Israël en guerre - Jour 559

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Juifs libéraux américains : Netanyahu/extrémistes, c’est comme « accepter » le KKK

Des dirigeants juifs libéraux américains estiment que le soutien du Premier ministre au parti Otzma Yehudit rend plus difficile la défense d'Israël

Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprime lors d'une conférence des présidents des principales organisations juives américaines, à Jérusalem, le 18 février 2019. (MENAHEM KAHANA / AFP)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprime lors d'une conférence des présidents des principales organisations juives américaines, à Jérusalem, le 18 février 2019. (MENAHEM KAHANA / AFP)

WASHINGTON – La forte pression du Premier ministre Benjamin Netanyahu en faveur d’un accord d’unité avec un parti politique raciste rend plus difficile de défendre les intérêts d’Israël, ont déclaré dimanche les dirigeants juifs libéraux américains, un rabbin ayant déclaré que cette décision équivalait à « accueillir » le Ku Klux Klan dans les corridors du pouvoir aux Etats-Unis.

La médiation active du Premier ministre israélien en faveur d’un accord entre le parti de droite HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit (Pouvoir juif), une faction extrémiste dirigée par des disciples du défunt rabbin ultra-nationaliste Meir Kahane, a fait l’objet ce week-end de mesures disciplinaires par de grandes organisations juives américaines.

L’American Israel Public Affairs Committee [AIPAC], qui commente rarement la politique intérieure israélienne, a déclaré qu’elle refuserait de rencontrer les membres de ce parti « raciste et condamnable », ce qui a été interprété comme une très rare et implicite réprobation de la stratégie du Premier ministre.

L’accord, auquel Netanyahu a participé en donnant à HaBayit HaYehudi une place sur la liste du Likud, était une tentative de renforcer une éventuelle coalition dirigée par le Likud après les élections générales du 9 avril. Selon le rabbin Rick Jacobs, président de l’Union for Reform Judaism, cela nuirait à la capacité des Juifs américains à défendre Israël.

« Cela rend notre travail plus difficile », a ainsi confié Rick Jacobs au Times of Israel. « Nous défendons Israël tous les jours, partout. Certaines critiques de la politique israélienne sont comprises et légitimes. Mais nous nous battons chaque jour pour qu’il y ait plus de soutien et plus de compréhension, cela porte un coup très sérieux à notre cause à tous ».

Reform leader Rabbi Rick Jacobs has urged President Obama not to close the office of the Palestine Liberation Organization in Washington DC, a position that puts him at odds with AIPAC. (Robert A. Cumins/JFNA via JTA)
Le leader du mouvement réformé, le rabbin Rick Jacobs (Crédit : Robert A. Cumins/JFNA via JTA)

Le rabbin Debra Newman Kamin, présidente de la Conservative Rabbinical Assembly, a également déclaré qu’il s’agissait une fois de plus d’un cas où les dirigeants juifs américains seront aux prises avec Netanyahu, dont les décisions ne reflètent pas leurs valeurs. « Malheureusement, ce n’est pas nouveau », a-t-elle déclaré au Times of Israel.

Dimanche soir, son mouvement a publié un communiqué condamnant le soutien de Netanyahu à Otzma Yehudit. « Le racisme et la haine sont contraires à nos valeurs juives et aux idéaux sur lesquels l’État juif d’Israël a été fondé », avançait le communiqué, signé par le RA, l’United Synagogue, le Jewish Theological Seminary et la Women’s League for Conservative Judaism.

« Otzma Yehudit ne devrait pas être légitimé de quelle que façon que ce soit et nous espérons et prions pour que le parti soit renvoyé là où il ne peut avoir d’influence », peut-on lire.

Otzma Yehudit est le fils spirituel du parti Kach de Kahane, qui a été exclu de la Knesset en vertu d’une loi fondamentale interdisant l’incitation à la violence et qui a ensuite été totalement interdit en Israël. Assassiné en 1990, Kahane, immigré américain, est le fondateur de la Ligue de défense juive qui appelait à l’annexion des territoires contestés et à l’expulsion des Arabes de Cisjordanie.

La réprobation de Netanyahu et de l’accord par la Rabbinical Assembly est particulièrement inhabituelle pour cette organisation vieille de 118 ans. La seule autre fois que l’organisation a publié un communiqué au sujet de propos ou d’agissements du Premier ministre, c’était en 2015, a indiqué la femme rabbin, lorsque M. Netanyahu avait averti à l’occasion des élections précédentes que les Arabes votaient « en masse ».

Ainsi, les récentes manœuvres politiques de Netanyahu ont exacerbé la désapprobation des Juifs américains, peut-être plus intensément que jamais auparavant.

« Concrètement, le dirigeant d’Otzma Yehudit est banni des États-Unis en tant que terroriste », a déclaré Susie Gelman, présidente de l’Israeli Policy Forum, qui prône une solution à deux États. Elle faisait référence à Michael Ben-Ari, dont la demande de visa a été refusée en 2012 en raison de la « prérogative du Département d’État d’interdire aux terroristes » d’entrer dans le pays.

« C’est le parti de Kahane sous une autre forme », a-t-elle ajouté.

Michael Ben Ari, chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, et ses partisans lors d’une manifestation à Tel Aviv, le 15 novembre 2018. (Luke Tress/Times of Israel)

La décision sans précédent de l’AIPAC et de l’AJC de critiquer l’accord d’unité de Netanyahu « parle de l’extrémisme du mouvement lui-même », a-t-elle ajouté. « C’est une ligne rouge que Bibi a franchie et qui n’est tout simplement pas supportable. Cela reflète le caractère illégitime de la décision de Bibi ».

M. Jacobs a déclaré que la fusion avec Otzma Yehudit était si choquante que même les organisations qui veillent généralement à ne pas peser sur les décisions du Premier ministre israélien se sont senties contraintes de réagir.

« Ce n’est pas comme si Otzma Yehudit était un parti conservateur de droite » a dit Jacobs. « Je ne pense pas qu’il soit exagéré de dire que c’est l’équivalent aux États-Unis de l’accueil du KKK dans les corridors du pouvoir. »

Samedi, l’AIPAC a confirmé que Netanyahu prendra toujours la parole lors de la conférence politique annuelle du lobby prévue le mois prochain.

« Je pense qu’il sera intéressant de voir quel accueil lui sera réservé, mais c’est dans plus d’un mois », a estimé Mme Gelman. « Il peut se passer beaucoup de choses d’ici le 25 mars. Une semaine en politique israélienne, c’est très long. Cinq semaines, c’est une éternité ».

Entre-temps, les dirigeants juifs libéraux ont l’intention de continuer à faire pression sur le Premier ministre au sujet de son soutien d’Otzma Yehudit.

Rick Jacobs pense que le problème ne va pas se régler. « Quand on dirige l’État démocratique juif d’Israël, » a jugé le dirigeant du mouvement des Réformés, « on doit rester dans les limites des valeurs fondamentales que porte notre peuple depuis des millénaires ».

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