Josep Borrell juge la tentative israélienne d’interdire l’UNRWA « absurde »
Selon le chef des Affaires étrangères de l'UE, les projets de loi de la Knesset minent "la stabilité régionale et la dignité des bénéficiaires de l'agence de l'ONU"
Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a exhorté jeudi Israël à revenir sur sa décision d’interdire l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), qualifiant cette décision d’absurde.
« Interdire l’UNRWA – et le designer comme un organisme terroriste, ce qu’il n’est pas – équivaut à une atteinte à la stabilité de la région et à la dignité humaine de tous ceux qui bénéficient du travail de l’agence de l’ONU », a-t-il affirmé sur la plate-forme de réseaux sociaux X.
« Nous nous joignons à de nombreux partenaires pour exhorter le gouvernement israélien à mettre fin à cette absurdité. »
Le Parlement israélien a approuvé lundi en première lecture une proposition de loi désignant l’agence onusienne comme « organisation terroriste » et proposant de couper tout lien avec l’agence d’aide. Le texte sera renvoyé en commission pour un examen plus approfondi.
Outlawing @UNRWA – and labelling it as terrorist, which it is not – amounts to targeting regional stability and human dignity of all those benefiting from the UN agency work.
We join many partners in urging the Israeli Governement to halt this nonsense.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) July 25, 2024
Les États-Unis ont également sévèrement critiqué mercredi la proposition de loi israélienne qualifiant l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens « d’organisation terroriste ».
« L’UNRWA n’est pas une organisation terroriste et nous demandons instamment au gouvernement israélien et à la Knesset de suspendre le passage de cette législation », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.
Ces « attaques du gouvernement israélien contre l’UNRWA sont incroyablement inutiles. Elles ne font rien pour faire avancer la cause de l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils de Gaza », a-t-il ajouté en soulignant que Washington continuait à soutenir le travail de l’agence.
Lundi, la Knesset a approuvé à titre préliminaire un projet de loi désignant l’UNRWA, la principale organisation de secours de l’ONU pour les Palestiniens, comme une organisation terroriste et demandant de couper les relations avec l’agence, un élément qui fait partie de trois projets de loi visant à mettre fin aux activités de l’agence.
« Il s’agit d’une nouvelle tentative dans une campagne plus large qui vise à démanteler l’agence », avait précédemment déclaré Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, en parlant de ce projet de loi. « De telles mesures sont sans précédent dans l’histoire des Nations unies. »
Le premier projet de loi, qui interdirait à l’organisation d’opérer sur le territoire israélien, a été adopté par 58 voix contre 9.
Le second, qui vise à priver le personnel de l’UNRWA des immunités légales et des privilèges accordés au personnel des Nations unies en Israël, a été adopté par 63 voix contre 9.
Le troisième, qui qualifierait l’UNRWA d’organisation terroriste et obligerait Israël à rompre ses liens avec elle, a été adopté par 50 voix contre 10.
Alors que l’UNRWA fournit éducation, santé et aide à des millions de Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie, Israël a accusé plusieurs membres du personnel de l’agence d’avoir participé au pogrom perpétré par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre, au cours duquel près de 1 200 personnes ont été tuées et 251 autres prises en otage.
Au cours de ses opérations à Gaza, Tsahal a découvert un centre de données du Hamas situé directement sous le siège de l’UNRWA à Gaza City, ainsi que de nombreuses preuves de l’utilisation des actifs de l’agence à des fins terroristes.
L’UNRWA a licencié 10 des 12 employés initialement accusés par Israël et a fait savoir que les deux autres étaient décédés. L’ONU a ensuite suspendu les enquêtes sur plusieurs des accusés, sous prétexte que les preuves fournies par Israël étaient insuffisantes.
Selon le ministre de la Défense Yoav Gallant, au moins 12 % des 13 000 employés de l’UNRWA à Gaza seraient affiliés aux groupes terroristes du Hamas ou du Jihad islamique palestinien, dont 1 468 seraient actifs au sein du Hamas et du Jihad islamique palestinien. Parmi eux, 185 employés de l’UNRWA étaient actifs dans les branches militaires du Hamas, et 51 dans la branche militaire du Jihad.
Pour leur part, les États-Unis ont suspendu leur contribution financière à l’agence après des accusations par Israël sur la possible implication de certains de ses employés dans les attaques du Hamas du 7 octobre.
Depuis lors, la loi américaine interdit à Washington de débloquer des fonds pour l’agence.
Plusieurs pays ont, en revanche, repris leurs contributions, dont en début de semaine le Royaume-Uni. L’Allemagne, l’Union européenne, la Suède, le Japon ou la France ont fait de même.
Sam Sokol contributed to this report.