Israël en guerre - Jour 372

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La mystérieuse borne aurait été érigée en hommage à un empereur romain

Trouvée dans un jardin du Moshav Ramot, une borne vieille de 1 800 ans - d'abord indéchiffrable - a apporté la preuve du bref règne de Maximinus Thrax au 3e siècle

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Les chercheurs de l'université de Haïfa inspectent la borne romaine de Moshav Ramot qui porte le nom de l'empereur Maximinus Thrax. (Crédit : Susita Excavation/Université de Haïfa)
Les chercheurs de l'université de Haïfa inspectent la borne romaine de Moshav Ramot qui porte le nom de l'empereur Maximinus Thrax. (Crédit : Susita Excavation/Université de Haïfa)

Une borne remontant à l’ère romaine découverte dans le jardin d’un résident du Moshav Ramot s’est avérée finalement être la preuve du règne d’un roturier qui devait devenir roi. Selon un communiqué de presse de l’université de Haïfa, le nom de l’empereur romain Maximinus Thrax a été déchiffré, le mois dernier, à partir d’une inscription en grec, taillée dans une large borne cylindrique vieille de 1 800 ans qui était pourtant restée incompréhensible pendant des décennies.

Des bornes massives avaient été placées tous les kilomètres et demi le long de ette route romaine longue de 1500 kilomètres construite en Israël. Cette nouvelle borne avait été trouvée, ainsi que deux autres, en 2018 à Moshav Ramot, petite communauté agricole du plateau du Golan qui se trouve sur une ancienne route romaine de 2 000 ans qui rejoint la ville antique de Sussita (Hippos) au Golan.

La borne a tout d’abord servi de décoration de jardin pendant plusieurs années après la guerre des Six jours et les tentatives visant à déchiffrer ses inscriptions auront été nombreuses – en recourant notamment à une imagerie high-tech en 3 D de la pierre. Et c’est finalement le nom de Maximinus Thrax qui a été trouvé par le docteur George Stab de l’université de Cologne, qui a utilisé pour ce faire une méthode traditionnelle qui a fait ses preuves : Le frottage. A cause de la surface irrégulière de la pierre, l’inscription était – au mieux – rudimentaire et il a fallu des mois pour pouvoir la déchiffrer, a expliqué le docteur Michael Eisenberg, chef du projet de fouilles de Sussita-Hippos.

Stab, spécialiste de l’épigramme grec, est venu rejoindre récemment l’équipe d’archéologues travaillant sur un projet en cours depuis 20 ans de fouilles dans la ville ancienne de Sussita (Hippos), à la frontière orientale du lac de Tibériade. Le projet vise plus globalement à en savoir davantage sur la vie dans la ville aux époques romaine et byzantine et sur ses interactions – agricoles et autres – avec les villages environnants.

Le chercheur de l’université de Haïfa Michael Eisenberg inspecte la borne romaine de Moshav Ramot qui porte le nom de l’empereur Maximinus Thrax. (Crédit : Susita Excavation/Université de Haïfa)

A travers l’utilisation de nouveaux algorithmes de cartographie, les archéologues Eisenberg et Michael Azband, de l’université de Haïfa, et l’assistant de recherche Adam Pazut ont décidé de faire des fouilles au Moshav Ramot pour tenter de prouver là-bas la présence d’une route romaine. La borne, ont déclaré les archéologues dans un communiqué de presse, aurait été placée le long de la route allant de Sussita au Golan.

La découverte de l’inscription qui citait le nom de Maximinus Thrax est significative dans la mesure où elle permet de donner une image plus claire de la route romaine aux derniers jours de l’empire, a déclaré Eisenberg dans un entretien accordé au Times of Israel. Elle permet également de comprendre de manière plus profonde ce qu’était la région.

« Cette borne nous offre des données concernant les mouvements, les transports et les connexions entre la ville et les implantations environnantes », a expliqué Eisenberg.

L’inscription déchiffrée de la borne de Moshav Ramot milstone portant le nom de l’empereur Maximinus Thrax. (Crédit : Sussita Excavation/Université de Haïfa)

La borne ne servait pas seulement de balisage, note Eisenberg, mais elle est aussi la preuve tangible de la stabilité de l’empire en une époque de déchirements intérieurs. « La borne était principalement utilisée comme moyen de propagande », précise-t-il.

« L’administration romaine faisait la démonstration de son contrôle sur les principales artères de circulation sous les auspices des empereurs passés et présents grâce à la formule : ‘Vous êtes en sécurité sous notre protection mais n’oubliez pas que vous ne le devez qu’à l’empire romain », dit Eisenberg dans le communiqué de presse.

Portrait en marbre de Maximinus Thrax, qui avait gouverné l’empire romain entre 235 et 238 de l’ère commune (Crédit : Domaine public via wikipedia)

Né dans une famille défavorisée aux environs de l’an 173, Maximinus est décrit par les historiens romains comme un « barbare » et même un bandit avant son service militaire. Entré simple soldat au sein de l’armée, il s’était élevé dans ses rangs jusqu’à commander la fameuse Legio IV Italica. Finalement, la garde prétorienne d’élite devait le nommer empereur en l’an 235 avec la confirmation du sénat.

Mais son règne n’avait pas duré longtemps. En l’an 238, « l’année des six empereurs », alors qu’il marchait vers Rome, en proie aux agitations, ses troupes l’avaient abandonné et lui et son fils avaient été assassinés par une unité hors-la-loi, et leurs têtes piquées sur les bâtons exhibées.

Avant sa mort horrible, Maximinus aura donc été immortalisé sur une borne utilisée pour baliser une route existante qui, peut-être, avait été rénovée pendant son règne. La borne a été trouvée – ce qui est peu habituel – au nord du lac de Tibériade.

« Dans la mesure où la route elle-même avait été construite bien plus tôt, le nom de l’empereur indique apparemment des rénovations extensives qui auront eu lieu pendant cette période, quand l’empire romain était en déclin et que des travaux de construction de cette nature étaient devenus de plus en plus rares », note Eisenberg dans le communiqué de presse de l’université de Haïfa.

Vue aérienne des fouilles de Sussita (Crédit : Fouilles de Sussita/ université de Haïfa)

Selon un article paru en 1983 et intitulé « Le système routier romain en Judée », rédigé par le professeur Israel Roll, un archéologue, plus de 40 artères et environ 1 500 kilomètres de routes romaines avaient été construites dans la province de Judée jusqu’au nord de Beer Sheva entre le milieu du 1er et le milieu du 4e siècle. « Le réseau routier peut être considéré comme le principal projet de construction de l’administration impériale en Judée », note-t-il dans son article, ajoutant que la croissance de la Palestine romaine a été le résultat de la construction de la route, et non le contraire.

Depuis 1970, les chercheurs qui travaillent avec l’IMC (Israel Milestone Committee) ont tenté de « réaliser une étude systématique de tous les vestiges qui existent encore et qui sont liés aux routes avec pour objectif de fournir une image détaillée du réseau routier romain en Israël », dit le site internet de l’IMC.

Selon le site internet, l’exploration du réseau routier romain a commenté avec un projet de cartographie au début des années 1870 réalisé par le Fonds d’exploration palestinien. Le travail de l’IMC continue avec notamment la numérisation de toutes les inscriptions de bornage. Eisenberg salue, dans le communiqué, le travail de l’IMC, précisant que l’inscription de Maximinus devrait rejoindre rapidement les précieuses archives numériques.

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