Israël : Les femmes ne représentent toujours qu’un tiers des employés high-tech
Le nouveau rapport de Power in Diversity montre aussi que les taux de participation des Arabes et des ultra-orthodoxes dans le secteur de la high-tech restent faibles
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Les femmes continuent d’être sous-représentées dans le secteur israélien de la high-tech, représentant environ 34 % de la main-d’œuvre, selon un rapport de 2022 publié dimanche.
Le rapport sur la diversité de l’écosystème israélien des start-ups, réalisé pour la deuxième année consécutive par Power in Diversity, une initiative mise en place par Alan Feld, un fondateur canado-israélien et associé directeur de Vintage Investment Partners, a montré que malgré une légère augmentation annuelle de 0,4 % de la représentation des femmes en 2022, la présence masculine domine toujours le secteur de la high-tech .
Les femmes occupent 24 % des emplois à des postes de direction, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2021, selon le rapport, qui se fonde sur une analyse des données recueillies auprès de 650 entreprises israéliennes actives financées par des fonds de capital-risque qui emploient au moins 50 personnes dans le pays.
Le pourcentage de femmes occupant des postes technologiques s’élève à 27,8 %.
« Malgré une forte demande de talents et des efforts de recrutement importants au cours du premier semestre 2022, nous n’avons pas constaté de changements significatifs », indique le rapport.
Environ 72 fonds de capital-risque et plus de 200 start-ups font partie de l’initiative Power in Diversity, qui a été créée pour intégrer dans l’écosystème technologique des communautés mises à l’écart telles que les Arabes, les ultra-orthodoxes – ou haredim – et les Éthiopiens, entre autres. L’initiative s’efforce depuis des années d’aider les entreprises de la high-tech et les fonds de capital-risque à recruter des employés issus de diverses communautés et à surmonter les préjugés intrinsèques dont les employeurs ne sont peut-être même pas conscients.
Parmi les fonds inclus dans l’initiative figurent Viola, Pitango, Qumra, Glilot, Vintage Investment Partners, Elah Fund, Maor investments et Hetz Ventures.
« Dans ce climat politique très difficile, où les réalisations sociales et financières du pays sont menacées, le secteur de la haute technologie, qui est le propulseur de l’économie, doit s’efforcer à fond d’accueillir les femmes dans l’industrie », a déclaré Sivan Shamri Dahan, associée principale chez Qumra capital et membre du comité de direction de Power in Diversity. « Les changements se produisent avec le temps et nous mettons en œuvre un plan étape par étape dans le but d’atteindre une égalité totale entre les genres dans l’emploi. »
« Nous devrions faire des femmes ultra-orthodoxes et arabes, qui représentent encore une petite partie de notre industrie, notre prochain objectif », a-t-elle ajouté.
Moteur de croissance de l’économie israélienne, le secteur de la high-tech représente environ 25 % du total des recettes fiscales et constitue environ 10 % de la main-d’œuvre. Dans le même temps, le pays souffre d’une grave pénurie de professionnels qualifiés dans ce secteur. Selon le dernier rapport Human Capital in Tech 2021-2022 du Start-Up Nation Policy Institute et de l’Autorité de l’Innovation israélienne (IIA), environ 32 900 postes sont à pourvoir, dont 21 000 dans le secteur de la high-tech.
« 2023 ne sera pas une année facile pour les start-ups », a déclaré Kobi Samboursky, co-président de Power in Diversity et co-fondateur de Glilot Capital Partners. « Après des années de croissance du marché, nous assistons à des licenciements inter-sectoriels et à des conditions d’incertitude. »
« C’est particulièrement dans des périodes comme celle-ci que nous devrions nous pencher sur les populations sous-représentées, car elles sont susceptibles de subir davantage de dommages », a ajouté Samboursky.
Les populations à faibles revenus, notamment les ultra-orthodoxes, les Arabes israéliens et les femmes, ont été largement laissées en marge de l’essor du secteur de la haute technologie, ce qui a entraîné d’importants écarts de revenus. Les Arabes et les haredim, qui comptent parmi les plus pauvres d’Israël aujourd’hui, devraient constituer la moitié de la population d’ici 2065, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le taux de participation de la population arabe au marché de l’emploi dans le secteur de la high-tech reste faible, selon le rapport. Les Arabes israéliens, qui représentent 20 % de la population d’Israël, ne comptent que pour 0,2 % des emplois occupés dans l’industrie des start-ups. Environ 2 à 3 % des emplois dans l’industrie traditionnelle de la haute technologie sont occupés par des Arabes israéliens, tandis que 16 % des Arabes israéliens sont diplômés dans les domaines STEM – science, technologie, ingénierie et mathématiques.
« Il y a une énorme quantité de travail et de révision stratégique à effectuer dans l’industrie en raison de l’écart entre les chiffres », selon le rapport.
Parmi la population juive, on estime que seulement 0,4 % des employés des start-ups sont des haredim, dont la majorité sont des femmes, indique le rapport. La population ultra-orthodoxe représente 13,5 % de la société israélienne et occupe 3 % des emplois dans les entreprises traditionnelles de la high-tech, selon le rapport.
« Surtout ces jours-ci, le discours sur l’inclusion, l’égalité et l’acceptation devrait servir de jalon dans la conduite de chacun d’entre nous, en particulier des entreprises du secteur de la haute technologie, qui est une source d’innovation et de progrès », a déclaré le PDG de Power in Diversity, Shahar Silis. « Les entreprises qui mettent l’accent sur une culture organisationnelle saine sont des entreprises plus stables qui peuvent faire face plus efficacement à l’incertitude. »
« Dans le climat actuel, c’est un avantage significatif », a remarqué Silis.
Le rapport a également sélectionné les cinq premières entreprises diversifiées cotées en bourse du secteur israélien de la high-tech. La société israélienne de cyber-sécurité Riskified est en tête de liste, suivie de Payoneer, un développeur de technologies de traitement des salaires, de la société de découverte de contenu web Outbrain, de la société de services en ligne Fiverr et de monday.com, un développeur de plate-forme de collaboration et de gestion du lieu de travail.