Israël salue le « courageux » retrait des USA du Conseil des Droits de l’Homme
Netanyahu a félicité ce départ de "l'organisation partiale, hostile, anti-Israël" ; "Mais Donald Trump n'est intéressé que par la défense d'Israël," reproche le patron de HRw

Israël a salué mardi la décision des États-Unis de se retirer du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU (UNHCR), qualifiant cette démarche de « courageuse », « face à l’hypocrisie et aux mensonges » de l’instance internationale, qui selon l’ambassadrice américaine Nikki Haley, fait preuve de partialité à l’encontre de l’Etat hébreu.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué cette démarche, décrivant l’instance comme « une organisation anti-Israël hostile, qui a trahi sa mission de protecteur des droits de l’homme ».
« Pendant des années, l’UNHRC s’est révélé être une organisation partiale, hostile, anti-Israël, et a trahi sa mission de protecteur des droits de l’homme. Au lieu de s’occuper des régimes qui violent systématiquement les droits de l’homme, l’UNHRC se focalise démesurément sur Israël, la seule démocratie authentique du Moyen Orient », peut-on lire dans un communiqué du bureau du Premier ministre.
« La décision américaine de quitter cette instance [emplie] de préjugés est une affirmation sans équivoque que trop, c’est trop. »
Le bureau du Premier ministre a ajouté qu’Israël « remercie le président Trump, le secrétaire Pompeo et l’ambassadrice Haley pour leur courage et leur décision contre l’hypocrise et les mensonges du prétendu Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ».
Cette déclaration est survenue après qu’Haley a annoncé que les États-Unis quitteront l’UNHRC, condamnant « l’hypocrisie » de ses membres et sa « partialité incessante » à l’encontre d’Israël.
« Nous prenons cette mesure parce que notre engagement ne nous permet pas de continuer à faire partie d’une organisation hypocrite et servant ses propres intérêts, qui fait des droits de l’homme un sujet de moquerie », a lancé devant la presse à Washington l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley, aux côtés du secrétaire d’Etat Mike Pompeo.
« Pendant trop longtemps, le Conseil des droits de l’homme a protégé les auteurs de violations des droits de l’homme et a été un cloaque de partis pris politiques », a-t-elle ajouté.
Mme Haley et M. Pompeo ont insisté sur le fait que les Etats-Unis resteraient un héraut des droits de l’homme dans le monde mais, pour beaucoup, cette décision reflète la défiance du gouvernement américain envers les organismes multilatéraux.
Un responsable américain a fait savoir que ce retrait était « immédiat », mais cela n’a pas été confirmé.

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU Danny Danon s’est réjoui de ce retrait et a remercié les Etats-Unis pour leur refus « de la haine aveugle à l’égard d’Israël dans les institutions internationales ».
« Le Conseil des Droits de l’Homme est depuis l’ennemi de ceux qui se préoccupent réellement des droits de l’homme dans le monde », a déclaré Danon, immédiatement après l’annonce de Haley.
« Nous remercions le président Donald Trump, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo et l’ambassadrice Nikki Haley pour leur leadership, et appelons la majorité morale aux Nations unies à demander des comptes à ses instances. »
Nikki Haley et Mike Pompeo ont assuré que la décision était liée à l’échec des tentatives de réforme du CDH, et que le retrait était la seule mesure à mettre en œuvre pour démontrer le sérieux des États-Unis. On ne sait pas encore si les États-Unis resteront membre observateur non-votant au Conseil.
« Malheureusement, il est maintenant clair que notre appel à la réforme n’a pas été entendu », a dit Mme Haley, avant d’ajouter que les États-Unis « seraient ravis de se joindre à nouveau » si le Conseil se réformait.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré la décision américaine, indiquant qu’il « aurait préféré que les Etats-Unis restent au Conseil des droits de l’homme », a déclaré son porte-parole. « L’architecture des Droits de l’Homme à l’ONU joue un rôle très important dans la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde entier. »

L’annonce américaine intervient au lendemain de vives critiques du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein contre la politique « inadmissible » et « cruelle » des autorités américaines de séparation d’enfants de leurs parents sans-papiers à la frontière mexicaine.
« L’idée qu’un pays chercherait à dissuader les parents en infligeant de telles violences aux enfants est impensable », a-t-il dit.
L’Union européenne a déclaré que la démarche « risque de saboter le rôle des États-Unis en tant défenseur de la démocratie sur la tribune mondiale ».
Maia Kocijancic, la porte-parole de l’Union européenne a ajouté que le bloc de 28 membres reste « résolument engagé » envers l’instance à Genève.
Elle a déclaré que les États-Unis ont « toujours été au premier plan » de la protection des droits de l’Homme et un « partenaire solide » du bloc au Conseil.
L’organisation indépendante de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a vivement critiqué ce nouveau repli.
« Le retrait de l’administration Trump est le triste reflet de sa politique unidimensionnelle des droits de l’Homme : défendre les violences israéliennes face aux critiques prend le pas sur tout le reste. »
L’UNHCR a « joué un rôle important dans des pays comme la Corée du Nord, la Syrie, la Birmanie et le Soudan du Sud », a dit le patron de l’ONG Kenneth Roth. « Mais Donald Trump n’est intéressé que par la défense d’Israël », a-t-il dénoncé.
Le Conseil « est loin d’être parfait, mais il est une force importante pour la reddition de comptes et la justice. En se retirant, les Etats-Unis sapent délibérément les droits de l’homme de tous les peuples partout dans le monde et leurs luttes pour la justice », a de son côté critiqué Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
Mais l’Heritage Foundation, un think tank proche de l’administration Trump, a défendu cette démarche, accusant le Conseil d’être « particulièrement insidieux au sujet de situations des Droits de l’homme dans certains des pays les plus opprimants ». Brett Schaefer, membre du think tank, a souligné que Trump aurait pu se retirer immédiatement après son entrée à la Maison Blanche, mais il a donné au Conseil 18 mois pour se réformer.
Le CDH a été créé en 2006 pour promouvoir et protéger les droits humains à travers le monde mais ses rapports ont souvent contredit les priorités américaines.
En particulier, le fait qu’Israël soit le seul pays au monde ayant un point fixe (appelé point 7) à l’ordre du jour de chaque session, soit trois fois par an, provoque la colère des Etats-Unis.
Ce point est notamment défendu par le bloc des pays arabes.
Haley avait énuméré des conditions pour que les États-Unis restent au Conseil, notamment l’abolition du point 7 (La situation des droits de l’Homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés »), qui depuis sont adoption en 2007, faisant d’Israël l’objet de condamnation, une mesure appliquée à aucun autre pays des Nations unies.

« Il n’y a aucune raison qui légitime l’existence de ce point à l’ordre du jour », avait dit Haley l’an dernier. « C’est un problème central qui transforme le Conseil des Droits de l’Homme, qui peut être une force pour le bien universel, en une organisation dépassée par son parti-pris politique. »
Washington, dont le mandat au Conseil s’achevait en principe en 2019, avait aussi réclamé que l’exclusion des Etats membres commettant de graves violations des droits de l’homme soit votée à la majorité simple et non aux deux tiers, et que le processus de sélection des Etats membres soit renforcé.
« Les pays (membres) se sont entendus pour saper la méthode actuelle de sélection des membres », a déclaré M. Pompeo. « Et le biais continu et bien documenté du Conseil contre Israël est inadmissible. Depuis sa création, le Conseil a adopté plus de résolutions condamnant Israël que contre le reste du monde », a-t-il ajouté.
La question majeure reste de savoir ce qui adviendra d’Israël une fois que son défenseur le plus puissant abandonne son droit de vote ou se retire du conseil.
Bien que les États-Unis puissent rester membre observateur non-votant, un responsable américain a indiqué « un retrait complet » et précisait que les États-Unis abandonnaient leur siège « immédiatement ». Le responsable n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement et a insisté pour garder l’anonymat.
Depuis l’an dernier, le bureau de Haley a encouragé le conseil et son chef à ne pas publier une base de données des Nations unies sur les sociétés qui opèrent dans les implantations de Cisjordanie, une « liste-noire » qu’Israël estime capable de repousser davantage les sociétés et qui jettera un froid sur sa présence en Cisjordanie, revendiquée par les Palestiniens.
Le mois dernier, le ministre de la Défense Avigdor Liberman avait appelé Israël et les États-Unis à se retirer du Conseil des Droits de l’Homme en raison de l’“hypocrisie” du Conseil dans sa critique de la politique de l’Etat juif à Gaza.
Israël n’est pas membre de l’UNCHR. Le Conseil compte 47 sièges et ses membres sont élus par l’Assemblée générale pour un mandat de trois ans. Le mandat américain actuel doit se terminer en 2019.
« Nous coopérons avec le conseil et nous avons une ambassade aux institutions des Nations unies à Genève… mais nous ne sommes pas membres du conseil », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon mardi, quelques heures avant l’annonce américaine.
Michael Oren, vice-ministre de la Diplomatie israélienne, a également salué l’annonce du retrait américain.
« L’ambassadrice Nikki Haley annoncera que l’Amérique se retire du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies. C’est une réaction bienvenue face à une instance qui condamne Israël plus que tous autres pays réunis. Les États-Unis expriment leur refus de légitimer la partialité contre Israël et les Juifs », a écrit Oren sur Twitter mardi.