La visite de Modi prouve qu’Israël peut améliorer ses liens extérieurs même sans un processus de paix
Au cours de 3 jours bien remplis en Israël, le dirigeant de la nation qui compte la 2e population musulmane plus grande du monde n'a pas mentionné la solution à deux États même une fois
Il ne fait aucun doute que le voyage du Premier ministre indien Narendra Modi en Israël cette semaine a été un véritable succès. La première visite du leader du pays avec la deuxième population musulmane plus grande du monde, qui, il y a quelques décennies, avait insisté sur le fait que ses passeports sont « valables pour tous les pays sauf Israël », a souligné la façon dont les choses ont changé.
La visite de trois jours était pleine de grands gestes – qui comprenait beaucoup des accolades caractéristiques de Modi – et des déclarations mutuelles d’amour et d’admiration. Le voyage bien rempli de Modi comprenait des entretiens politiques avec le gouvernement et le chef de l’opposition et des pourparlers secrets sur l’amélioration de la coordination antiterroriste. Il y a eu une rencontre émouvante avec un garçon juif de 11 ans qui a perdu ses parents lors de l’attaque terroriste de 2008 à Mumbai. Modi a fait un discours lors d’un concert / rassemblement sur fond de musique bollywoodienne pour les Israéliens avec des racines indiennes. Et après avoir présenté ses respects aux six millions de Juifs qui ont péri pendant l’Holocauste, il a décidé spontanément de visiter la tombe du visionnaire sioniste Theodor Herzl.
Un centre de floriculture a nommé une fleur d’après lui, et il s’est promené avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur la plage. Les photos des deux leaders, les pieds nus dans l’eau pendant qu’ils discutaient des techniques de dessalement israéliennes, seront retenus par l’histoire comme l’une des images les plus emblématiques qui sortiront d’Israël depuis que Netanyahu et Barack Obama ont enlevé leur veste à l’aéroport Ben Gurion en mars 2013.
Sur le plan économique, la visite aura également un impact durable et impressionnant. Israël et l’Inde ont créé un fonds pour la recherche et le développement industriel et un fonds pour l’innovation de 40 millions de dollars, et des entreprises individuelles des deux pays ont signé des transactions d’une valeur de plusieurs millions de dollars.
Jérusalem et Delhi ont signé sept accords bilatéraux couvrant la technologie, l’agriculture, l’eau et même la recherche spatiale. « Nous avons déjà convenu que le ciel n’est pas une limite parce que nous le faisons dans l’espace, mais je pense que les talents que nous avons en Inde et en Israël sont étonnants et les possibilités sont incroyables », a déclaré Netanyahu jeudi au lancement du Forum des PDG d’Israël-Inde.
Modi a officiellement invité Netanyahu à venir en Inde, ce dont le dirigeant israélien en rêvait depuis des années.
Mais de toutes ces vagues de compliments payés et des accords signés, ce qui est peut-être le plus frappant dans cette visite historique de Modi étaient peut être les choses qui n’ont pas mentionnées : l’Iran – un allié proche de l’Inde – par exemple. Les actions déstabilisatrices de la République islamique dans la région et les appels continus à la destruction d’Israël n’ont pas été soulevés, ou du moins pas publiquement.
Dans les rencontres avec des leaders mondiaux, même ceux qui ont de bonnes relations avec Téhéran, Netanyahu ne s’abstient généralement pas de parler de l’Iran. En décembre dernier, à Astana, par exemple, il a demandé au président kazakh, Nursultan Nazarbayev, d’envoyer un message à Téhéran. « Demandez … pourquoi l’Iran continue de nous menacer de nous anéantir. Ne comprenez-vous pas : nous ne sommes pas un lapin. Nous sommes un tigre », avait-il dit.
Lors de la visite de Modi, Netanyahu s’est abstenu de faire des déclarations belligérantes dirigées contre Téhéran, malgré le fait que les terroristes iraniens étaient responsables d’une attaque terroriste à New Delhi en 2012, au cours de laquelle un Israélien a été blessé. L’Inde n’a jamais procédé à des arrestations dans cette affaire.
Plus important encore, la question palestinienne était entièrement absente de la visite de Modi. L’intention du chef indien de séparer l’amitié de Delhi avec Israël de son soutien aux Palestiniens était évidente lorsque l’on a su que Modi irait en Israël, mais qu’il ne rendrait pas visite à l’Autorité palestinienne. Mais ce qui était encore plus remarquable était que, dans les différents discours que Modi a faits en Israël, il n’a jamais évoqué la question.
Dans une déclaration conjointe de deux pages, les gouvernements d’Israël et de l’Inde ont publié mercredi, les deux dirigeants ont consacré l’un des 22 paragraphes à leur discussion sur le processus de paix israélo-palestinien. « Ils ont souligné la nécessité d’établir une paix juste et durable dans la région », a-t-il été précisé dans la déclaration. « Ils ont réaffirmé leur soutien à une solution négociée anticipée entre les parties sur la base de la reconnaissance mutuelle et des dispositifs de sécurité ».
Le Premier ministre de l’Inde – un État qui, en 1947, s’est opposé au Plan de partage des Nations unies et, 65 ans plus tard, a soutenu l’octroi du statut d’Etat non membre à ‘l’État de Palestine’ à l’Assemblée générale des Nations unies – n’a pas soutenu l’Etat palestinien une seule fois pendant son séjour ici. Il n’a pas mentionné la solution à deux États ou le principe de deux Etats pour deux peuples.
Par contraste, l’Australie – sans doute le pays le plus pro-israélien du monde d’aujourd’hui – a explicitement « affirmé son soutien à une solution à deux Etats » lorsque Netanyahu a visité Down Under en février.(Ce voyage s’est produit après la cérémonie d’investiture du président américain Donald Trump, lorsque le Premier ministre israélien avait déjà commencé à éviter cette terminologie).
L’Inde, bien sûr, soutient toujours la cause palestinienne. Malgré les relations personnelles excellentes entre Netanyahu et Modi, New Delhi refuse de promettre de changer radicalement sa manière de voter dans les organisations internationales pour voter en faveur de Jérusalem. « Nous voterons pour une résolution fondée sur son mérite et non sur l’amitié », a déclaré l’ambassadeur de l’Inde à Tel Aviv, Pavan Kapoor, au Times of Israel quelques jours avant l’arrivée de Modi.
Qu’une visite réussie, pleine de gestes sympathiques, ne change pas nécessairement les positions bien établies d’un pays sur Israël / Palestine est devenu évident cette semaine, lorsque le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan – les pays à majorité musulmane que Netanyahu a visités il y a sept mois – ont voté en faveur d’une résolution de l’UNESCO refusant Les revendications israéliennes sur la Vieille Ville de Jérusalem.
« Mon espoir est », a déclaré Netanyahou au président ukrainien Nazarbayev à la mi-décembre, « que le grand partenariat que nous construisons ici sera également reflété dans des forums internationaux comme l’ONU. Cela commence à se produire ».
Cela ne s’est évident pas encore produit.
Et pourtant, le voyage de trois jours de Modi, qui comprenait un trajet en hélicoptère vers Haïfa, pendant lequel Netanyahu lui a montré « la taille étroite d’Israël et lui a expliqué la région », selon ses assistants, a sans aucun doute amélioré la compréhension et la sympathie du chef indien pour l’Etat juif.
Le fait qu’il a totalement détaché son soutien de principe pour les Palestiniens de son désir de renforcer les liens avec Jérusalem ne peut être considéré que comme un succès total pour Netanyahu. Il marque également une certaine justification de sa théorie selon laquelle il est possible de renforcer les relations extérieures d’Israël même en l’absence de progrès dans le processus de paix.
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