Israël libère 2 prisonniers, dont un espion syrien, en signe de « bonne volonté »
Ce geste laisse entendre qu'il pourrait être lié à la libération de Naama Issachar ; Jérusalem insiste que c'est en échange du rapatriement de la dépouille de Zachary Baumel
Les autorités israéliennes ont annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi la libération anticipée de deux prisonniers, dont l’un condamné pour espionnage au profit de la Syrie voisine, dans le cadre d’un échange complexe facilité par la Russie.
Sidqi al-Maqt, un habitant druze de la localité de Majdal Shams, dans la région du plateau du Golan, avait été arrêté en 2015 et condamné en 2017 à 11 ans de prison pour espionnage, trahison, contact avec un agent étranger et transfert d’informations au profit de la Syrie de Bachar al-Assad.
L’homme, aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années, avait déjà été incarcéré pendant de nombreuses années en Israël pour espionnage au profit d’une puissance étrangère. « Le prisonnier sécuritaire Sidqi Al-Maqt sera libéré demain, le 10 janvier, avant la fin prévue de son incarcération », ont indiqué les autorités carcérales israéliennes dans un communiqué diffusé peu avant minuit, heure locale.
À sa libération, Al-Maqt a remercié le président syrien Bashar el-Assad et le président russe Vladimir Poutine pour le travail qu’ils ont accompli pour obtenir sa libération.
« La résolution syrienne a vaincu la résolution de l’occupation et de l’ennemi », a-t-il déclaré, selon le radiodiffuseur public Kan.
Les autorités ont aussi annoncé dans la nuit la libération anticipée d’Amal Abou Salah, un autre habitant du plateau du Golan , qui devait être écroué jusqu’en 2023 pour le meurtre d’un Syrien ayant traversé la frontière israélienne. Il avait été impliqué dans une attaque contre une ambulance qui transportait un rebelle syrien blessé qui entrait en Israël pour être soigné.
Abu Salah a été libéré à minuit, selon les médias israéliens.
L’annonce de cette libération a soulevé des spéculations en Israël, qui pourraient être liées à une visite prochaine de Poutine plus tard ce mois-ci et aux efforts pour obtenir la libération de Naama Issachar, qui purge une peine de 7,5 ans à Moscou après que de la marijuana ait été trouvée dans son sac lors d’une escale dans cette ville.
Ces libérations sont un « geste de bonne volonté » après le rapatriement en Israël l’an dernier des restes de Zachary Baumel, un soldat israélien porté disparu depuis 1982 et la guerre du Liban, ont précisé les services du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Zachary Baumel avait été porté disparu après la bataille de Sultan Yacoub, qui avait mis aux prises les armées israélienne et syrienne dans la plaine libanaise de la Bekaa. Il faisait partie de la mémoire collective d’Israël, pays où le retour des prisonniers ou des soldats morts au combat est considéré comme un impératif moral.
La dépouille de Baumel a été rapatriée en Israël via la Russie l’an dernier.
En avril, Israël a relâché deux autres prisonniers syriens en Syrie, en « signe de bonne volonté » envers Damas, après la restitution de la dépouille de Baumel.
Les deux hommes ont été identifiés par Israël comme étant un trafiquant de drogue et un agent du Fatah emprisonné il y a 14 ans pour une tentative d’attaque contre des soldats des l’armée israélienne.
Selon la presse israélienne, la libération de Sidqi al-Maqt et d’Amal Abou Salah a été retardée car les deux hommes ont préféré retourner dans la ville de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, plutôt qu’en Syrie.
Israël a exigé qu’ils traversent la frontière et qu’ils ne soient autorisés à demander à revenir qu’après cinq ans.
Quelque 23 000 Druzes vivent encore sur la partie du plateau du Golan conquise à la Syrie par Israël en 1967, et plus tard annexée. Une partie de la population druze du Golan se considère toujours syrienne et est restée alliée du régime d’Assad pendant la guerre civile.