Israël en guerre - Jour 369

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Le cabinet informe la Cour des mesures prises pour augmenter l’aide humanitaire à Gaza

Le gouvernement affirme avoir ouvert un nouveau point de passage et amélioré la coordination de la distribution, mais l'OCHA estime qu'aucun progrès significatif n'a été constaté

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Des Palestiniens armés et masqués sur des camions chargés d'aide humanitaire internationale entrant à Gaza par le point de passage israélien de Kerem Shalom, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 avril 2024. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)
Des Palestiniens armés et masqués sur des camions chargés d'aide humanitaire internationale entrant à Gaza par le point de passage israélien de Kerem Shalom, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 avril 2024. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Le gouvernement a informé la Haute Cour de justice qu’il avait déjà pris des mesures pour accroître la fourniture d’aide humanitaire à la bande de Gaza, notamment l’ouverture d’un nouveau point de passage vers le nord de la bande de Gaza, la prolongation des heures d’ouverture des points de passage des marchandises dans le territoire, l’ajout de coordinateurs de l’aide à l’intérieur de la bande de Gaza et l’entrée de plus de 100 camions pour la distribution de l’aide à l’intérieur de l’enclave.

Ces informations ont été fournies en reponse au recours déposé par l’organisation de défense des droits de l’Homme Gisha, qui affirme que le gouvernement entrave l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza de diverses manières et demande à la Cour d’ordonner à celui-ci d’autoriser l’entrée sans entrave de cette aide dans le territoire.

Des organisations humanitaires ont déclaré que des centaines de milliers d’habitants de Gaza souffrent de malnutrition sévère et de faim, en particulier dans le nord de l’enclave, où ces ONG ont mis en garde contre l’imminence d’une famine.

Mais le gouvernement soutient depuis des mois qu’il n’y a pas de limites à la quantité d’aide qui peut entrer à Gaza et a répété cette affirmation dans les informations qu’il a fournies à la Haute Cour lundi dans une soumission supplémentaire, que la Cour avait demandée au début du mois.

À la suite de la frappe meurtrière non-intentionnelle sur un convoi de l’organisation caritative américaine World Central Kitchen (WCK) en mars et des menaces de l’administration Biden de retirer son soutien à l’opération israélienne à Gaza, les autorités israéliennes ont fait état d’une augmentation considérable du nombre de camions entrant chaque jour dans la bande de Gaza, un effort que Washington a reconnu.

Cependant, le chef sortant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), Jamie McGoldrick, a déclaré le 12 avril que les conditions sur le terrain ne s’étaient pas encore améliorées, alors que les chiffres de l’OCHA concernant le nombre de camions entrant dans la bande de Gaza sont bien inférieurs à ceux cités par le gouvernement dans sa réponse au recours.

Des enfants palestiniens souffrant de malnutrition reçoivent des soins dans un centre de santé à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mars 2024. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

Dans une décision rendue à la suite d’une audience tenue le 4 avril, la Haute Cour a demandé au gouvernement de préciser le montant de l’aide nécessaire pour faire face à la crise humanitaire à Gaza, les obstacles qui limitent l’acheminement de l’aide humanitaire et les mesures qu’il entend prendre pour accroître l’entrée et l’acheminement de l’aide.

Dans sa soumission rendue lundi, l’État a refusé d’indiquer la quantité d’aide dont Gaza a besoin selon lui. En revanche, il a détaillé les obstacles qui, selon lui, entravent l’acheminement de l’aide.

L’État a expliqué qu’Israël procédait actuellement à des inspections de sécurité sur quelque 350 à 400 camions d’aide par jour, qui passent par le poste-frontière de Kerem Shalom entre Israël et Gaza ou par le celui de Nitzana entre l’Égypte et Israël, d’où les camions sont ensuite acheminés soit vers Kerem Shalom, soit vers Rafah entre l’Égypte et la bande de Gaza.

Le document indique également que quelque 332 camions sont entrés dans le nord de la bande de Gaza entre le 7 et le 13 avril, soit près de trois fois plus que la semaine précédente.

Au 11 avril, 600 camions de fournitures avaient été transférés dans le territoire de Gaza et attendaient d’être collectés et distribués, indiquant, comme il le fait depuis des mois, que le problème n’est pas la fourniture réelle de l’aide, mais plutôt la distribution à l’intérieur de Gaza par les agences d’aide.

L’État indique également que le groupe terroriste palestinien du Hamas exige des organisations humanitaires internationales qu’elles coordonnent la distribution des denrées avec lui, ce qui, selon le document, donne au Hamas une influence substantielle sur la chaîne de distribution de l’aide. Il signale également des cas où l’aide humanitaire a été pillée dans des camions, des entrepôts et des points de distribution par le Hamas et d’autres groupes terroristes gazaouis, par des gangs criminels dans l’enclave et par des résidents ordinaires.

Les préoccupations des organisations humanitaires concernant la distribution de l’aide, les hostilités actives et les conditions difficiles sur les routes ont fait que certains groupes internationaux sur le terrain sont souvent réticents à mener des missions de distribution, a ajouté l’État.

La soumission indique que 74 nouveaux camions achetés par l’ONU et les groupes d’aide ont été envoyés à Gaza, ainsi que 30 camions usagés, afin de faciliter la distribution à l’intérieur du territoire.

L’aide humanitaire non collectée, en attente de distribution par les organisations humanitaires, du côté palestinien du poste-frontière de Kerem Shalom, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 avril 2024. (Crédit : COGAT)

Le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT) travaille à l’ouverture des routes dans la bande de Gaza où l’armée israélienne opère et fournit du personnel pour assurer la coordination entre Tsahal et les ONG internationales qui travaillent sur le terrain.

En outre, l’État affirme que l’armée travaille elle-même à permettre l’acheminement de l’aide par les routes où elle est active, comme l’ont demandé les groupes d’aide.

Le gouvernement a autorisé l’ouverture d’un nouveau point de passage pour les marchandises, appelé « Northern Crossing », entre Israël et le nord de la bande de Gaza, où la crise humanitaire est la plus aiguë, en raison notamment des grandes difficultés rencontrées jusqu’à présent dans la distribution de l’aide à cette partie de l’enclave.

Il s’agit là d’une demande clé du recours déposé et des agences d’aide.

L’État a indiqué que la capacité d’inspection de sécurité des camions d’aide a également été augmentée, bien qu’il n’ait pas fourni d’autres détails, et a noté qu’avec le récent passage à l’heure d’été, les heures d’ouverture de Kerem Shalom et de Nitzana ont été augmentées d’une heure pendant la semaine, et que les points de passage sont maintenant opérationnels pendant cinq à six heures les vendredis.

Le document souligne également que le gouvernement a approuvé l’utilisation du port d’Ashdod pour l’acheminement de l’aide à Gaza, une demande clé des requérants et des groupes d’aide internationaux, mais a stipulé que cette décision n’a pas encore été mise en œuvre.

Le gouvernement a maintenu son affirmation selon laquelle Tsahal n’a rejeté qu’une infime partie, environ 1,5 %, des demandes de distribution à l’intérieur de Gaza, et a soutenu que tous les envois de nourriture et d’eau sont automatiquement approuvés à la distribution.

S’adressant aux journalistes par appel vidéo vendredi, McGoldrick, de l’OCHA, a toutefois prévenu qu’une aide beaucoup plus importante était encore nécessaire pour améliorer les conditions humanitaires désastreuses à Gaza.

De l’aide humanitaire entrant dans le nord de la bande de Gaza, où la faim et la malnutrition sont les plus graves, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), en avril 2024. (Crédit : COGAT)

« Les conditions sur le terrain ne se sont pas améliorées de manière significative », a-t-il estimé. « Si nous n’avons pas la possibilité d’étendre l’acheminement de l’aide à toutes les parties de Gaza, et en particulier au nord, nous serons confrontés à une catastrophe. »

McGoldrick a également indiqué que la distribution de l’aide se heurtait encore à une série de contraintes, telles que le refus d’accès et les longues heures d’attente aux points de contrôle.

L’OCHA dispose également d’un nombre de camions entrant dans Gaza bien inférieur à celui cité par le COGAT. Selon l’OCHA, 143 camions d’aide sont entrés à Gaza le 14 avril, alors que le COGAT a déclaré que 316 camions étaient entrés dans l’enclave.

L’OCHA affirme que de nombreux camions qui entrent par les points de passage ne sont remplis qu’à moitié en raison des règles d’inspection de sécurité israéliennes, et qu’ils ne comptent que les camions pleins reconditionnés qui sont envoyés pour être livrés à l’intérieur de la bande de Gaza.

Gisha a estimé que la demande complémentaire détaille des « actions futures » sans calendrier de mise en œuvre, et qu’aucun budget n’a été alloué à ces plans.

Selon elle, cette réponse vise à « tromper la Cour » et qu’Israël « essaye de cacher le fait qu’en pratique, il continue à se soustraire à sa responsabilité à l’égard de la situation et à son obligation de permettre la distribution de l’aide aux civils dans l’ensemble de Gaza – et qu’au lieu d’agir, il pointe un doigt accusateur sur les organisations humanitaires ».

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