Lapid juge « inacceptables » les perturbations haredi au Mur occidental
Le Premier ministre dénonce les violences des ultra-orthodoxes contre les offices religieux Massorti et déclare que tous les Juifs doivent pouvoir prier selon leur foi
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Le Premier ministre Yair Lapid a dénoncé mardi une perturbation d’un office organisé la semaine dernière dans la section égalitaire du Mur occidental et après qu’une haute responsable américaine a comparé l’incident à de l’antisémitisme.
Les réactions, les premières de Lapid sur le sujet, sont intervenues près d’une semaine après l’incident, et seulement à la suite d’une question directe d’un journaliste.
Jeudi dernier, plusieurs dizaines d’hommes et d’adolescents orthodoxes sont allés dans la section égalitaire du mur Occidental, une zone située au sud de la place centrale également connue sous le nom de l’Arche de Robinson, munis de sifflets et de pancartes, pendant que plusieurs familles américaines y organisaient des cérémonies de bar mitzvah pour leurs enfants. Les jeunes ont tenté de perturber les services, en usant de sifflets, en insultant les participants, les traitant de « nazis » et « d’animaux » ; ils ont même déchiré un livre de prières, avec les pages duquel un garçon a fait mine de moucher.
« Je suis opposé à tout acte de violence au mur Occidental contre ceux qui souhaitent venir y prier selon leur foi. Cela ne peut pas continuer », a déclaré M. Lapid, s’adressant aux journalistes à Paris après une réunion avec le président français Emmanuel Macron.
Lapid a été interrogé sur l’incident après que l’envoyée spéciale des Etats-Unis pour la lutte contre l’antisémitisme, Deborah Lipstadt, a écrit dans un tweet que si une telle chose s’était produite dans n’importe quel autre pays, « il n’y aurait guère d’hésitation à la qualifier d’antisémitisme ». Lapid n’a pas répondu directement à la remarque de Lipstadt, mais a dit qu’il était un « grand fan » de son travail.
Lapid a été l’un des partisans de la mise en place du fameux compromis du mur Occidental, un accord qui, entre autres choses, accorderait aux courants non orthodoxes du judaïsme un rôle officiel dans la gestion du lieu saint. Pourtant, malgré ses promesses de donner suite à ce projet, le gouvernement sortant n’a fait aucun progrès pendant son année de mandat en raison de l’opposition interne au projet.

« J’ai dit plus d’une fois qu’Israël est le seul pays occidental dans lequel les Juifs n’ont pas la liberté de culte, et c’est inacceptable pour moi », a déclaré Lapid.
Il n’a fait aucune mention des promesses faites par son partenaire de coalition et prédécesseur au poste de Premier ministre Naftali Bennett pour améliorer la sécurité dans la section égalitaire de la place, qui avait déjà été envahie par des manifestants orthodoxes dans le passé. En février, M. Bennett a déclaré aux dirigeants réformés et Massorti que son cabinet allait améliorer la sécurité de la section égalitaire et des installations elles-mêmes, une mesure qui ne nécessite pas de majorité à la Knesset ni d’approbation du cabinet. Le mois dernier, cependant, ces promesses n’avaient toujours pas été tenues.
« La violence n’est pas acceptable ni pour moi ni pour le gouvernement. Si nécessaire, nous parlerons au commissaire de police », a déclaré M. Lapid.
Des officiers de police étaient présents sur les lieux jeudi dernier mais se sont généralement abstenus d’intervenir, excepté lors d’actes de violence manifestes à l’encontre des fidèles. Aucune arrestation n’a été effectuée.
De nombreuses personnes présentes aux services de prière se sont déclarées choquées par l’inaction de la police ce jour-là et ont exprimé leur déception face au mépris de la plupart des politiciens israéliens pour cet incident.
Lazar Berman a contribué à cet article.