L’allègement des restrictions en Israël reste conditionné au déclin du virus
La cheffe de la Santé publique évoque "un chemin encore long" avec des cas quotidiens qui doivent passer à moins de 500 ; pour le ministre, la situation peut devenir incontrôlable

Une haute responsable de la santé a averti dimanche que si le taux de mortalité du coronavirus continuait à croître, il n’y aurait pas d’allègement supplémentaire des restrictions mises en place dans le cadre du confinement national – un confinement qui dure déjà depuis six semaines.
La docteure Sharon Alroy-Preis, cheffe de la division des services de santé publique au sein du ministère, a déclaré lors d’une conférence de presse que le passage à la troisième phase de la sortie du confinement n’aurait lieu que lorsque le nombre de cas quotidiens diagnostiqués tomberait au-dessous des 500.
« Le chemin est encore long », a-t-elle souligné.
Les propos d’Alroy-Preis ont été tenus alors que les magasins ont rouvert dans les rues israéliennes, à l’exception de ceux installés à l’intérieur des centres commerciaux. Ils peuvent accueillir quatre personnes maximum à la fois, sous réserve du respect des directives sanitaires, et notamment de la distanciation physique. Les Israéliens ont aussi toujours l’obligation de porter un masque.
Les commerces étaient fermés depuis la mi-septembre, lorsque l’État juif était entré dans un confinement national qui n’avait épargné que les magasins vendant des produits de première nécessité.
Le ministère de la Santé s’était opposé à cette reprise des activités des commerces installés dans les rues en raison du niveau d’infection dans le pays.
« Cette ouverture a eu lieu alors que le taux de mortalité est en hausse et nous avons besoin de savoir comment nous saurons maintenir cette situation de manière à ce qu’elle ne devienne pas incontrôlable pour nous », a-t-elle dit, notant que cette hausse survenait avant même que l’impact total des premières phases d’allègement se soit fait ressentir.

« Nous assistons à l’élévation du taux de reproduction de base », a continué Alroy-Preis. « Et tant que le taux de mortalité augmentera, nous ne serons pas en mesure de continuer à alléger les restrictions ».
Selon la Treizième chaîne, le coefficient de reproduction de base s’élevait à 0,99 dans la journée de dimanche. Toute valeur au-dessus de 1 indique que le taux de morbidité sera amené à croître exponentiellement.
Le confinement national démarré le 18 septembre avait paralysé une grande partie de la vie publique et l’économie, en plus d’interrompre le système éducatif tout entier. Le gouvernement avait commencé à lever certaines limitations il y a quelques semaines, avec l’ouverture des maternelles et des jardins d’enfants, puis la reprise des cours pour les élèves des classes de CP, CE1, CE2 et CM1. Des magasins avaient également pu accueillir à nouveau leurs clients.
Les autres classes, du CM2 au lycée, suivent actuellement les cours à distance.
Si Alroy-Preis a déclaré que tout allègement supplémentaire des mesures de confinement était actuellement remis en question, elle a précisé que le ministère devrait approuver une réduction de la période de quatorzaine après un contact avec un porteur du virus d’ici la fin de la semaine. Cette période d’isolement devrait passer de 14 à 12 jours.
La troisième phase de la levée du confinement devait comprendre l’ouverture des centres commerciaux, ainsi que celle du marché de la vente au détail plus largement. Les cours devaient également reprendre pour les élèves de Première et Terminale, pour leur permettre de se préparer pour leurs examens de fin d’année.
Yuli Edelstein, le ministre de la Santé, a déclaré devant les caméras de la chaîne Kan que si certaines restrictions pourraient être levées la semaine prochaine, conformément aux plans définis dans la troisième phase, les infections pourraient, de leur côté, devenir néanmoins incontrôlables. Le ministère s’attend à ce que la mortalité continue de grimper et à ce que le coefficient d’infection augmente bien au-delà des 0,8 – le taux que les responsables de la santé avaient associé au début de la troisième phase.

Mesure supplémentaire pour réduire la propagation du virus, le Premier ministre Benjamin Netanyahu réclame, pour sa part, la mise en place de couvre-feux nocturnes. Le Conseil de sécurité national examine actuellement l’efficacité d’une telle initiative, a fait savoir Kan. Des sources ont fait savoir à la chaîne que ce plan concernait en particulier les Israéliens arabes, qui connaissent actuellement, dans certains secteurs de la communauté, une hausse nette des infections qui a été attribuée aux rassemblements massifs, en particulier aux mariages qui sont organisés en violation des règles de lutte contre le coronavirus.
Le ministère de la Santé a fait savoir, dimanche, que seulement 208 nouveaux cas de coronavirus avaient été confirmés samedi – même si c’est le résultat des taux de dépistage qui sont habituellement bas pendant le week-end. 8 070 résultats de tests sont revenus, samedi, avec un taux de positivité s’élevant à 2,6 %. Un chiffre à comparer avec les 30 000 résultats de tests de dépistage qui ont été rendus publics chaque jour de la semaine dernière, avec un pic de 40 190 dans la journée de lundi.
Le taux de positivité était lui aussi en hausse dans la journée de dimanche. Alors qu’il était de 1,6 % jeudi, des chiffres partiels ont montré que 3,1 % des résultats des 7 798 tests revenus dans la journée étaient positifs.
Il y a 8 004 cas actifs confirmés dans le pays. Au total, 319 241 personnes en Israël ont été infectées depuis le début de l’épidémie de coronavirus.
Actuellement, 330 personnes sont dans un état grave, dont 143 sont sous respirateur, 109 sont dans un état modéré et les autres ne présentent que des symptômes légers, voire une version asymptomatique de la maladie.
La COVID-19 a fait 2 674 morts en Israël.