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La Cour de cassation jordanienne dissout la branche locale des Frères musulmans

L'organisation, classée comme "terroriste" par les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et l'Egypte, est à l'inverse soutenu par la Turquie et le Qatar

Le drapeau jordanien (Crédit : shutterstock)
Le drapeau jordanien (Crédit : shutterstock)

La Cour de cassation jordanienne a dissous la branche locale des Frères musulmans, confirmant l’illégalité dans le royaume de ce mouvement islamiste transnational, dans le collimateur de plusieurs pays arabes.

« La Cour de cassation a rendu mercredi son arrêt définitif sur la dissolution du groupe des Frères musulmans qui ont perdu leur statut juridique car celui-ci n’a pas été rectifié selon les critères de la loi » de 2014 sur les partis et associations, a indiqué un responsable qui a requis l’anonymat.

La branche politique du mouvement est tolérée depuis des décennies en Jordanie mais les autorités considèrent l’association en tant que telle comme illégale car sa licence n’a pas été renouvelée après 2014.

Le mouvement a continué à être actif mais ses relations avec les autorités se sont notamment détériorées après que le gouvernement a approuvé en 2015 la création d’une formation dissidente, née d’une scission au sein de la confrérie et baptisée… Association des Frères musulmans.

La direction de cette nouvelle formation avait affirmé avoir agi pour couper les liens avec la confrérie en Egypte, berceau du mouvement qui été classé groupe « terroriste » par Le Caire et dont des milliers de membres sont désormais en prison.

Les forces de sécurité jordaniennes avaient fermé en 2016 sept des sièges de la confrérie, notamment celui d’Amman, pour les attribuer à la nouvelle association.

Les Frères musulmans ont accusé les autorités de chercher à exploiter des divisions en leur sein pour les affaiblir et ont saisi la justice, arguant disposer d’une licence en vertu de lois datant des années 1940 et 1950.

Le chef du Front de l’action islamique (FAI) – vitrine politique des Frères musulmans -, cheikh Hamza Mansour a indiqué que le mouvement ferait appel de l’arrêt de la Cour de cassation rendu mercredi.

« La confrérie a toujours soutenu la nation (…) et est un modèle de modération et un important élément du renforcement de l’unité nationale. La dissoudre n’est donc pas dans l’intérêt national », a-t-il déclaré à l’AFP.

Les Frères musulmans entretiennent des relations tendues avec le pouvoir depuis les révoltes du Printemps arabe de 2011 lors desquelles ils avaient été à l’initiative de manifestations.

Après avoir boycotté les législatives en 2013, la confrérie, qui promeut la fusion du religieux et du politique, était revenue en force au Parlement lors des élections de 2016.

Le FAI avait alors remporté 16 sièges sur 130 grâce à un amendement de la loi électorale.

Les prochaines législatives devraient avoir lieu d’ici la fin de l’année mais la pandémie de Covid-19 a fait douter certains de leur tenue dans ce délai.

La question est aussi de savoir si la décision de la Cour de cassation aura un impact sur la participation du FAI au prochain scrutin.

La confrérie des Frères musulmans est le mouvement le plus ancien de l’islamisme sunnite. Elle a été fondée en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna.

Au cours de son histoire, le mouvement a oscillé entre opposition violente au pouvoir et collaboration, entre plaidoyers pour un Etat islamique et promesses de respecter le jeu démocratique.

Dans le sillage du Printemps arabe, le mouvement avait remporté les élections en Egypte, une victoire qui avait été vue d’un mauvais œil dans plusieurs pays de la région.

L’organisation est classée comme « terroriste » par les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite mais aussi par l’Egypte, depuis fin 2013, après le renversement par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi.

Le mouvement est à l’inverse soutenu par la Turquie et le Qatar.

En Jordanie, les Frères musulmans disposent d’une large base au sein de la population et sont actifs dans l’organisation de manifestations en soutien aux Palestiniens.

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