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Le courage des migrants dans l’objectif des photographes au 35e festival Visa

Les migrants, souvent réduits à de sombres statistiques, affrontent tous les dangers, comme en témoignent des photographes, dont les reportages bouleversants sont exposés à Perpignan

La photographe française Sandra Mehl pose lors d'une séance photo sur son site d'exposition lors de la 35e édition du festival de photographie de presse "Visa pour l'image" à Perpignan, dans le sud-ouest de la France, le 7 septembre 2023. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)
La photographe française Sandra Mehl pose lors d'une séance photo sur son site d'exposition lors de la 35e édition du festival de photographie de presse "Visa pour l'image" à Perpignan, dans le sud-ouest de la France, le 7 septembre 2023. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)

Les migrants, souvent réduits à de sombres statistiques, affrontent tous les dangers pour une vie meilleure, traversant mers, déserts et jungles, comme en témoignent des photographes, dont les reportages bouleversants sont exposés au 35e festival Visa pour l’image, à Perpignan.

« La migration est la dernière option (…) Mais il faut beaucoup de courage ! Ils savent tous qu’ils risquent leur vies », souligne Federico Rios Escobar, 43 ans, exposé pour la première fois à ce festival international de photojournalisme.

Son reportage sur la traversée de la jungle inextricable du Darién entre la Colombie et le Panama, où s’interrompt même la célèbre route Panaméricaine, qui relie le nord et le sud du continent, lui a valu le Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l’un des prix qui seront remis jusqu’à samedi à Perpignan.

« En 2023, au moins 97 nationalités différentes ont traversé le Darién : d’Amérique du Sud, d’Afrique, du Moyen Orient et d’Asie », précise à l’AFP ce photographe colombien.

Ses photos d’exilés épuisés de marcher dans une boue rouge qui finit par les recouvrir entièrement, d’affronter des torrents qu’ils ne peuvent franchir qu’en s’encordant les uns aux autres, ont été publiées par le New York Times.

Tomber d’épuisement

Après plusieurs reportages à partir de 2016 sur les Vénézuéliens fuyant leur pays en faillite, il remarque comment la zone du Darién s’est convertie en une route migratoire de plus en plus empruntée pour tenter de gagner ensuite les Etats-Unis par l’Amérique centrale.

Les contrôles se renforçant partout ailleurs, la traversée de cet enfer vert est pour certains la seule voie : dix jours, pour un coût de 300 à 400 dollars par personne, « ce qui est beaucoup d’argent pour eux », souligne-t-il. Certains y laissent la vie, comme le montre une photo d’un corps en partie dissimulé sous une toile de tente.

Federico Rios Escobar y va en 2021, y retourne l’année suivante. Là, il rencontre une mère et sa fille de sept ans.

Le photograaphe colombien Federico Rios Escobar pose lors d’une séance photo sur son site d’exposition lors de la 35e édition du festival de photographie de presse « Visa pour l’image » à Perpignan, dans le sud-ouest de la France, le 7 septembre 2023. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)

« Elles se sont perdues trois jours avant de se retrouver (…) Mais c’est courant que des enfants soient séparés de leurs familles dans ce territoire hostile: si tu t’arrêtes pour uriner, te reposer, tu ne retrouves plus le chemin, les personnes avec lesquelles tu marches », raconte-t-il à l’AFP.

Une autre image montre un homme pleurant d’épuisement: « Il ne mangeait rien, donnait le peu qu’il avait à ses filles jusqu’au jour où il s’est effondré sur un rocher parce qu’il n’avait plus la force de marcher ».

Les risques sont énormes « mais l’espoir, le rêve d’une vie normale est plus grand ». « Les migrants ne cherchent pas le luxe (…) ils veulent nourriture, toit, santé, éducation: des choses basiques. Ils sont prêts à tout risquer pour accéder à ces conditions minimales de vie », rappelle-t-il.

« Beaucoup d’humanité »

Même constat pour Michael Bunel, présent aussi pour la première fois à Visa. Des camps de déplacés en Syrie, à la jungle de Calais, il travaille sur les migrations depuis dix ans.

Le photographe français Michael Bunel pose lors d’une séance photo sur son site d’exposition lors de la 35e édition du festival de photographie de presse « Visa pour l’image » à Perpignan, dans le sud-ouest de la France, le 7 septembre 2023. (Crédit : Lionel BONAVENTURE / AFP)

« Je me suis retrouvé à Calais avec des personnes sauvées en Méditerranée, qui risquaient à nouveau de périr en traversant la Manche ! », déclare ce photographe français de 39 ans.

Son reportage en noir et blanc, qui n’a été publié par aucun média mais dont il a fait un livre « Rescapés, carnets de sauvetage en Méditerranée » avec le dessinateur Lucas Vallerie, retrace les moments forts de missions avec les ONG Médecins sans Frontières (MSF) et SOS Méditerranée.

De ses images en noir et blanc se dégagent angoisse, désespoir, peur mais aussi joie, soulagement lorsque le bateau débarque ces rescapés de la mer, « et surtout beaucoup d’humanité ! », dit-il.

Car il témoigne également des « humains qui dédient leur vie » à ces sauvetages, comme celui qui fait de la musculation entre des colis d’aide humanitaire.

« C’est un réfugié syrien. Il a lui-même traversé de Grèce en Turquie, s’est retrouvé en Suède, a été expulsé et travaille maintenant avec SOS Méditerranée. Sa mission, c’est de sortir les gens de l’eau et il veut être en condition d’en sauver le plus possible ! »

Comme Federico Rios Escobar, Michael Bunel estime que « les personnes en exil sont des héros ! »

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