Lapid n’exclut pas une réunion avec Mahmoud Abbas, mais ce n’est pas au programme
Après avoir rencontré Macron, le Premier ministre a déclaré aux journalistes qu'il avait dit au président français qu'il n'y aurait pas de nouvelle implantation
PARIS — Le Premier ministre Yair Lapid a déclaré mardi soir qu’il n’excluait pas la possibilité de rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, même s’il a précisé qu’un entretien n’était pas inscrit à l’ordre du jour pour le moment.
Le Premier ministre, qui s’est exprimé devant les journalistes après sa réunion avec le président Emmanuel Macron, a déclaré qu’il avait discuté des relations entre Israël et les Palestiniens avec le chef de l’État français.
« Nous avons parlé de la question palestinienne », a indiqué Lapid. « Mais cela n’a pas été une grande partie de la conversation. »
« Les limites de ce qui peut être réalisé compte-tenu des dirigeants palestiniens actuels et des difficultés que traverse la politique israélienne sont évidentes pour tout le monde », a-t-il continué.
Pendant des déclarations publiques qui ont été faites avant la réunion bilatérale avec Lapid, Macron a souligné l’importance, à ses yeux, de trouver un accord qui puisse reconnaître « les aspirations légitimes » des Palestiniens. Lapid a évité le sujet dans sa propre allocution, préférant se concentrer sur la menace iranienne et sur le Liban.
« Les Français ont des interrogations légitimes et il y a des désaccords entre nous concernant les choses à faire sur la question palestinienne – mais ils comprennent tout à fait ce que le gouvernement peut faire et ce qu’il ne peut pas faire », a déclaré Lapid pendant la conférence de presse qui a suivi l’entretien entre les deux responsables.
Macron a aussi abordé le dossier des constructions dans les implantations pendant la réunion.
Lapid a déclaré à son homologue français que si les implantations existantes pourraient s’élargir, il n’y en aurait pas de nouvelle.
Lapid est devenu Premier ministre dans le cadre de l’accord de partage du pouvoir qu’il avait conclu avec l’ancien Premier ministre, Naftali Bennett, suite au vote qui a officialisé la dissolution de la 24e Knesset et l’organisation d’un scrutin national en date du 1er novembre.
Quand il était ministre des Affaires étrangères, Lapid avait rencontré le haut-responsable de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Sheikh, à au moins deux reprises.
Al-Sheikh est un proche conseiller d’Abbas et il est responsable de la gestion des liens entretenus avec Israël par Ramallah. Il s’est élevé, ces derniers mois, dans la hiérarchie de l’Autorité palestinienne, entraînant des rumeurs qui laissent entendre qu’il pourrait avoir été choisi pour succéder à Abbas, aujourd’hui octogénaire.
Toutefois, le ministre de la Défense Benny Gantz a rencontré Abbas à deux occasions, accueillant notamment le leader palestinien à son domicile de Rosh Haayin. Ces deux entretiens ont été suivis par des annonces, par Israël, d’initiatives qui venaient répondre à certaines requêtes de l’AP.
Bennett est opposé à la reprise des négociations de paix avec les Palestiniens et il a refusé tout rendez-vous avez Abbas.
Au début de l’année, dans des propos qui concernaient alors son accession au poste de Premier ministre au mois d’août 2023, Lapid avait souligné qu’il ne changerait pas de manière spectaculaire la politique poursuivie par Bennett à l’égard de Ramallah.
Sous le gouvernement précédent qui était dirigé par Benjamin Netanyahu, officiels israéliens et palestiniens ne se rencontraient que rarement.
« Les violences au mur Occidental »
Lors de la conférence de presse de Paris, Lapid a aussi été interrogé sur l’incident survenu la semaine dernière au mur Occidental, lorsque des extrémistes ultra-orthodoxes ont interrompu des cérémonies de bar et de bat mitzvah sur la place de prière égalitaire du lieu saint.
« Le fait qu’il y ait des violences, au mur Occidental, à l’encontre de personnes qui veulent simplement prier conformément à leur foi ne peut pas continuer », a répondu le Premier ministre.
« Israël est le seul pays du monde occidental où les Juifs ne bénéficient pas de la liberté de la religion, ce qui est quelque chose d’inacceptable à mes yeux », a-t-il ajouté.
La semaine dernière, des extrémistes ultra-orthodoxes – des adolescents et des enfants en majorité – avaient perturbé trois cérémonies de bar et de bat mitzvah sur la place de prière égalitaire du mur Occidental. Ils avaient hurlé, insulté les fidèles en les qualifiant de « nazis », de « chrétiens » et « d’animaux », déchiré des livres de prières et fait disparaître les réjouissances sous un bruit assourdissant de sifflets.
L’envoyée spéciale américaine dans la lutte contre l’antisémitisme Deborah Lipstadt, qui se trouve en visite en Israël – où elle a rencontré Lapid – a expliqué mardi avoir été « profondément perturbée » par cet incident.
Lapid a indiqué être « un grand fan » de Lipstadt devant les journalistes réunis au palais de l’Élysée.
Aaron Boxerman et Judah Ari Gross ont contribué à la rédaction de cet article.