L’auteur du code d’éthique de Tsahal qualifie HaTzionout HaDatit de « mutations »
Asa Kasher a écrit sur Facebook que les camps religieux ultra-orthodoxes et nationalistes représentent une transition "maligne" par rapport à l'image historique du peuple juif
Un philosophe israélien de premier plan, qui a aidé à rédiger le code d’éthique de Tsahal, a dénoncé les camps religieux ultra-orthodoxes et nationalistes du pays comme des « mutations » dans une publication Facebook enflammée jeudi.
Le message de Kasher, qui a été supprimé depuis, faisait suite aux résultats des élections législatives de mardi, qui ont vu les partis ultra-orthodoxes et la faction d’extrême-droite HaTzionout HaDatit réaliser des exploits électoraux, les plaçant en première place dans le prochain gouvernement du dirigeant du Likud, Benjamin Netanyahu. Le bloc de ce dernier a obtenu 64 élus – 32 pour son parti le Likud, 18 pour les deux partis ultra-orthodoxes et 14 pour l’extrême-droite – dans ce qui pourrait être, selon des analystes, le gouvernement le plus à droite de toute l’histoire du pays.
Kasher a écrit que « l’image du peuple juif – qui nous est familière par notre enfance, par l’éducation que nous avons reçue, par la vie que nous avons connue, par les histoires que nous avons entendues, n’est pas le reflet actuel ».
« Nous avons devant nous deux mutations malignes du peuple juif. »
« La mutation ultra-orthodoxe est une transition du mode de vie en exil de la minorité qui a vécu sa propre vie, a maintenu son mode de vie et ne provoque pas les dirigeants étrangers, au nouveau mode de vie de la minorité qui vit aux dépens des autres, tel un parasite économique, un insoumis, qui s’absout de toute responsabilité civile et qui n’a aucun respect réel pour le régime démocratique et ses principes », a déclaré Kasher, qui est professeur émérite à l’université de Tel Aviv et lauréat du prestigieux Prix Israël.
« La mutation nationaliste est une transition du mode de vie religieux où il y a adhésion aux principes de justice et d’équité, d’honnêteté et de compassion ; une vie qui révère Dieu mais avec une conduite humaine, à un mode de vie indiscipliné et méchant qui sanctifie principalement la terre et contrôle ses habitants par la violence, en utilisant des méthodes qui n’ont aucune justice, aucune compassion, aucune morale et, a plus que tout, une adoration idolâtre de la terre, de la nation et de ses dirigeants corrompus. »
Un peuple juif avec « ce visage » n’est « pas mon peuple juif », a écrit Kasher, et « pas le peuple juif parmi lequel je souhaite être compté comme un fils ».
« Je reste une personne d’origine juive. Je le serai toujours. Mon origine et mon identité sont le judaïsme sain qui a précédé ces mutations morbides, malignes, grossières et repoussantes », a-t-il poursuivi.
Il a ensuite rejeté les appels « invalides » à l’unité avec les deux camps qu’il considère comme des « mutations malignes ».
« Les différences entre les responsables de ces mutations et moi-même ne sont pas marginales et ne doivent pas être ignorées au nom d’un objectif plus élevé », a-t-il fait valoir. « Il n’y a pas de véritable unité et il n’y en aura jamais. »
Plusieurs heures après sa publication, Facebook a supprimé la publication de Kasher pour violation de ses règles de conduite.
Le philosophe a par la suite écrit que cela faisait partie d’un effort pour le faire taire.
Pressé vendredi par la chaîne publique israélienne Kan de défendre sa sévère rhétorique, Kasher a insisté sur le fait qu’il n’a pas utilisé le mot « mutation maligne » comme un synonyme de malédiction, mais plutôt comme une expression qui connote un « changement significatif qui a eu lieu au cours du transfert de génération en génération ».
Le dirigeant du parti ultra-radical HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, a réagi aux remarques de Kasher, déclarant qu’elles l’attristaient en plus d’être « irresponsables et follement dangereuses ».
« Des gens comme Asa Kasher, dont j’appréciais la sagesse, l’intégrité et la moralité, se révèlent désormais dépourvus de responsabilité nationale, d’intégrité personnelle et d’un minimum de moralité. Par-dessus tout, ce sont de parfaits imbéciles », a-t-il déclaré.
S’adressant à ses « frères de gauche », Smotrich a déclaré que son camp avait reçu « le mandat de promouvoir ce que nous croyons être juste et bon pour l’État d’Israël ».
« Nous allons évidemment remplir ce mandat… Et vous savez que votre intimidation est sans fondement. Personne ne va détruire la démocratie, nous transformer en une république islamique [d’Iran], porter atteinte aux droits individuels de qui que ce soit ou le forcer à changer de mode de vie. »