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L’auteure Sally Rooney refuse que son nouveau roman soit publié en Israël

L'Irlandaise, qui soutient le boycott culturel d'Israël, ne vendra pas les droits de son nouveau roman "Beautiful World, Where Are You ?" à une maison d'édition basée en Israël

Sally Rooney parle sur scène pendant le panel Hulu au Winter TCA 2020 à The Langham Huntington, Pasadena le 17 janvier 2020 à Pasadena, Californie. (Crédit : photo par Erik Voake/Getty Images for Hulu via JTA)
Sally Rooney parle sur scène pendant le panel Hulu au Winter TCA 2020 à The Langham Huntington, Pasadena le 17 janvier 2020 à Pasadena, Californie. (Crédit : photo par Erik Voake/Getty Images for Hulu via JTA)

JTA – L’auteure irlandaise à succès Sally Rooney refuse que son dernier roman, Beautiful World, Where Are You ? soit publié en hébreu, car elle soutient le boycott culturel d’Israël, mais a ajouté qu’une maison d’édition non-israélienne pourrait toujours le publier en hébreu.

Comme les deux premiers livres de l’auteure irlandaise, Beautiful World, Where Are You ? explore la vie et les déboires sentimentaux de jeunes citadins intellectuels. Il a débuté en tête de la liste des best-sellers du New York Times lors de sa publication en septembre, à la suite d’une campagne publicitaire consécutive au deuxième roman populaire de Rooney, Normal People, qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et dont l’adaptation en série a été primée aux Golden Globes.

Cette campagne publicitaire n’atteindra toutefois pas Israël. L’éditeur israélien des deux premiers livres de Rooney, Modan Publishing House, a déclaré à Haaretz le mois dernier que Rooney ne permettrait pas que son nouveau livre soit publié en hébreu parce qu’elle soutient le boycott d’Israël. L’agent de Rooney a confirmé l’information à Haaretz.

« Ce serait un honneur pour moi que mon dernier roman soit traduit en hébreu et disponible pour les lecteurs hébréophones », indique la déclaration. « Mais pour le moment, j’ai choisi de ne pas vendre ces droits de traduction à une maison d’édition basée en Israël. »

On ne sait pas si cela est possible : l’industrie de l’édition en hébreu est centrée sur Israël, le seul pays où l’hébreu est une langue officielle.

Cette décision a suscité de vives réactions, notamment dans la communauté juive.

« Sally Rooney a choisi une voie aux antipodes de l’essence artistique de la littérature », a dénoncé Gitit Levy-Paz, membre de l’Institut politique du peuple juif (JPPI). « L’essence même de la littérature, son pouvoir d’apporter un sentiment de cohérence et d’ordre au monde, est niée par le choix de Rooney d’exclure un groupe de lecteurs en raison de leur identité nationale », a-t-elle déploré sur le site d’information juif Forward.

« Les romans de Sally Rooney sont disponibles en chinois et en russe. Ne se soucie-t-elle pas des Ouïghours ? Ou des journalistes qui défient Poutine ? », a raillé sur Twitter la critique américaine Ruth Franklin, ajoutant que « juger Israël selon une norme différente de celle du reste du monde relève de l’antisémitisme ».

Rooney, 30 ans, n’a jamais caché son opposition à Israël. En juillet, peu après le conflit entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, Rooney a fait partie des milliers d’artistes qui ont signé une lettre accusant Israël d’apartheid et demandant son isolement international. La lettre réclamait « la fin du soutien apporté par les puissances mondiales à Israël et à son armée, en particulier les États-Unis », et invitait les gouvernements à « couper les relations commerciales, économiques et culturelles ».

Citant des rapports récents de Human Rights Watch et du groupe israélien de défense des droits de l’homme controversé B’tselem, Rooney affirme dans sa déclaration que « le système israélien de domination et de ségrégation raciale à l’encontre des Palestiniens répond à la définition de l’apartheid en vertu du droit international. » (Human Rights Watch a déclaré que « les autorités israéliennes pratiquent une discrimination systématique » contre les Palestiniens d’une manière qui « équivaut à l’oppression systématique requise pour l’apartheid. » B’tselem a pour sa part déclaré qu’Israël maintient un régime d’apartheid » qui « utilise des lois, des pratiques et une violence organisée pour cimenter la suprématie d’un groupe sur un autre »).

Anticipant des remarques sur la question de savoir si elle autorise les traductions en Chine ou dans d’autres pays où les droits de l’Homme sont bafoués, Rooney a reconnu que de nombreux pays « sont coupables de graves violations des droits de l’homme », mais a comparé Israël à l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid et dit qu’elle a choisi de boycotter en réponse à un appel de la société civile palestinienne.

« Je comprends que tout le monde ne sera pas d’accord avec ma décision, mais je pense simplement qu’il ne serait pas juste pour moi, dans les circonstances actuelles, d’accepter un nouveau contrat avec une société israélienne qui ne prend pas publiquement ses distances avec l’apartheid et ne soutient pas les droits du peuple palestinien stipulés par les Nations unies », déclare-t-elle.

Sally Rooney, originaire de Castlebar (nord-ouest de l’Irlande), est considérée comme un jeune prodige dans le monde anglo-saxon avec ses œuvres abordant entre autres la notion de consentement, les différences sociales et les différentes formes de relations amoureuses.

Les personnages de Rooney ont généralement une orientation politique à gauche, et ses livres évoquent Israël dans ce contexte. Dans Normal People, les personnages principaux assistent à une manifestation contre Israël pendant la guerre de 2014 à Gaza. Et dans le premier roman de Rooney, Conversations with Friends, un personnage nommé Bobbi parle de la façon dont les relations sont liées au pouvoir, mais les gens se concentrent plutôt sur la « gentillesse ». Elle dit ensuite : « Je veux dire, c’est un problème dans le discours public. On finit par se demander si Israël est plus ‘gentil’ que la Palestine ».

Rooney n’est pas le premier auteur de renom à refuser la publication d’un de ses livres en hébreu. En 2012, Alice Walker, qui soutient également le mouvement de boycott d’Israël, n’a pas autorisé la traduction de The Color Purple en hébreu.

L’Irlande adopte traditionnellement une position pro-palestinienne, de nombreux citoyens irlandais établissant un parallèle avec leurs luttes contre les Britanniques.

Cet été, le pays a adopté une motion condamnant « l’annexion de facto » de terres palestiniennes. En 2018, le conseil municipal de Dublin a adopté des résolutions approuvant le boycott d’Israël et demandant l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël en Irlande.

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