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Analyse

Le budget révisé 2024 passe un premier cap ; ses critiques le trouvent nuisible

Le budget a été modifié pour l'effort de guerre, mais au prix d'une majoration fiscale et de coupes budgétaires au détriment des membres les plus faibles de la société

Sharon Wrobel

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Les membres du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une réunion pour approuver le budget 2024 amendé, le 15 janvier 2024. (Crédit : Haim Zach, GPO)
Les membres du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une réunion pour approuver le budget 2024 amendé, le 15 janvier 2024. (Crédit : Haim Zach, GPO)

À la fin de la semaine dernière, le budget révisé de l’État pour 2024, approuvé par le cabinet, était encore enlisé dans des dissensions politiques, plusieurs ministres fulminant contre les dispositions prévoyant des coupes budgétaires dans tous les ministères, entre autres préoccupations.

Toutefois, après un léger retard, le premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont réussi lundi à obtenir l’aval du cabinet ministériel pour les amendements aux dépenses, en citant l’urgence due à la guerre actuelle contre le groupe terroriste du Hamas.

Les amendements doivent cependant encore être approuvés par la commission des Finances de la Knesset, où certaines modifications pourraient être envisagées, puis par l’ensemble de la Knesset. (La Knesset a adopté le budget 2024 original en mai dernier).

Netanyahu et Smotrich ont pour l’instant fixé un objectif de déficit de 6,6 % de la production nationale pour 2024, tout en essayant de trouver des sources budgétaires pour financer cette hausse vertigineuse des dépenses d’environ 70 milliards de shekels, alors que les recettes de l’État devraient accuser un déficit de 36 milliards de shekels. Selon la Banque d’Israël, les dépenses liées à la guerre pour la période 2023-2025 devraient atteindre 220 milliards de shekels. Cette estimation n’inclut pas la perte de revenus due aux effets de la guerre.

Résultat : Israël aura le deuxième plus important déficit du monde occidental après les États-Unis, et cinq fois celui de la moyenne de l’OCDE, selon une présentation préparée pour le cabinet par l’économiste en chef du ministère des Finances, Shmuel Abramzon.

Si les 55 milliards de shekels supplémentaires pour la défense, ainsi que les compensations pour les victimes des combats, ne sont guère contestés, les critiques sont frustrés par ce qu’ils considèrent comme le refus de la coalition de droite de modifier substantiellement les priorités nationales afin de libérer des fonds et de compenser les dépenses plus importantes. Plutôt que de supprimer des ministères inutiles pour contribuer à réduire les dépenses, par exemple, le gouvernement a opté pour des coupes linéaires.

Dès que le budget révisé pour 2024 a été approuvé par le cabinet ministériel, Smotrich s’est empressé d’affirmer que le gouvernement « allait changer l’ordre des priorités ». Mais malgré la tentative de faire croire qu’un programme fiscal responsable et prudent avait été adopté en temps de guerre, un examen des mesures indique qu’elles nuiront principalement à la classe moyenne et aux personnes défavorisées.

Les mesures fiscales approuvées par le cabinet se traduisent essentiellement par une diminution du revenu disponible des ménages. Les services sociaux et civils risquent également d’être affectés, ce qui, à son tour, nuira encore plus aux personnes à faible revenu et à la classe moyenne ouvrière.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich lors d’une réunion du cabinet convoquée pour approuver le budget modifié de l’État pour 2024, le 15 janvier 2024. (Crédit : Haim Zach, GPO)

Les mesures visant à compenser les dépenses de guerre comprennent une augmentation de 0,15 % de la taxe sur la santé, une hausse des primes d’assurance nationale et une augmentation prévue de 1 % de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui devrait passer à 18 %.

La TVA prélevée sur les biens et les services est un impôt régressif, ce qui signifie qu’un taux plus élevé nuira davantage aux personnes à faible revenu qu’aux personnes à revenu plus élevé et contribuera à augmenter le coût de la vie déjà élevé.

Dans le même temps, la Banque d’Israël a noté que d’autres nouvelles mesures, telles que l’imposition d’une taxe sur le carbone, auraient été nécessaires même en l’absence de guerre afin de faire progresser les objectifs environnementaux et de réduire la congestion et les dommages causés à l’environnement.

Des coupes nécessaires et d’autres qui ne le sont pas

En ce qui concerne les dépenses, les coupes comprennent une réduction générale de 5 % des budgets ministériels. Netanyahu et Smotrich n’ont toutefois pas réussi à se mettre d’accord sur la question de la révision à la baisse du nombre de ministères, malgré la recommandation du ministère des Finances de fermer dix ministères superflus – dont le ministère des Implantations et des Missions nationales, le ministère de Jérusalem et de la Tradition juive et le ministère du Renseignement – afin de combler le déficit de guerre.

Ainsi, des centaines de millions de shekels continueront d’être versés au ministère contesté des Implantations, dirigé par la ministre d’extrême droite Orit Strouk. Ce ministère a été dénoncé par les législateurs de l’opposition comme étant un ministère « fabriqué » et « politique », créé pour canaliser l’argent vers l’électorat de HaTzionout HaDatit.

Il a également été convenu que seuls 2,5 milliards de shekels seraient retranchés des 8 milliards de shekels des fonds de la coalition – des dépenses discrétionnaires réservées aux projets favoris des députés et des ministres. Une partie de cet argent est destinée à financer les écoles privées ultra-orthodoxes, perçues comme un obstacle à l’intégration des Haredim dans la société israélienne, qui, sans une éducation adéquate, ne peuvent pas rejoindre la population active.

Les forces de sécurité et de secours israéliennes sur les lieux où une roquette tirée depuis la bande de Gaza par des terroristes palestiniens a frappé et causé des dégâts à Holon, le 11 décembre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le renforcement de l’éducation ultra-orthodoxe, qui n’enseigne pas les matières essentielles, ne fera que nuire davantage à l’économie, qui peine à se remettre de l’impact de la guerre.

Parallèlement, le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, a qualifié de contre-productive la décision de réduire d’environ 15 % le financement d’un plan quinquennal destiné à favoriser l’intégration sociale et économique des Arabes israéliens.

Cette semaine, Yaron a également mis en garde contre le fait que « l’augmentation persistante et significative du budget de la défense à partir de maintenant, sans procéder à des ajustements budgétaires nécessaires pour compenser cette augmentation, pourrait nuire à la croissance économique et affecter la façon dont la force de l’économie israélienne est perçue ».

L’économiste en chef du ministère des Finances, Abramzon, prévoit aujourd’hui une croissance de l’économie israélienne de 1,6 % pour 2024, en partant du principe que la guerre à Gaza durera cinq mois et que les hostilités limitées dans le nord prendront fin d’ici février 2024. Dans un scénario plus pessimiste, si la guerre devait se poursuivre jusqu’à la fin de 2024, l’économie devrait se contracter de 1,5 %.

Bien que la Banque d’Israël, des chefs d’entreprise de premier plan et des économistes aient exprimé leur inquiétude quant à la réticence du gouvernement à réduire les dépenses non essentielles qui ne stimulent pas la croissance économique, Netanyahu et Smotrich ne semblent pas inquiets.

Les économistes craignent que le plan budgétaire soit à courte vue et qu’il ait un impact négatif sur les décisions futures des agences de notation, ce qui pourrait entraîner une augmentation du coût de la dette israélienne. La prime de risque d’Israël – les taux d’intérêt plus élevés que les investisseurs exigent en échange d’un risque accru – a déjà augmenté depuis le début de la guerre et devrait rester élevée pour le moment.

Alors que la guerre fait rage et qu’Israël est confronté à un déficit important en 2024, la question est de savoir si les législateurs de la commission des Finances de la Knesset imposeront une nouvelle réflexion.

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