La guerre entre Israël et le Hamas influence la politique locale à New York
Les candidats progressistes des primaires démocrates des 5 boroughs de la ville lient la critique d'Israël aux problèmes locaux de brutalité policière et de législation fiscale
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

New York Jewish Week via JTA – La primaire entre le représentant Jamaal Bowman et George Latimer est devenue l’un des scrutins les plus suivis du pays en raison de l’importance qu’elle accorde à Israël.
Cette question internationale est également centrale aux primaires démocrates dans les cinq districts de New York, où les candidats progressistes à l’Assemblée de l’État ont lié leur critique d’Israël à toute une série de problèmes locaux, allant des brutalités policières à la législation fiscale de l’État.
Certaines de ces courses impliquent les Socialistes Démocrates d’Amérique (DSA), le groupe progressiste qui soutient Bowman et qui critique depuis longtemps Israël avec virulence. Le groupe s’est attiré les foudres des démocrates, y compris de certains de ses propres membres, pour un rassemblement anti-Israël annoncé en plein milieu de l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre.
Le site web du parti met en avant la guerre Israël-Hamas et cible l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le lobby pro-israélien que Bowman et ses alliés ont attaqué à plusieurs reprises pour les millions de dollars qu’il a déversés dans la campagne de Latimer.
« La Palestine est sur le bulletin de vote », dit la page d’accueil. « L’AIPAC et ses alliés font équipe avec les Républicains pour attaquer les socialistes démocratiques qui s’opposent au génocide. Faites du bénévolat dans l’une des campagnes que nous soutenons pour les candidats du cessez-le-feu. »
Dans le 56e district de l’Assemblée de l’État de New York, à Bedford-Stuyvesant et Crown Heights, la députée en place Stefani Zinerman devra faire face à Eon Huntley, de la DSA.
Huntley a envoyé des tracts de campagne reprenant le thème de la guerre du parti et dénonçant le financement de Zinerman, qui serait soutenue par le Solidarity PAC pro-Israël, qui finance les candidats pro-Israël au niveau de l’État. (Zinerman a condamné l’attaque du Hamas mais ne semble pas s’être exprimée sur la question).
« Eon Tyrell Huntley appelle à un cessez-le-feu permanent et immédiat à Gaza et à la fin de l’aide américaine aux crimes de guerre d’Israël en Palestine », peut-on lire sur un tract de Huntley. « Il s’élèvera toujours contre l’oppression violente des travailleurs, qu’il s’agisse d’un génocide financé par les États-Unis en Palestine ou de la brutalité policière ici même à New York. »

Deux autres courses à New York opposent des candidats DSA anti-Israël à des politiciens qui seraient soutenus par Solidarity PAC.
Dans le 82e district du Bronx, Michael Benedetto, en poste depuis vingt ans, affrontera Jonathan Soto de la DSA. La guerre n’a pas été un enjeu majeur dans la course, mais Soto a qualifié son adversaire de « pro-guerre » et s’est moqué de la démocratie israélienne. Il soutient un projet de loi qui supprimerait les avantages fiscaux des organisations qui, selon ses partisans, « financent les crimes de guerre commis par les unités militaires israéliennes qui ravagent Gaza ».
« Les forces de droite veulent étouffer le souhait de mes voisins du Bronx qui exigent un cessez-le-feu immédiat », a indiquait Soto en mars dernier. Benedetto n’a pas dit grand-chose à ce sujet, mais a écrit sur les réseaux sociaux le mois dernier, en parlant de Soto, sur les « forces marginales hors du district qui financent sa campagne. »
Juan Ardila, membre de l’Assemblée du 37e district du Queens, se représente aux élections, malgré les critiques dont il fait l’objet suite aux accusations d’agression sexuelle. Il sera face à Claire Valdez, de la DSA, et à Johanna Carmona, une modérée soutenue par Solidarnosc.
Claire Valdez a fait de la guerre un thème de sa campagne, expliquant qu’elle n’avait pas voté aux primaires présidentielles en signe de protestation. Elle avait déjà accusé Israël de « génocide » le 19 octobre, et ce, avant même le début de l’incursion terrestre israélienne dans la bande de Gaza.
« Nous savons que nos destins et nos luttes, de Gaza au Queens, sont liés », a-t-elle affirmé au début du mois.

Lors d’un récent forum des candidats, Carmona a tenté d’adopter une position exprimant sa sympathie pour les Palestiniens et les Israéliens. Elle a évoqué les violences sexuelles commises par le Hamas le 7 octobre et après cette date.
« Ce qui se passe en Palestine est horrible. Ce qui s’est passé le 7 octobre est horrible », a-t-elle souligné, selon la publication locale QNS. « Assister à des morts insensées est très pénible pour nous tous, ici, au sein de notre communauté. Mais en plus de cela, après avoir vu ce qui s’est passé le 7 octobre, et les violences sexuelles, je ne cautionnerai jamais l’utilisation d’une arme à feu, surtout pas en tant que représentante spéciale des victimes ».
Dans le district 50 du nord de Brooklyn, Emily Gallagher de la DSA, qui a critiqué Israël et le financement extérieur de Bowman, se présente contre l’opposante Anathea Simpkins, qui a reçu l’appui de Solidarity PAC.
« Je suis solidaire de nos frères et sœurs juifs et palestiniens, ici et à l’étranger », a indiqué Simpkins, selon la publication locale The City. « Je suis pour un cessez-le-feu et pour ramener les otages chez eux. »