Jordanie : Lancement d’une initiative pour « moderniser » la vie politique
Le projet vise à adapter le fonctionnement politique du royaume aux "attentes" de la population ; un ancien Premier ministre nommé à la tête de la commission par le roi Abdallah II
Une initiative pour « moderniser » la vie politique a été lancée en Jordanie, avec la constitution d’une commission qui sera chargée de remettre d’ici octobre des « recommandations » pour répondre aux « attentes » de la population, a indiqué mardi son président, Samir al-Rifaï.
Le projet vise à adapter le fonctionnement politique du royaume à ces « attentes », a expliqué lors d’une conférence de presse M. Rifaï, un ancien Premier ministre nommé à la tête de la commission par le roi Abdallah II.
L’initiative intervient alors que le petit pays du Proche-Orient a été secoué par des soubresauts politiques ces derniers mois sur fond de crise économique et sociale avivée par la pandémie de COVID-19.
Les « recommandations » de la commission, qui comprendront notamment un projet de nouvelle loi électorale et un autre sur les « partis politiques », devra être « remis au gouvernement d’ici octobre », pour que celui-ci les soumette ensuite au Parlement, a poursuivi M. Rifaï.
Le comité, créé le 10 juin, est composé de 91 membres, issus aussi bien des milieux politiques (islamistes, laïcs, nationalistes, communistes et indépendants) que de la société civile.
« Notre objectif est que les Jordaniens soient davantage représentés (au Parlement), qu’ils soient motivés pour participer aux élections et qu’ils sentent que leur voix compte », a-t-il argué, assurant que la Jordanie disposerait d’une « vraie vie partisane ».
Une nouvelle loi électorale censée permettre une plus grande pluralité a déjà été adoptée en 2016, mais seul un tiers des quelque 4,5 millions d’électeurs jordaniens se sont rendus aux urnes lors des législatives de fin 2020.
Et si le royaume compte environ une cinquantaine de partis politiques, le nombre total de leurs adhérents plafonne en-dessous des 10 000, selon des estimations.
Ces dernières années, la Jordanie, pays dépourvu de ressources énergétiques contrairement à ses voisins, a en outre été confronté à plusieurs vagues de contestation populaires, sur fond de crise économique accentuée par la pandémie.
En avril, la Jordanie a aussi été secouée par la plus importante crise politique de son histoire contemporaine : le prince Hamza, demi-frère du roi, avait été assigné à résidence pour sa participation présumée à un « complot ». Dans une vidéo, il avait nié tout en accusant les autorités de son pays de « corruption » et « d’incompétence ».
Il a été pardonné par le roi après avoir refait acte d’allégeance en promettant de lui « rester fidèle ».
Deux anciens responsables jordaniens sont toutefois actuellement jugés pour « sédition » et risquent jusqu’à 20 ans de prison.