armes à un gouvernement qui massacre le peuple palestinien", a estimé la ministre du Travail espagnole

Israël « condamne fermement » l’annulation par l’Espagne d’un contrat d’armement avec une entreprise israélienne, a déclaré jeudi un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, à l’AFP.
« Israël condamne fermement la décision du gouvernement espagnol de rompre unilatéralement un contrat signé avec l’entreprise de défense IMI Systems, ainsi que son annonce selon laquelle il s’abstiendra à l’avenir de conclure des accords de défense avec des entreprises israéliennes », a dit le porte-parole.
Cette décision – une capitulation face aux pressions du parti de gauche radicale allié des socialistes au sein de la coalition minoritaire au pouvoir – d’annuler de manière unilatérale ce contrat de 6,8 millions d’euros avec l’entreprise israélienne IMI Systems Ltd, qui portait sur la fourniture de munitions à la Guardia Civil (équivalent de la Gendarmerie), a été saluée par la ministre du Travail et numéro trois du gouvernement, Yolanda Díaz, figure de proue de Sumar, la formation de gauche radicale partenaire du Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez.
L’Espagne « ne peut acheter des armes à un gouvernement qui massacre le peuple palestinien », a déclaré à la presse Mme Díaz, soulignant qu’elle avait personnellement « négocié » avec le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre pour obtenir son annulation.
Il était d’autant plus important pour Sumar d’obtenir gain de cause dans cette polémique que cette formation avait déjà subi un revers mardi, lorsque le conseil des ministres avait adopté un plan de près de 10,5 milliards d’euros pour que les dépenses de défense de l’Espagne atteignent dès cette année le seuil symbolique de 2% du PIB, comme le réclame avec insistance l’Otan.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu : Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.