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La justice grecque refuse toute indulgence envers le parti néonazi Aube dorée

La Cour pénale d'Athènes a rejeté toutes les circonstances atténuantes susceptibles d'alléger les peines des dirigeants jugés coupables de "direction d'organisation criminelle"

Nikos Michaloliakos, président du parti grec d'extrême-droite Aube dorée, à Athènes, le 3 février 2018. (Crédit : AP Photo/Yorgos Karahalis)
Nikos Michaloliakos, président du parti grec d'extrême-droite Aube dorée, à Athènes, le 3 février 2018. (Crédit : AP Photo/Yorgos Karahalis)

La Cour pénale d’Athènes a rejeté lundi toutes les circonstances atténuantes susceptibles d’alléger les peines de prison encourues par les dirigeants du parti néonazi Aube dorée, reconnus coupables la semaine dernière de « direction d’organisation criminelle ».

Le chef d’Aube dorée Nikos Michaloliakos, négationniste et admirateur du national-socialisme, ainsi que six autres cadres du parti néonazi dont l’eurodéputé Ioannis Lagos, l’ancien porte-parole du parti Ilias Kassidiaris, et le député Christos Pappas, bras droit de Michaloliakos, encourent jusqu’à quinze ans de prison.

Tous les sept, reconnus coupables d’avoir dirigé une organisation criminelle, avaient demandé des circonstances atténuantes, ce que la cour pénale d’Athènes a rejeté lundi matin, a annoncé aux journalistes la procureure Adamantia Economou. 

Les peines ne seront probablement pas prononcées avant mercredi, selon des avocats sur place.

Leur annonce a été retardée car l’ex-cadre d’Aube dorée Ioannis Lagos a réclamé le remplacement des trois juges de la cour pénale dont il estime le verdict « partial », selon son avocat Constantinos Plevris.

« Les juges seront jugés pour les outrages qu’ils ont commis », a déclaré Ioannis Lagos aux journalistes devant le palais de justice, annonçant qu’il prévoyait de faire appel devant la Cour européenne des droits de l’homme. Il estime que les membres du gouvernement grec ont cherché à influencer le jugement.

Devant la cour pénale d’Athènes, quelques centaines de manifestants anti-fascistes s’étaient rassemblés lundi matin, espérant le prononcé de lourdes peines de prison. « Pas de circonstances atténuantes pour les criminels nazis », pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les manifestants, a constaté un vidéaste de l’AFP.

Après cinq ans et demi d’audiences, la cour a unanimement qualifié mercredi le parti paramilitaire « d’organisation criminelle » dans un verdict qualifié « d’historique » par la présidente de la République et toute une frange de la classe politique grecque.

Elle a établi la culpabilité d’Aube dorée dans plusieurs crimes, en particulier le meurtre en 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, celui du Pakistanais Sahzat Luckman, en 2013, ainsi que l’agression de pêcheurs égyptiens en 2012 et de syndicalistes communistes en 2013.

Plus d’une cinquantaine de personnes, dont 18 anciens députés d’Aube dorée, ont été reconnues coupables de crimes divers : direction d’une organisation criminelle, meurtre, agression, possession illégale d’armes… Une dizaine des 68 accusés ont été acquittés.

Des membres du parti néo-nazi Aube dorée en soutien au leader du parti en 2014. (Crédit : ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

« Nous avons été condamnés sur nos idées »

La police a interdit une manifestation lundi de sympathisants d’Aube dorée à l’appel de Ioannis Lagos, qui estime avoir été condamné par « une équipe tétanisée de petites gens répondant aux ordres et piétinant le droit dans tous les sens ».

Lundi, son avocat Constantinos Plevris, sympathisant nazi et auteur d’un livre antisémite, a déclaré à la cour avoir l’impression d’être devant « un tribunal de la Révolution française », estimant le verdict influencé par la grande manifestation antifasciste (20 000 personnes) qui se tenait mercredi devant le tribunal.

Le chef et fondateur du parti paramilitaire Nikos Michaloliakos a également rejeté sa condamnation la semaine dernière sur Twitter.

« Nous avons été condamnés sur nos idées », a-t-il tweeté. « Quand les immigrés illégaux sont majoritaires en Grèce, quand (le gouvernement) cède à tout devant la Turquie, quand des millions de Grecs sont au chômage dans la rue, ils se souviendront d’Aube dorée ». Son compte a été ensuite suspendu par Twitter.

Le meurtre du militant de gauche et rappeur Pavlos Fyssas, dans la nuit du 18 septembre 2013, avait choqué la Grèce en pleine crise financière et contraint les autorités à poursuivre le parti néonazi, responsable de meurtres et de violences contre des migrants et des militants de gauche depuis les années 1990 mais qui avait bénéficié jusque là d’une quasi-impunité.

Dans cette affaire, Yorgos Roupakias, membre d’Aube dorée, a été reconnu coupable « d’homicide volontaire » par la cour pénale d’Athènes et risque la prison à perpétuité.

Ce procès fleuve a entraîné progressivement le déclin d’Aube dorée, troisième force politique en 2015, qui n’a obtenu aucun siège au Parlement aux dernières législatives de juillet 2019.

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