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Jordanie : des députés exigent l’annulation du contrat gazier avec Israël

Les opposants refuseraient de coopérer avec "l'ennemi sioniste," et Amman veut avoir l'opinion d'un tribunal constitutionnel sur l'accord de 10 milliards de dollars conclu en 2016

Photo prise le 31 janvier 2019 montrant la nouvelle plateforme installée sur celle du Leviathan, en Méditérannée, au large de Haïfa. (Crédit : Marc Israel Sellem/Pool/AFP)
Photo prise le 31 janvier 2019 montrant la nouvelle plateforme installée sur celle du Leviathan, en Méditérannée, au large de Haïfa. (Crédit : Marc Israel Sellem/Pool/AFP)

Des parlementaires jordaniens presseraient le gouvernement d’annuler à tout prix un contrat de 10 milliards de dollars qui prévoit la fourniture de gaz naturel par Israël.

Lors d’une séance parlementaire mardi, les députés ont insisté pour que le royaume trouve un fournisseur alternatif dans des pays arabes, a rapporté le Jordan Times.

Pour eux, ce contrat concernant la livraison de 45 milliards de mètres-cubes de gaz provenant de l’exploitation offshore israélienne Léviathan constitue une menace pour la sécurité énergétique de la Jordanie et contribue au financement du contrôle d’Israël sur la Cisjordanie.

Un consortium américano-jordanien a conclu un accord en septembre 2016 avec l’EDF jordanien pour fournir du gaz naturel au royaume hachémite pendant 15 ans.

Le Parlement jordanien (photo officielle)

Le président du Parlement Atef Tarawneh a avancé que l’opinion publique avait largement soutenu le rejet de cet accord avec « l’entité sioniste » et exigé qu’il soit « annulé à tout prix. »

Le vice-Premier ministre Rajai Muasher a fait savoir qu’il confierait la question à la Cour constitutionnelle, à la suite de quoi il prendrait une décision.

« Si la Cour juge que le contrat a été conclu entre deux entreprises et que le Parlement n’a pas son mot à dire, alors le gouvernement examinera de nouveau le contrat et prendra la décision nécessaire en consultation avec la Chambre, » a déclaré Rajai Muasher.

Le président du Parlement a répondu que « le contrat est entièrement rejeté. Nous exigeons qu’il soit annulé quels qu’en soient le coût et la décision de la Cour constitutionnelle. »

Le ministère israélien des Affaires étrangères et celui de l’Energie ont refusé de s’exprimer à ce sujet. Une source diplomatique, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a indiqué que Jérusalem évitait de commenter la politique intérieure jordanienne.

La source a noté que la livraison de gaz « répond à des besoins énergétiques stratégiques de la Jordanie, » et que toute décision concernant le contrat revenait au gouvernement et au roi plutôt qu’aux parlementaires réfractaires. Les préparatifs relatifs à la mise en œuvre du contrat sont en cours comme prévu, a souligné la source.

Les relations avec la Jordanie se sont tendues ces derniers temps en raison d’affrontements sur le mont du Temple dans la Vieille Ville de Jérusalem. La Jordanie se considère comme le gardien des sites saints musulmans de Jérusalem, y compris ceux présents sur le mont du Temple.

Le consortium du Léviathan, qui comprend l’Américain Noble Energy et l’Israélien Delek Group, a pour objectif de permettre l’exploitation de l’immense champ gazier courant 2019. Les réserves contiendraient plus de 500 milliards de mètres-cubes de gaz et devraient transformer Israël en centrale énergétique régionale.

Une structure clé du Léviathan a été livrée et installée en janvier dernier, une étape fondamentale pour permettre l’acheminement du gaz.

En 2014, Israël et la Jordanie avaient conclu un accord distinct visant à fournir au royaume hachémite du gaz, issu du gisement naturel de Tamar, en Méditerranée, dont le montant s’élevait à 365 millions d’euros.

Le Leviathan, découvert en 2010 et où la production doit débuter en 2019, renfermerait 539 milliards de mètres-cubes de gaz naturel ainsi que 34,1 millions de barils de condensé.

La découverte de ces réserves avait suscité beaucoup d’espoirs en Israël, laissant notamment entrevoir l’indépendance énergétique du pays lourdement dépendant de l’étranger en la matière.

La Jordanie a signé un accord de paix avec Israël en 1994, toujours en vigueur malgré différences dissensions diplomatiques au fil des ans.

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