Katz : l’aide n’entrera à Gaza qu’une fois qu’un mécanisme civil aura été créé pour contourner le Hamas
La déclaration initiale du ministre de la Défense, qui laissait entendre que l'aide reprendrait bientôt, a suscité l'ire de la coalition ; le Forum des familles d'otages déplore ses "paroles creuses"

Le ministre de la Défense, Israel Katz, a déclaré mercredi qu’Israël n’avait pas l’intention d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza tant qu’un mécanisme « civil » n’aurait pas été mis en place pour contourner la mainmise du groupe terroriste palestinien du Hamas sur les approvisionnements.
Le ministre a dû clarifier sa position après que sa déclaration initiale sur ce sujet a provoqué un tollé au sein de la coalition pour avoir affirmé qu’Israël allait reprendre l’aide à l’enclave par le biais d’entreprises privées, sans préciser qu’il n’y avait pas de plan immédiat pour le faire.
Dans sa première prise de parole, dans la matinée, Katz a déclaré qu’Israël allait finalement reprendre l’aide humanitaire, mais uniquement par l’intermédiaire d’ « entreprises civiles », afin d’éviter que la nourriture et le matériel ne tombent entre les mains du Hamas.
Il a expliqué que la politique d’Israël à Gaza consistait notamment à « mettre fin à l’aide humanitaire, ce qui affaiblit le contrôle du Hamas sur la population, et à créer une infrastructure pour la distribution [de l’aide] par l’intermédiaire d’entreprises civiles par la suite ».
Mais le simple fait d’évoquer la reprise de l’aide a suscité une réaction furieuse de la part de membres de la coalition.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a critiqué Katz, promettant de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher « l’erreur historique » que constituerait la reprise de l’aide à Gaza.

« C’est regrettable que nous n’apprenions pas de nos erreurs. Tant que nos otages meurent dans les tunnels, il n’y a aucune raison qu’un gramme de nourriture ou d’aide entre à Gaza », a écrit Ben Gvir sur le réseau social X.
Le ministre de la Culture, Miki Zohar (Likud), a écrit sur X que « les ignobles meurtriers de Gaza ne méritent aucune aide humanitaire », quelle que soit la manière dont celle-ci est transférée.
« Que le feu de l’enfer s’abatte sur les auteurs de ces actes terroristes jusqu’à ce que le dernier de nos frères et sœurs otages soit rentré chez lui sain et sauf », a-t-il ajouté.
Le chef du parti siégeant dans l’opposition Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a qualifié la reprise éventuelle de l’aide « d’abandon ».
« La position d’Israël est claire : aucune aide humanitaire ne sera autorisée à entrer à Gaza. Dans la situation actuelle, personne n’apportera d’aide humanitaire à Gaza, et personne ne se prépare à le faire », a ensuite précisé Katz dans une déclaration visant à clarifier ses propos.
Le ministre a ensuite expliqué qu’il avait évoqué un avenir plus lointain en parlant de la perspective d’une distribution de l’aide par l’intermédiaire d’entreprises privées.
« Il est regrettable que certains tentent de semer la confusion », a poursuivi Katz.
Dans sa précédente déclaration, Katz a également souligné qu’Israël avait intensifié la pression militaire sur le Hamas pour qu’il accepte un accord selon le « cadre Witkoff », en référence à la proposition de Steve Witkoff, l’envoyé du président américain Donald Trump au Moyen-Orient.
« La pression exercée sur le Hamas pour qu’il parvienne à un accord est forte, et la tension entre lui et la population locale augmente », a-t-il déclaré, affirmant que l’Égypte avait pour la première fois posé « le désarmement du Hamas et la démilitarisation de Gaza » comme conditions à un accord.
Il a également salué la récente prise de territoire par Israël dans la bande de Gaza, déclarant que « des centaines de milliers de résidents ont été évacués et que près de 30 % du territoire ont été ajoutés aux zones de sécurité », faisant référence à l’expansion de la zone tampon israélienne à la frontière de Gaza, qui englobe désormais près de 30 % de l’enclave.
Mais l’insistance de Katz à poursuivre la guerre a suscité les critiques du Forum des familles des otages et disparus, qui a déploré qu’Israël « choisisse de s’emparer de territoires plutôt que de libérer des otages ».
« Ils ont promis d’ouvrir ‘les portes de l’enfer’. Mais en réalité, ils préparent tranquillement le renouvellement de l’aide humanitaire », a déclaré le Forum, fustigeant les « paroles creuses » de Katz.

« Le temps est venu de mettre fin aux fausses promesses et aux slogans. Il est impossible de poursuivre la guerre et de libérer tous les otages en même temps », a déclaré le Forum, ajoutant que la seule façon de libérer les captifs était de parvenir à un accord qui les libère tous en une seule fois, en échange d’un cessez-le-feu permanent.