La Syrie appelle Israël à se retirer de son territoire
Benjamin Netanyahu a déclaré qu'Israël ne tolérerait pas la présence des rebelles islamistes dans le sud de la Syrie alors que l'armée israélienne a établi une base sur le versant syrien du mont Hermon

La Syrie condamne l’incursion d’Israël au-delà de ses frontières et lui demande de se retirer, dans la déclaration de fermeture d’un sommet sur le dialogue national organisé par les nouveaux dirigeants islamistes de la Syrie pour définir la feuille de route politique du pays.
Les participants à la conférence de dialogue national à Damas ont dénoncé mardi les « déclarations provocatrices » du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu selon lesquelles son pays ne permettrait pas aux forces syriennes de se déployer au sud de Damas.
Dans une déclaration finale lue par la membre du comité préparatoire, Hoda al-Atassi, les participants ont souligné leur « rejet des déclarations provocatrices du Premier ministre israélien » et ont condamné « l’intrusion israélienne dans les territoires syriens ».
Netanyahu a déclaré dimanche qu’Israël ne tolérerait pas la présence de HTS dans le sud de la Syrie, ni de toute autre force affiliée aux nouveaux dirigeants du pays, et a exigé pour que le territoire soit démilitarisé.
« Nous n’autoriserons pas que les forces de l’organisation HTS [le groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham, dont les forces ont renversé le président Bachar al-Assad en décembre, NDLR] ou que la nouvelle armée syrienne entrent dans la zone au sud de Damas », avait-il ajouté.
Dans le centre-ville de Soueida, chef-lieu de la province éponyme située dans le sud de la Syrie, peuplée majoritairement par la communauté druze, des centaines de personnes se sont aussi rassemblées pour protester contre ces déclarations.
A Damas, des dizaines de manifestants se sont également réunis devant le siège de l’ONU, selon des photographes de l’AFP.
« Je suis ici pour soutenir les habitants de mon pays et pour affirmer que la Syrie est souveraine sur l’intégralité de son territoire », a déclaré à l’AFP l’artiste plasticienne Marwa al-Maqbil.
Des manifestations similaires ont eu lieu à Deraa et Quneitra dans le sud, à Lattaquié et Tartous dans l’ouest, et à Alep, dans le nord, selon l’agence de presse officielle Sana.
Après la chute d’Assad, ses forces avaient abandonné leurs positions dans le sud du pays.
Israël a fait entrer ses forces dans la zone démilitarisée de la Syrie, placée sous la surveillance des Nations unies, après que les rebelles djihadistes menés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), une ancienne filiale d’Al-Qaïda, ont renversé l’ancien dictateur Bashar el-Assad en décembre.
« J’entends parler de transition en Syrie », a déclaré mardi Gideon Saar lors de la deuxième réunion du Conseil d’association UE-Israël depuis 2012. « C’est ridicule. Le nouveau gouvernement est un groupe terroriste islamiste djihadiste d’Idleb. »
Des partis de l’administration autonome kurde ont eux déploré que la conférence de dialogue national qui se tenait mardi à Damas ne représentait pas fidèlement la réalité des composantes de la Syrie.
Dans un communiqué, 35 partis de l’administration autonome kurde affirment que « la véritable conférence du dialogue national doit être inclusive », soulignant que les conférences actuelles étaient « organisées avec une représentation purement symbolique d’individus ne reflétant pas la réalité des composantes de la société syrienne ».
« Elles n’ont ni sens ni valeur et […] ne contribueront pas à trouver des solutions concrètes à la crise que traverse le pays. »
L’administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord-est du pays, ou ses organismes affiliés, n’ont pas été invitées à la conférence de dialogue national sur l’avenir du pays, qui s’est ouverte deux mois et demi après la chute de Bashar el-Assad.
Selon les organisateurs, aucune formation ayant conservé ses armes n’a été conviée, faisant référence aux Forces démocratiques syriennes (FDS), la branche militaire de l’administration autonome.
Fin janvier, le ministre de la Défense Israel Katz avait lui déclaré, lors d’une visite sur le versant syrien du mont Hermon, que l’armée israélienne y resterait finalement indéfiniment, faisant apparemment machine arrière par rapport aux assurances répétées d’Israël selon lesquelles cette mesure était temporaire.
L’armée israélienne a indiqué avoir mené mardi des frappes aériennes visant des sites militaires abritant des armes dans le sud de la Syrie, faisant « au moins deux morts » mardi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Au cours des dernières heures, l’armée israélienne a frappé des cibles militaires dans le sud de la Syrie, notamment des centres de commandement et plusieurs sites contenant des armes », a indiqué l’armée dans un communiqué, sans préciser les lieux exacts des frappes.