La famille de l’ex-otage Keith Siegel raconte comment il a « surmonté l’enfer » à Gaza
Shir Siegel a expliqué que son père a puisé de la force lorsqu'il a vu, en captivité, la mobilisation des Israéliens en sa faveur, mais a été consterné par la discorde ambiante

La famille de Keith Siegel, otage israélo-américain libéré samedi, a tenu une conférence de presse, au cours de laquelle elle a partagé un premier témoignage de l’ex-otage sur les conditions inhumaines de sa captivité, et a demandé pardon à tous ceux qui ont perdu des êtres chers dans la guerre contre le Hamas, tout en remerciant les soldats tombés au combat et les familles endeuillées pour leur sacrifice.
« Notre Keith nous est revenu, comme c’est bon de l’avoir à la maison », a déclaré Aviva Siegel, l’épouse de Keith, qui avait également été enlevée le 7 octobre et détenue pendant près de deux mois avant d’être libérée dans le cadre d’un précédent accord de libération d’otages et de cessez-le-feu.
« Pour moi, voir Keith avec nous, en vie, en train de respirer, de manger, de sourire, d’être ému, est la chose la plus étonnante, la plus énorme, la plus incroyable », a-t-elle déclaré.
L’épouse de l’ex-otage a remercié le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’équipe de négociation qui a obtenu l’accord, le gouvernement, le cabinet et le gouvernement américain, ainsi que l’ancien président américain Joe Biden, pour leur soutien et leur travail en vue de ramener Keith à la maison.
Aviva Siegel a également lu son message en anglais après avoir terminé son intervention en hébreu.
Sa fille Shir s’est exprimée plus longuement. Elle a raconté que son père, qui est revenu amaigri et affaibli, mais qui marchait par ses propres moyens, a été détenu dans des conditions inhumaines à Gaza pendant 484 jours, par des terroristes qui l’ont maltraité émotionnellement et physiquement.
Keith a à peine vu la lumière du jour, a été affamé pendant de longues périodes et a été maintenu dans la solitude pendant certaines périodes, a déclaré Shir.
» Mon père a traversé 484 jours, en sachant que chaque instant pouvait être le dernier de sa vie – il savait que ces maudits terroristes pouvaient l’exécuter, ou que la ‘pression militaire’ le tuerait, comme il avait entendu dire que cela était arrivé à des dizaines d’autres otages ».
« J’ai toujours su que mon père était fort, mais je n’avais jamais réalisé à quel point », a-t-elle ajouté. « Mon père n’a pas seulement survécu à la captivité, il l’a surmontée en agissant avec détermination et foi. »
Selon Shir, son père a dit à la famille avoir été exposé aux médias à quelques reprises pendant sa captivité. Il a trouvé de la force en voyant les Israéliens et l’armée se battre pour ramener les otages à la maison, mais il a aussi été brisé en voyant la discorde, la violence et l’incitation à la violence dans la société israélienne.

« L’une des premières choses que mon père a dites après son retour a été : ‘Que puis-je faire pour aider à ramener tout le monde à la maison ?’ », a-t-elle raconté.
« Les yeux larmoyants et la gorge nouée, mon père n’est pas prêt à baisser les bras. Même s’il est très faible et qu’il a une longue rééducation devant lui, il veut faire ce qu’il peut pour les sortir de l’enfer », a-t-elle ajouté.
Selon Shir Siegel, la société israélienne doit s’intéresser à ceux qui reviennent de captivité pour en apprendre davantage sur Israël en tant que nation et en tant que peuple.

Elle a indiqué que depuis son retour, son père leur avait demandé de lui raconter ce qui s’était passé dans le kibboutz Kfar Aza, leur maison, lors de l’attaque du Hamas, et de passer en revue la liste des noms des 64 personnes qui ont été tuées.
« Il n’arrivait pas à croire que tant de ses amis et voisins avaient été tués », raconte-t-elle.
La fille de l’otage libéré a ensuite demandé aux personnes présentes d’incliner la tête pour implorer le pardon.
« Je suis désolée pour ceux qui ont perdu leurs proches afin que mon père et les autres otages puissent rentrer à la maison », a-t-elle déclaré. « Je suis désolée pour ceux qui ont reçu un coup à la porte [les informant de la mort d’un être cher] pour que nous puissions recevoir la vie. »
« Je suis désolée pour les citoyens, les soldats et les forces de sécurité qui ont sacrifié leur vie pour nous, pour l’État d’Israël. Je suis désolée et je vous remercie. Et je suis désolée pour les otages qui étaient vivants et qui ont été tués en captivité. Notre rêve était de les voir avec nous à la maison, et cela n’aurait pas dû se passer de cette façon ».
Enfin, elle a évoqué le conflit interne en Israël concernant l’accord de cessez-le-feu qui a permis à son père d’être libéré et qui prévoit également la libération des Palestiniens condamnés pour terrorisme, dont des centaines purgent des peines de prison à perpétuité pour avoir participé à des attentats meurtriers.
Shir Siegel a déclaré que tout Israël partageait la crainte exprimée par les opposants à l’accord quant à son coût. « Si seulement il était plus facile de ramener tout le monde à la maison », a-t-elle déclaré.
Elle a conclu en disant que même si elle sait que tous les Israéliens ne sont pas d’accord avec l’accord, elle pense que « nous, en tant qu’Israéliens, en tant que Juifs, en tant que peuple et en tant que société, apprendrons à gérer les complexités et, plus important encore, à être unis après cette période complexe ».