Kathy Manning, démocrate pro-Israël, déplore l’attitude de la coalition israélienne
Cette Représentante est sortie de son habituelle réserve pour critiquer le gouvernement de Netanyahu quant à la refonte judiciaire et à ses conséquences régionales
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Il est rare que la Représentante Démocrate Kathy Manning, l’une des législatrices les plus pro-israéliennes de son parti, critique le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Ce que fait ce gouvernement d’extrême droite, et notamment les obstacles qu’il lève face à la solution à deux États, en inquiète plus d’un », a-t-elle déclaré lors d’un webinaire organisé par les Fédérations juives d’Amérique du Nord.
« Quand on parle de ce qui se passe en Israël, on ne devrait pas seulement parler de la réforme judiciaire, mais aussi de ce qui se passe en Cisjordanie et de ce qui est prôné par l’aile d’extrême-droite de l’actuel gouvernement israélien. »
Ces derniers mois, le gouvernement Netanyahu a en effet régularisé des avant-postes illégaux, autorisé la construction d’un très grand nombre de nouvelles implantations et laissé se propager sans trop de contrôle la violence parfois meurtrière de résidents d’implantations.
Les propos de Manning – ex-présidente du conseil d’administration des Fédérations juives d’Amérique du Nord – sont d’autant plus inhabituels qu’elle s’est jusqu’alors abstenue de critiquer les gouvernements israéliens qui se sont succédés.
Manning dit avoir été particulièrement fière, la semaine passée, de voir le président Isaac Herzog prononcer un discours lors d’une session conjointe du Congrès et évoquer sa tentative, infructueuse, pour trouver un compromis sur la question de la réforme judiciaire.
Elle a ajouté avoir été en contact avec des députés israéliens, avant l’adoption lundi de la loi privant le pouvoir judiciaire de tout contrôle sur le caractère raisonnable des décisions de l’exécutif, et « avoir eu la confirmation que des négociations avaient lieu pour parvenir à un compromis, et ralentir le rythme de la réforme ».
« Hier, nous avons été témoins d’une remise en cause du consensus et d’une approche mesurée », a-t-elle regretté.

Manning n’est pas la seule démocrate à être déçue.
« Les contre-pouvoirs légitimes sont essentiels dans toutes les démocraties. Le vote par la Knesset aujourd’hui d’une loi privant la Cour suprême israélienne de son pouvoir de bloquer les décisions du gouvernement est contraire aux valeurs démocratiques. J’implore M. Netanyahu de soutenir les valeurs fondamentales qui ont permis à Israël de prospérer et de se développer », a de son côté tweeté le sénateur Ben Cardin, qui prendra sa retraite l’année prochaine.
Le député Jerry Nadler a lui écrit dans un communiqué que « Netanyahu et sa coalition extrémiste ont ignoré l’appel au consensus lancé par le président et le peuple israélien (…) [et] ont adopté une loi qui profane l’indépendance judiciaire. C’est un jour sombre pour la démocratie israélienne ».
« Malgré ces défis, comme l’ont clairement montré les manifestants pacifiques en Israël et aux États-Unis, l’espoir des Israéliens et de la communauté de la Diaspora, qui a inspiré la fondation d’Israël et sa prospérité, persiste. Le vote profondément décevant d’aujourd’hui à la Knesset ne doit pas marquer un échec, mais plutôt une occasion de renouveler cet espoir et de continuer à se battre pour un Israël démocratique », a ajouté Nadler.
« En tant que Juif pro-Israël, je suis profondément déçu d’assister à l’adoption de la première étape du plan de refonte judiciaire anti-démocratique. Le gouvernement israélien devrait tenir compte de la voix de ses citoyens, chercher à trouver un consensus et réaffirmer son engagement envers les freins et contrepoids de la démocratie », a tweeté le représentant de New York, Dan Goldman.
« Israël doit maintenir sa démocratie, ce qui signifie préserver un système judiciaire indépendant. Le vote d’aujourd’hui à la Knesset est un recul des valeurs démocratiques », a écrit la députée Madeline Dean.