Jared Armstrong, le basketteur juif qui promeut les liens avec les Afro-américains
Le joueur, qui s'est battu pour obtenir la citoyenneté israélienne, a entre autres organisé un clinic basket pour les jeunes Juifs et Afro-américains à Philadelphie

JTA — Le joueur de basket Jared Armstrong avait fait les gros titres, l’année dernière, pour le combat qu’il avait mené pendant plusieurs mois pour obtenir la citoyenneté israélienne. Le dossier d’Armstrong – qui a été élevé dans le judaïsme et qui a suivi une conversion massorti pour appuyer sa demande de nationalité – avait été rejeté à de multiples reprises avant qu’il ne parvienne à obtenir un statut de résidence temporaire, en mai dernier. Une affaire qui avait attiré l’attention de responsables de premier plan de la communauté juive et donné lieu à des accusations de racisme.
L’affaire lui avait aussi coûté une place au sein de l’Hapoel Haïfa, une équipe qui joue dans la cour des grands dans la ligue israélienne de basket, confie-t-il à la JTA. L’équipe avait annulé son contrat parce qu’il n’avait pas obtenu la citoyenneté au moment nécessaire.
Mais ce week-end, avant de retourner sur le terrain dans la ligue israélienne, Armstrong cherche plutôt à se focaliser, pendant notre entretien, sur un autre sujet qui le passionne : le renforcement de la relation entre les communautés juive et afro-américaine.
Dimanche, Armstrong organise un clinic basket pour les collégiens de 6e, de 5e et de 4e à Philadelphie. Et si tout se passe bien, il espère alors pouvoir programmer un camp de quinze jours, l’été prochain, pour continuer sur sa lancée.
« Avec une histoire riche en termes de relations entre les Afro-américains et les Juifs, et avec la place que nous occupons dans la société, c’est une bonne chose que nous nous rapprochions », s’exclame Armstrong. « J’ai pensé que ce serait formidable de commencer ce renforcement, cette amélioration des liens dès le jeune âge. »
Les controverses et les accusations d’antisémitisme qui avaient entouré le rappeur Kanye West et la star de la NBA Kyrie Irving, l’année dernière, ont entraîné des appels à la collaboration entre les communautés juive et afro-américaine, de la part de membres du Congrès ou d’autres responsables sportifs de premier plan comme Robert Kraft, le propriétaire des New England Patriots.
Armstrong note que 28 enfants se sont inscrits pour son clinic – des jeunes Juifs et des jeunes Afro-américains – et il précise que certains viendront de loin, notamment du Connecticut. Son objectif, dit-il, est d’utiliser le sport comme outil de lutte contre l’antisémitisme et le racisme, et il ajoute espérer que son camp, l’année prochaine, pourra attirer jusqu’à 80 enfants issus des deux communautés.

« Je pense qu’à un jeune âge, la majorité des enfants sont passionnés par quelque chose qu’ils adorent », dit Armstrong. « Le sport est normalement la première chose pour laquelle ils s’enthousiasment et c’est un moyen formidable à utiliser pour construire une communauté, pour établir des relations qui dureront toute la vie, pour apprendre des leçons de vie ».
Les participants au clinic du week-end pourront entendre une intervention d’Eric Rubin, un cadre financier vétéran qui est impliqué dans plusieurs organisations juives dont l’objectif est de recourir au sport dans la lutte contre la haine.
Rubin est directeur du Project Max, issu d’une collaboration entre l’organisation Maccabi World Union et la compagnie israélienne Sighteer, spécialisée dans le secteur de l’intelligence artificielle. Sa mission « est de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et l’intolérance par le biais du sport ». Armstrong siège à son conseil d’administration. Rubin est aussi membre du bureau du groupe Athletes for Israel, qui a organisé des voyages au sein de l’État juif pour un certain nombre d’équipes universitaires américaines de basket.

Armstrong précise que Rubin parlera, pendant son intervention, de « l’importance de la communauté, de l’importance de la capacité à travailler avec des gens qui sont différents de vous. » Les enfants rencontreront aussi l’ancien basketteur professionnel Bilal Benn, qui a joué en Israël.
Après une enfance passée à Severn, dans le Maryland, Armstrong a déménagé à Philadelphie à l’âge où il devait entrer au collège. Il a été élevé par une mère dont la conversion n’est pas reconnue par les courants majeurs du judaïsme et sa propre conversion a été supervisée par le rabbin Michael Beals, un rabbin du mouvement massorti, dans le Delaware, connu pour l’amitié qui le lie au président Joe Biden. Beals avait déclaré que le rejet, par Israël, de la demande de citoyenneté d’Armstrong était « une insulte faite au mouvement massorti » dont les rabbins ont lutté pour être reconnus dans un État où les rabbins orthodoxes ont la mainmise sur toutes les affaires relatives à la religion.
Au même moment où le ministère de l’Intérieur refusait la demande de citoyenneté d’Armstrong, l’année dernière, le footballeur portugais Miguel Vitor devenait citoyen israélien pour intégrer une équipe en Israël. Les médias israéliens s’étaient interrogés sur un possible traitement de faveur alors que le dossier d’Armstrong continuait à traîner, sans aucune issue se présentant alors à l’horizon.

A la fin du mois, Armstrong, qui a joué en Division II à la Slippery Rock University, en Pennsylvanie, retournera en Israël pour rejoindre l’Elitzur Ironi Ashkelon, une équipe de la Liga Leumit – la Ligue nationale – le deuxième niveau du basket professionnel dans le pays. L’année dernière, il avait finalement joué au sein du Maccabi Rishon LeZion, qui évolue également en ligue nationale. La saison commencera au mois d’octobre.
« J’ai des amis de toujours que j’ai rencontrés en Israël, pas seulement lors de mes difficultés mais en dehors aussi, et des amis rencontrés en jouant au basket », explique Armstrong. « J’adore tout ce qui fait ce pays. J’adore être là-bas. J’adore l’expérience. C’est mon deuxième foyer ».
Armstrong déclare ne pas avoir été victime de racisme en Israël mais plutôt, dit-il, de « l’ignorance » de ceux qui ont mis en doute sa judéité en raison de la couleur de sa peau.
« Je pense qu’il y a simplement un manque d’information que je constate non seulement en Israël mais aussi dans la communauté américaine », indique le joueur. « Il faut que ça change ».
Beals précise auprès de la JTA qu’il reste en contact avec Armstrong pendant toute l’année, en particulier lorsque ce dernier est en séjour aux États-Unis.
« Je n’ai que des choses formidables à dire à son sujet – son obstination, sa vision des choses, sa capacité à tirer le meilleur de tout même quand ce n’est pas évident », dit Beals.
Beals salue Armstrong pour ne pas avoir renoncé dans sa course à la citoyenneté. « D’autres auraient abandonné mais il avait le recul nécessaire pour savoir très précisément ce qu’il voulait », ajoute-t-il.
« Il incarne vraiment tout ce que j’espère voir chez un être humain », s’exclame Beals.
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