Israël en guerre - Jour 536

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La présidente de la Cour Suprême fustige un député du Likud pour propos calomnieux

Dans une lettre ouverte à David Amsalem, Esther Hayut récuse les accusations de racisme envers les Juifs sépharades

Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Esther Hayut (à gauche) et David Amsalem (à droite) (Flash90)
Esther Hayut (à gauche) et David Amsalem (à droite) (Flash90)

La présidente de la Cour suprême, la juge Esther Hayut, a envoyé jeudi un courrier au député de l’opposition David Amsalem, s’insurgeant contre la « haine » des remarques formulées par le député la veille au soir, suggérant que la juge et ses collègues avaient des préjugés racistes contre les Juifs sépharades.

Il s’agit d’une réponse assez exceptionnelle de la part d’un juge en chef à un député, mais ce n’est pas la première fois que Hayut récuse les accusations portées sur le travail de la cour.

En décembre déjà, elle lui avait adressé un courrier d’avertissement à la suite de débordements similaires.

Mercredi soir, Amsalem s’était emporté lors d’une assemblée plénière de la Knesset, après que la Cour suprême a rejeté plus tôt dans la journée trois recours déposés contre le gouvernement au sujet de nominations et de possibles conflits d’intérêts.

« Au lieu d’écrire des absurdités parfaitement inutiles que vous ne comprenez pas vous-même, écrivez ‘M. Amsalem, je ne vous supporte pas, je ne supporte ni les Amsalem ni les Machluf, et je ne vous aiderai pas car [le système judiciaire] est à nous et vous n’appartenez pas à nos normes et à notre monde’ », a déclaré Amsalem, citant des noms de famille à consonance sépharade de Juifs expulsés ou immigrés de pays arabophones ou musulmans après la création de l’État d’Israël.

Machluf est le deuxième prénom du chef du parti Shas, Aryeh Deri, qui a affirmé que sa condamnation pour infraction fiscale avait été influencée par ses origines.

Amsalem a déclaré que Hayut dénigrait tous ceux dont les noms ne se terminent pas par « vitch » -une référence aux noms ashkénazes-, a qualifié la Cour suprême de « corrompue » et suggéré que Hayut et ses pairs étaient ivres d’arak, l’alcool aromatisé à l’anis, lorsqu’ils avaient rejeté ses recours. Il s’agit là d’une accusation déjà portée par Amsalem à l’encontre de juges dans le passé.

David Amsalem, député du Likud, à la tribune de la Knesset, le 2 septembre 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Dans une lettre ouverte au député du Likud publiée jeudi matin, Hayut écrit que c’est « avec regret que j’ai entendu les mots diffamatoires » proférés contre elle et ses collègues juges, et note qu’il ne s’agit pas de la première attaque d’Amsalem.

« Il n’y a rien de plus faux que d’affirmer que je ne supporte pas les Amsalem et les Machluf », précise-telle. « Je me demande d’où vient ce poison et cette haine qui vous amènent à dire de telles choses sur les gens que vous ne connaissez pas du tout. »

Hayut écrit qu’elle est née dans un camp de transit et a grandi dans une communauté comprenant des Juifs de tous horizons, avec « beaucoup d’Amsalem et de Machluf » aux côtés de « Moskovitch, Herschkovitz et Ravitch ».

« Enfants, nous jouions ensemble dans le quartier et étudiions ensemble en classe, et l’amitié qui s’est développée entre nous en tant qu’enfants vit encore aujourd’hui, parce que nous avons choisi l’amour fraternel et le respect mutuel », écrit Hayut.

« J’aime partager un verre d’arak avec ma famille et mes amis, mais cela n’a aucun lien avec les décisions de justice que je rends avec mes collègues », poursuit Hayut. « Celles-ci sont rendues avec un esprit clair et sont fondées sur la loi, au mieux de nos capacités et de nos connaissances juridiques – et rien d’autre. »

« Je crois que le niveau de responsabilités que nous avons eu le privilège d’atteindre, nous – vous et moi – impose le devoir de faire le bien, de contribuer à l’unité en Israël et non de semer la division et les provocations. Réfléchissez-y », conclut Hayut.

La présidente de la Cour suprême israélienne, Esther Hayut, photographiée au tribunal de Jérusalem, le 4 mai 2020. (Oren Ben Hakoon/POOL)

Amsalem a répondu que les « absurdités » de Hayut ne faisaient qu’empirer les choses.

S’adressant à la station de radio de droite Galey Israel, Amsalem s’est déclaré surpris par le courrier, les juges ne répondant généralement pas aux responsables publics. Il a suggéré que Hayut essayait ainsi de couvrir son parti pris en prétendant connaître les Juifs d’origine orientale.

« Certains racistes que je rencontre me disent ‘ma fille a épousé un [Juif] de l’Est’ », a déclaré Amsalem, selon une information de la Douzième chaine à propos de l’interview.

Amsalem a également défié Hayut : « Je ne suis pas moins intelligent que vous. Je suis prêt à m’asseoir avec vous [pour discuter] de n’importe quel sujet que vous choisirez: ainsi, vous comprendrez à qui vous avez affaire. »

Se référant à la lettre de Hayut, Amsalem a déclaré n’y voire « que de la méchanceté ».

Les juges de la Cour suprême arrivent pour une audience à la Cour suprême à Jérusalem le 24 février 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre de la Justice, Gideon Saar, est intervenu pour déclarer qu’Amsalem exprimait les points de vue du chef de l’opposition Benjamin Netanyahu, et que ces commentaires faisaient partie d’attaques régulières contre le système judiciaire depuis le début du procès pour corruption de l’ancien Premier ministre.

« La voix est celle de Dudi, mais c’est la main de Bibi », a tweeté Saar, faisant référence à Amsalem et Netanyahu en utilisant leurs surnoms respectifs.

« Les attaques incessantes du député Amsalem contre la Cour suprême, ses juges et présidents font partie d’une campagne systématique de dénigrement et délégitimation des institutions judiciaires du pays, campagne fondée sur des intérêts personnels dans le cadre du procès de Netanyahu. Le but de ces attaques est d’intimider les juges israéliens. Je ne les laisserai pas détruire le pays ! »

Netanyahu, cependant, a pris le parti de la juge en chef.

« J’ai parlé à Hayut, et je lui ai dit clairement que les propos [d’Amsalem] étaient inacceptables », a déclaré Netanyahu.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) dirige une réunion de la faction du Likud à la Knesset le 24 décembre 2018, confirmant la tenue d’élections anticipées. A ses côtés se trouve le chef de la coalition David (Dudi) Amsalem. (Yonatan Sindel/FLASH90)

En décembre, Hayut avait indiqué dans un courrier aux juges israéliens que les attaques continues des politiciens contre le système judiciaire « devraient inquiéter tous ceux qui se soucient de l’indépendance du système judiciaire ».

Cette lettre avait été rédigée après une attaque d’Amsalem, connu pour son style bravache, contre le juge de la Cour suprême David Mintz pour une décision rendue sur une requête déposée par Amsalem. Ce dernier avait alors suggéré que le juge était ivre quand il l’avait rendue.

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