La « résistance » devrait reprendre le combat contre Israël, dit un journal proche du Hezbollah
Selon le rédacteur en chef d'Al-Akhbar, qui accuse Israël de violer la trêve et qui affirme que l'Occident et les "souverainistes" libanais ferment les yeux, la résistance est le seul recours
Un journal proche du Hezbollah a appelé samedi à la reprise des combats contre Israël, accusant la communauté internationale et l’opposition libanaise au groupe terroriste chiite de fermer les yeux sur les violations israéliennes présumées de l’accord de cessez-le-feu conclu il y a un mois.
Dans un éditorial intitulé « Nous devons résister aux violations de l’ennemi », le rédacteur en chef d’Al-Akhbar, Ibrahim Al-Amine, a accusé Israël de détruire à grande échelle le sud du Liban, d’empêcher des dizaines de milliers de personnes de rentrer chez elles et d’entraver le travail des équipes de la défense civile qui récupèrent les corps des « combattants martyrs de la résistance ».
« Bien que les gens soient fatigués de la guerre et qu’ils ne veuillent pas être à nouveau déplacés, le coût engendré par la confrontation avec les forces d’occupation [l’armée israélienne] est moins élevé que ce que nous sommes amenés actuellement à payer», a déclaré Amine, qui était considéré comme un confident du chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah Hassan Nasrallah, aujourd’hui décédé.
« La résistance représente le seul recours », a-t-il déclaré, ajoutant qu’elle pourrait être entreprise par le Hezbollah ou par « de nouveaux groupes qui se trouvent en position d’affronter l’occupation [la présence israélienne] ».
L’armée israélienne a réfuté toute violation de l’accord, affirmant que ses frappes sur le sud du Liban visaient les violations commises par le Hezbollah lui-même. Mercredi, Tsahal a déclaré avoir éliminé au moins 44 terroristes du Hezbollah depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Selon Amine, au cours du premier mois de l’accord de cessez-le-feu, Israël a détruit des villes frontalières à une échelle environ « deux fois supérieure à celle qu’il avait détruite » au cours des quatorze mois de guerre au Liban, dans le but de « conserver la bande de territoire qui est située près de la frontière avec la Palestine sans aucun résident ».
La guerre avait été déclenchée lorsque le Hezbollah, sans avoir été provoqué, avait commencé à frapper Israël presque quotidiennement – il avait commencé à le faire dès le 8 octobre 2023, vingt-quatre heures après que le groupe terroriste palestinien du Hamas, soutenu par l’Iran, a pris d’assaut le sud d’Israël. Ce jour-là, les hommes armés en provenance de Gaza avaient tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, et ils avaient enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle, déclenchant ainsi la guerre à Gaza.
Israël a intensifié la campagne contre le groupe terroriste chiite libanais en septembre 2024, décimant pratiquement ses dirigeants, dans le but de mettre fin aux tirs de roquettes persistants qui avaient contraint quelque 60 000 habitants à évacuer le nord du pays.
En vertu du cessez-le-feu signé le 27 novembre, Tsahal a jusqu’à la fin du mois de janvier pour se retirer du sud-Liban, où elle sera remplacée par l’armée libanaise et la force internationale de maintien de la paix, la FINUL.
L’accord confie la surveillance du cessez-le-feu à un comité de cinq membres composé de représentants de la FINUL, des États-Unis, de la France, d’Israël et du Liban. Selon l’accord, Israël a le droit d’agir contre les menaces immédiates, mais doit transmettre au comité les plaintes concernant les menaces à plus long-terme.
Amine a affirmé que le comité était défaillant dès le départ parce que ses membres étaient impuissants à empêcher Israël de faire « tout ce qu’il juge approprié ».
Le rédacteur en chef s’est appuyé sur « des voix , au sein des partis européens ou des voix d’officiers de la force internationale » pour affirmer que les attaques israéliennes légitimaient des représailles du Hezbollah. D’autre part, les États-Unis « se moquent » des violations présumées d’Israël, même si elles sont « embarrassantes » pour Washington.
Amine a déclaré que le puissant président du Parlement libanais, Nabih Berri, soutenu par le Hezbollah, avait exhorté les États-Unis à prendre des mesures, mais en vain. Le rédacteur en chef a également déclaré que le Premier ministre intérimaire libanais Najib Mikati n’avait reçu aucune « réponse convaincante » après avoir averti ses interlocuteurs occidentaux que « ce que fait Israël sape l’accord [de cessez-le-feu] et menace de le renverser ».
En revanche, le rédacteur en chef a critiqué les politiciens libanais qui, selon lui, « adoptent le discours de l’ennemi » en soulignant la présence de combattants du Hezbollah au sud du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres au nord de la frontière, contrairement aux termes de l’accord de cessez-le-feu.
Amine a estimé que les « souverainistes » – les partis opposés à l’État dans l’État du Hezbollah – « couvrent la folie de l’ennemi » et les a accusés d’avoir « expulsé les habitants des villages du sud ». Il a ajouté que les forces anti-Hezbollah « sont soutenues et financées par des pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis », deux adversaires régionaux de l’Iran, le mécène du groupe terroriste chiite libanais.