Le chef de la police dément une quelconque démission
Malgré les pressions du ministre de la Sécurité nationale, Kobi Shabtaï a rappelé que les agents des forces de l’ordre sur le terrain agissent conformément à la loi

Le chef de la police Kobi Shabtaï a déclaré dans des propos rendus publics vendredi qu’il ne quitterait pas son poste, après qu’un député du parti d’extrême-droite qui est dirigé par le ministre en charge de la force publique a averti que le commissaire serait démis de ses fonctions s’il ne commençait pas à rentrer dans le rang.
Cette déclaration semble marquer une nouvelle escalade dans la lutte pour le pouvoir entre Shabtaï et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui, au cours de la semaine dernière, avait critiqué les policiers de Jérusalem pour ne pas avoir utilisé la force lors d’une manifestation anti-gouvernement et pour avoir procédé au déracinement d’arbres plantés illégalement en Cisjordanie.
Shabtaï a répondu aux critiques en publiant jeudi une missive à l’intention des agents dans laquelle il déclare qu’Israël se trouve « dans une période difficile » et où il souligne le devoir des forces de police d’appliquer la loi, de prévenir la criminalité, de « renforcer la norme civile d’obéissance à la loi », de protéger les personnes et les biens, et de maintenir l’ordre public – tout cela « dans le respect des droits de l’Homme ».
« Nous sommes la police de toute la société israélienne », a-t-il écrit. « Protester est un droit démocratique. »
Il a également souligné son soutien aux commandants sur le terrain, « tant qu’ils agissent en accord avec les règles de la police israélienne et conformément à la loi ».
En réponse à cette lettre, Zvika Fogel, député d’Otzma Yehudit, a déclaré à la chaîne publique israélienne Kan que le gouvernement pourrait être contraint de renvoyer Shabtaï si ce dernier ne changeait pas de comportement.
« Nous ne sommes pas venus ici pour évincer les gens ou pour les mettre à la porte, mais si au final il n’intègre pas les nouvelles normes, qu’il ne s’y habitue pas, alors nous n’aurons pas le choix. Le cas échéant, nos chemins se sépareront », a déclaré Fogel.

« Je ne démissionne pas », a déclaré Shabtaï à la Douzième chaîne dans une interview dont des extraits ont été diffusés vendredi.
« Je le dis de la manière la plus claire possible : nous faisons notre devoir conformément à la loi. La loi accorde certaines choses aux agents de police, au commissaire et aux commandants de district. Personne ne peut remplacer le commissaire ou un commandant de district à sa propre discrétion », a-t-il ajouté.
Le chef de la police a reconnu que Ben Gvir détenait effectivement l’autorité nécessaire pour définir la politique en tant que ministre de la Sécurité nationale. « Mais dans le cadre de cette politique, il y a la discrétion du commandant sur le terrain. Ben Gvir ne remplace pas le commandant sur le terrain. »
Dans son interview avec Kan, Fogel a prévenu qu’il cesserait de voter avec la coalition si les préoccupations d’Otzma Yehudit n’étaient pas prises en compte. « Tous ceux qui pensent que je lèverai la main pour tout ce qu’ils veulent, alors que nous n’obtenons pas ce que nous demandons et ce pour quoi nous avons été élus, se trompent », a-t-il déclaré.
Otzma Yehudit a critiqué la police pour son implication dans l’opération de déracinement d’arbres plantés illégalement en Cisjordanie, au cours duquel des agents ont arrêté de force des résidents d’implantations et auraient sexuellement agressé une membre du parti d’extrême-droite, la députée Limor Son Har Melech. La police a insisté sur le fait que Son Har Melech avait été traitée avec respect alors qu’elle tentait de les empêcher d’exécuter les ordres.

En plus des affrontements concernant l’application de la loi par la police lors des manifestations, Ben Gvir se serait également heurté à Netanyahu et Shabtaï en début de semaine après que les deux hommes ont rejeté ses demandes de démolition de structures construites illégalement par des Palestiniens à Jérusalem-Est.
Ben Gvir a promis d’adopter une position plus agressive à l’encontre des maisons palestiniennes construites à Jérusalem-Est et en Cisjordanie sans les permis nécessaires d’Israël. Il a présenté la démolition de ces structures comme faisant partie des efforts d’Israël pour combattre le terrorisme palestinien, même si aucun lien n’a été établi entre les propriétaires des maisons rasées pour absence de permis ces dernières semaines et des infractions à la sécurité.
Ben Gvir a également été empêché de lancer une vaste opération de répression policière à Jérusalem-Est.
Peu après l’attentat meurtrier à la voiture-bélier de vendredi dernier, Ben Gvir a publié une déclaration indiquant qu’il avait demandé à la police de se préparer à un raid antiterroriste majeur à partir de dimanche, mentionnant spécifiquement une campagne militaire massive en 2002 qui avait pris pour cible les groupes terroristes de Cisjordanie.
Cependant, Ben Gvir n’a pas l’autorité nécessaire pour approuver une telle opération de son propre chef et ses propos ont été rejetés par un haut fonctionnaire du gouvernement.
Lors des campagnes électorales précédentes, Netanyahu avait déclaré que Ben Gvir – qui a été condamné pour incitation à la violence et qui a déclaré qu’il encouragerait les citoyens arabes à émigrer – n’était pas apte à occuper un poste ministériel. Mais à l’approche des élections législatives israéliennes de novembre 2022, et dans un contexte de popularité croissante de Ben Gvir dans les sondages, Netanyahu avait fait marche arrière, affirmant qu’il pourrait « certainement » occuper un poste ministériel dans son prochain gouvernement.
Moshe Karadi, ancien chef de la police, a récemment déclaré que Ben Gvir était « un pyromane doté d’un réservoir de gaz » et qu’il n’était « absolument pas qualifié » pour diriger le ministère de la Sécurité nationale.
Ben Gvir a également fait l’objet de critiques de la part de la droite radicale après plusieurs attaques terroristes meurtrières au cours des dernières semaines, ses détracteurs affirmant qu’il n’avait pas réussi jusqu’à présent à tenir ses promesses d’éradiquer le terrorisme et d’introduire des punitions d’une sévérité sans précédent contre les terroristes et leurs familles.