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Plan égyptien pour Gaza : le Hamas écarté, mais de nombreuses zones d’ombre persistent

Le projet ne dit pas comment désarmer le Hamas, ne garantit aucun financement et laisse l’Autorité palestinienne sans rôle clair dans la reconstruction de la bande de Gaza

Des engins de chantier s'alignent du côté égyptien du poste frontière de Rafah avec la bande de Gaza, le 20 février 2025. (Crédit : AFP)
Des engins de chantier s'alignent du côté égyptien du poste frontière de Rafah avec la bande de Gaza, le 20 février 2025. (Crédit : AFP)

Le Caire a élaboré un plan pour l’avenir de la bande de Gaza, qui prévoit d’écarter le groupe terroriste palestinien du Hamas pour le remplacer par des instances intérimaires supervisées par des États arabes, musulmans et occidentaux, selon un projet consulté par Reuters, cette initiative reflète la volonté des pays arabes de contrer la proposition du président américain Donald Trump, qui suggère une prise de contrôle directe de Gaza et l’expulsion de ses habitants.

La proposition égyptienne, qui doit être présentée mardi lors d’un sommet de la Ligue arabe, ne précise pas si le plan serait mis en œuvre avant ou après la conclusion d’un accord mettant fin à la guerre en cours dans la bande de Gaza.

Le document reste également flou sur le rôle éventuel de l’Autorité palestinienne (AP), basée en Cisjordanie, qui a déjà exprimé sa volonté de prendre en charge la reconstruction de Gaza. Il n’explique pas non plus comment le Hamas serait écarté, ni quelles seraient les modalités précises de la reconstruction et son financement.

Dans un préambule exposant les objectifs du plan, Le Caire insiste sur le fait « qu’aucun financement international majeur ne sera engagé pour la réhabilitation et la reconstruction de Gaza tant que le Hamas restera la force politique dominante et armée sur le terrain, contrôlant la gouvernance locale ».

Depuis près d’un mois, l’Égypte, la Jordanie et plusieurs États du Golfe travaillent à une offensive diplomatique destinée à contrer le projet américain, qui a provoqué une vive indignation dans le monde arabe et musulman. Plusieurs propositions ont émergé, la version égyptienne étant jugée la plus aboutie à ce stade.

Le plan rejette catégoriquement la proposition américaine visant à organiser un transfert massif des Palestiniens hors de Gaza — un scénario considéré par l’Égypte et la Jordanie comme une menace directe pour leur sécurité nationale.

Un homme brandit une pancarte « Non au déplacement » lors d’une manifestation contre le plan du président américain Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza, du côté égyptien du poste frontière de Rafah, le 31 janvier 2025. (Crédit : Kerolos Salah / AFP)

Le projet de proposition a été transmis à Reuters par un responsable impliqué dans les négociations sur Gaza, qui a souhaité conserver l’anonymat, le document n’ayant pas encore été officiellement rendu public. Reuters n’a pas pu confirmer si les dirigeants arabes soutiendront cette proposition.

Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas, a affirmé à Reuters que son mouvement n’avait pas été informé d’une telle initiative de la part de l’Égypte.

« L’avenir de Gaza après la guerre doit être décidé uniquement par les Palestiniens », a-t-il déclaré. « Le Hamas rejette toute tentative d’imposer un projet extérieur, toute administration non palestinienne ou toute présence de forces étrangères sur le territoire de la bande de Gaza. »

Le ministère égyptien des Affaires étrangères n’a pas répondu aux sollicitations de Reuters. Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu non plus, bien que son soutien soit considéré comme essentiel pour garantir que toute reconstruction ne soit pas rapidement remise en cause.

Le Premier ministre israélien avait salué le plan présenté par Donald Trump, lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche début février.

Netanyahu avait auparavant exclu tout rôle futur à Gaza pour le Hamas ou l’AP, qu’Israël accuse de longue date d’encourager le terrorisme. Jusqu’à la présentation du plan Trump, il n’avait toutefois pas précisé publiquement quelle entité il souhaitait voir gouverner Gaza une fois la guerre terminée.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le président américain Donald Trump (à droite) participant à une conférence de presse dans la salle Est de la Maison Blanche, à Washington, le 4 février 2025. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Une force de stabilisation

La proposition égyptienne ne mentionne pas la tenue d’élections à Gaza et reste silencieuse sur les mesures à prendre si le Hamas refuse de déposer les armes ou de se retirer de la vie politique.

Elle prévoit qu’une mission d’aide à la gouvernance remplace le gouvernement du Hamas pendant une période intérimaire non définie. Cette mission serait chargée de superviser l’aide humanitaire et de lancer les efforts de reconstruction de l’enclave, ravagée par la guerre.

Le document ne précise pas qui dirigerait cette mission, mais indique qu’elle « s’appuierait sur l’expertise des Palestiniens de Gaza et d’ailleurs pour permettre à Gaza de se redresser aussi rapidement que possible ».

Le plan prévoit également qu’une force internationale de stabilisation, composée en majorité de contingents arabes, prenne en charge le maintien de l’ordre à Gaza, en remplacement du Hamas. À terme, une nouvelle force de police locale serait formée pour prendre le relais.

Une foule regardant des terroristes armés du Hamas remettre les corps de quatre otages israéliens à la Croix-Rouge, à Khan Younès, dans le sud de Gaza, le 20 février 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Les organes de sécurité et de gouvernance seraient « organisés, guidés et supervisés » par un comité directeur. Ce comité inclurait des représentants du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Union européenne (UE) et de ses États membres, des principaux pays arabes ainsi que de l’Organisation de la coopération islamique, selon le projet.

Le comité assurerait également la coordination avec un conseil consultatif issu de la société civile, composé d’universitaires, de dirigeants d’ONG et d’autres personnalités. Les membres du comité pourraient mettre en place un fonds destiné à financer les activités de l’organe provisoire de gouvernance et organiser des conférences de donateurs pour mobiliser des fonds en vue d’un plan de reconstruction et de développement à plus long terme pour Gaza.

Le document ne comporte cependant aucune promesse de financement concrète. Or, la reconstruction de Gaza nécessiterait plus de 53 milliards de dollars, d’après une estimation des Nations unies (ONU) publiée le mois dernier. Deux sources proches du dossier ont indiqué à Reuters que les États du Golfe et plusieurs pays arabes devraient s’engager à fournir au moins 20 milliards de dollars pour financer la première phase de reconstruction.

Les monarchies pétrolières du Golfe, comme l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, sont considérées comme des contributeurs clés pour ce financement.

Aucun des ministères des Affaires étrangères de ces trois pays n’ont répondu aux demandes de commentaires de Reuters concernant le plan égyptien ni sur leur disposition à apporter des fonds pour la reconstruction de Gaza.

Des Palestiniens et des membres du Hamas assistent à une procession funéraire pour 40 hommes armés et civils tués pendant la guerre avec Israël, dans le camp de Shati, au nord de la ville de Gaza, le 28 février 2025. (Crédit : Bashar Taleb / AFP)

Projet de loi sur la reconstruction

L’Égypte cherche à mettre en place un comité intérimaire indépendant composé de technocrates palestiniens pour administrer Gaza. Cependant, une large partie de la communauté internationale estime que l’AP, très impopulaire, doit d’abord entreprendre d’importantes réformes avant de pouvoir reprendre la gestion de la bande de Gaza.

Le mois dernier, un haut conseiller du président de l’AP Mahmoud Abbas a déclaré au Times of Israel qu’à ses yeux, tout comité de ce type devrait impérativement être placé sous l’autorité de Ramallah.

Faisant écho aux propos du conseiller, un responsable palestinien a déclaré à Reuters que, tout comme la Cisjordanie, la bande de Gaza relève de la juridiction de l’Autorité palestinienne et doit être administrée par des Palestiniens.

« Nous nous sommes entendus avec les Égyptiens sur la création d’un comité composé d’experts palestiniens qui assisteront l’AP dans la gestion de Gaza pendant une période de six mois », a expliqué ce responsable, qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier. « Ce comité, composé uniquement d’experts palestiniens, coordonne ses activités avec l’AP et ne dépend d’aucun organisme étranger. »

Le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas menant une prière à la mémoire des personnes tuées à Gaza au début d’une réunion du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à Ramallah, le 17 octobre 2024. (Crédit : Wafa)

De son côté, le Hamas se serait dit prêt à céder la gestion de Gaza à l’AP une fois la guerre terminée.

Le groupe terroriste avait évincé l’AP de la bande de Gaza à l’issue d’une violente guerre civile en 2007. Depuis, soutenu par l’Iran, le Hamas a mis en place un vaste réseau terroriste, appuyé sur un important système de tunnels — dont une grande partie a été détruite par Israël au cours de la guerre actuelle à Gaza.

La guerre a été déclenchée par le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, au cours duquel des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes et prenant 251 otages.

Le 19 janvier, un cessez-le-feu et un accord sur la libération des otages ont entraîné une trêve temporaire des combats. La première phase de l’accord est arrivée à son terme samedi, sans avancée significative vers une seconde phase. L’Égypte figure parmi les principaux médiateurs de cet accord.

Jacob Magid a contribué à cet article.

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