Le Conseil de sécurité de l’ONU observe une minute de silence pour Raïssi
Tous les représentants se sont levés, y compris l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood
Le Conseil de sécurité de l’ONU a observé lundi une minute de silence en mémoire du dictateur iranien Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, morts dans un accident d’hélicoptère.
Le Conseil « présente ses condoléances et sa sympathie à leurs familles et au peuple de la République islamique d’Iran », a déclaré l’ambassadeur du Mozambique Pedro Comissario Afonso, président en exercice, avant que tous les représentants se lèvent, y compris l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood.
L’Iran avait confirmé dimanche des informations sur la poursuite de négociations indirectes avec les États-Unis à Oman en dépit des tensions entre les deux pays qui n’ont pas de relations diplomatiques, selon un média officiel iranien.
Le site d’information américain Axios a fait état vendredi de discussions ayant eu lieu « cette semaine » entre Téhéran et Washington sur la « manière d’éviter une escalade des attaques » au Moyen-Orient.
I extend my condolences on the tragic passing of President Ebrahim Raisi, Foreign Minister Hossein Amir-Abdollahian, and other delegation members. Our thoughts are with their families and the people of Iran during this difficult time. pic.twitter.com/P79cfBv6Le
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) May 20, 2024
La représentation de l’Iran à l’ONU a confirmé « les informations publiées sur les négociations indirectes entre l’Iran et les États-Unis à Oman », a rapporté l’agence officielle Irna, précisant que ces discussions se sont tenues dans le cadre d’ « un processus en cours ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas le seul à avoir été ouvertement affligé par la mort de celui qui était surnommé « le boucher de Téhéran » et de Hossein Amir-Abdollahian, largement connu pour promouvoir l’axe anti-Israël, avec d’autres responsables de la République islamique, poids lourd du Proche-Orient, les groupes terroristes palestinien du Hamas et libanais du Hezbollah ont salué « un protecteur de la résistance », du nom des groupes musulmans anti-Israël.
Selon la présidente du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) Maryam Rajavi, cet événement est un « coup stratégique monumental et irréparable porté au guide suprême des mollahs, Ali Khamenei, et à l’ensemble du régime, connu pour ses exécutions et ses massacres ».
Le CNRI est l’une des principales organisations d’opposition hors d’Iran. Il est la vitrine politique de l’Organisation des moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI ou MEK), qui accuse le président défunt d’avoir joué un rôle clé dans l’exécution de milliers de prisonniers d’opposition, dont de nombreux membres du MEK, en 1988, alors qu’il était procureur adjoint de Téhéran.
Le MEK a soutenu l’ayatollah Khomeini lors de la révolution de 1979, qui a chassé le chah d’Iran, mais il est rapidement entré dans l’opposition. Il a été tenu pour responsable d’une série d’attentats meurtriers qui ont secoué le pays au début des années 1980.
Ebrahim Raïssi, que des médias iraniens considéraient comme un successeur possible du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a nié catégoriquement toute implication personnelle dans les massacres de 1988, tout en se félicitant de la décision de procéder aux exécutions.
« Raïssi était un homme à tout faire pour Khameneï dont le régime est confronté à des crises innombrables surtout après le soulèvement de 2022. De ce point de vue, il est un personnage irremplaçable pour le guide suprême », écrivait un porte-parole du CNRI dimanche, alors que le crash potentiel de l’hélicoptère présidentiel commençait à faire les gros titres.
Dans un rapport paru en 2018, l’ONG Amnesty International qualifiait les massacres de 1988 de crimes contre l’humanité et accusait Ebrahim Raïssi d’être membre de la « commission de la mort » de Téhéran qui a décidé du sort de nombreux prisonniers.
« La malédiction des mères et de ceux qui cherchent à obtenir justice pour les exécutés, ainsi que la damnation du peuple iranien et de l’histoire, marquent l’héritage d’Ebrahim Raïssi », a dénoncé Mme Radjavi.
D’après le CNRI, quelque 30 000 prisonniers ont été tués lors de ces massacres. Un bilan difficile à chiffrer précisément, selon les groupes de défense des droits de l’homme occidentaux, qui mentionnent des milliers d’exécutions.
Quant au gouvernement iranien, il a assuré que le décès du président Raïssi n’allait pas entraîner « la moindre perturbation dans l’administration » du pays.