« Le Hamas est en train de faire machine arrière », dit Biden
Un responsable du Hamas, exilé à Doha, a critiqué la déclaration du secrétaire d’État américain Antony Blinken selon laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accepté une proposition actualisée
Joe Biden a dit mardi que le Hamas était « en train de faire machine arrière » dans les négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, en jugeant qu’un accord était « toujours possible. »
« Israël dit qu’ils peuvent y arriver », a aussi déclaré le président américain, qui a répondu à quelques questions de la presse à l’aéroport de Chicago, après s’être exprimé à la convention démocrate.
Plus tôt un responsable du Hamas, exilé à Doha, a critiqué la déclaration du secrétaire d’État américain Antony Blinken selon laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accepté une proposition actualisée, affirmant qu’elle « soulève de nombreuses ambiguïtés » car ce n’est « pas ce qui nous a été présenté ni ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord ».
Osama Hamdan, qui a récemment interrompu une interview en direct avec CNN car il refusait d’assumer une responsabilité dans le bilan des morts à Gaza, a déclaré à Reuters que le Hamas avait déjà confirmé aux médiateurs que « nous n’avons pas besoin de nouvelles négociations de cessez-le-feu à Gaza, nous devons nous mettre d’accord sur un mécanisme de mise en œuvre ».
Le chef du Hamas, Yahya Sinwar, a toujours participé au processus de prise de décision dans les négociations de cessez-le-feu à Gaza, a ajouté Hamdan. « En raison des conditions de sécurité, la communication avec Sinwar dispose d’outils et de mécanismes en place, mais ils fonctionnent sans problème », a précisé Hamdan dans une interview accordée à Reuters.
Selon le Wall Street Journal, citant des médiateurs arabes, Sinwar, estime pour sa part que les dernières négociations étaient du « bluff » afin qu’Israël dispose de plus de temps pour poursuivre son offensive militaire contre le groupe terroriste au pouvoir à Gaza.
Ces médiateurs affirment aussi que Sinwar cherche à intensifier la pression sur Israël en étendant le conflit au-delà de Gaza, notamment en lançant des attaques depuis la Cisjordanie, comme ce fut le cas dimanche soir à Tel Aviv, lors d’un attentat-suicide raté.
Blinken avait indiqué lundi à Tel-Aviv que Netanyahu lui avait « confirmé qu’Israël acceptait le plan de compromis » de Washington pour une trêve dans la bande de Gaza, affirmant qu’il « incombait » désormais au Hamas « d’en faire de même ».
Les pourparlers sont à « un moment décisif », avait déclaré plus tôt M. Blinken à l’occasion de son neuvième voyage dans la région depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre par Israël après un pogrom du mouvement islamiste palestinien sur son sol et au cours duquel plus de 250 personnes ont été prises en otages et près de 1 200 personnes ont été massacrées.
Il s’agit « peut-être de la dernière occasion de ramener les otages chez eux » et « d’obtenir un cessez-le-feu », a-t-il ajouté, appelant à ne « pas faire dérailler le processus » des pays médiateurs – Etats-Unis, Qatar et Egypte – pour une trêve assortie d’une libération des otages, alors qu’Israël et le Hamas s’accusent mutuellement de faire échouer les négociations.
Washington avait soumis vendredi à Doha une nouvelle proposition de compromis, qui prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et la libération d’un certain nombre d’otages.
Le Hamas, qui n’a pas participé à ces négociations et qui a rejeté la nouvelle proposition américaine, a jugé qu’elle « répondait aux conditions posées par Netanyahu ». Il a évoqué notamment « l’insistance » israélienne à maintenir des troupes à la frontière de Gaza avec l’Egypte et des « nouvelles conditions sur le dossier » des prisonniers palestiniens détenus par Israël susceptibles d’être échangés contre des otages.
Arrivé dimanche en Israël, M. Blinken doit se rendre ce mardi en Egypte, où les médiateurs doivent reprendre leurs discussions cette semaine, avant d’aller ensuite au Qatar.
« Nous travaillons pour nous assurer qu’il n’y a pas d’escalade ni de provocations ni aucune action qui pourrait d’une manière ou d’une autre nous éloigner de cet accord ou élargir le conflit à d’autres endroits », a affirmé M. Blinken.
Israël a promis d’envoyer une délégation aux prochaines négociations, selon M. Blinken.
Lors d’une réunion avec les familles des otages détenus par le Hamas et qui ont la nationalité américaine, Blinken a déclaré que les États-Unis étaient convaincus que Netanyahu était vraiment déterminé à conclure un accord cette fois-ci, selon la Douzième chaîne.
Blinken a rencontré les familles, comme il l’a fait lors de ses visites précédentes, peu avant sa conférence de presse accordée plus tôt dans la soirée de lundi.
Il leur a donné le sentiment qu’un accord pouvait être finalisé en quelques jours, selon la chaîne, et il leur a dit qu’il semblait que le Premier ministre était investi dans la conclusion d’un accord.
« Et s’il bluffait à nouveau ? » aurait demandé l’un des participants à Blinken.
Il aurait ri et dit : « Nous le saurions. Nous avons un moyen de savoir si le Premier ministre est déterminé à conclure un accord. Et cette fois, notre évaluation est qu’il l’est. »
Il leur aurait également dit qu’une pression immense était exercée sur Sinwar pour qu’il accepte la proposition de compromis – y compris de la part des médiateurs qatariens et égyptiens.
L’étau se resserre en Israël où une nouvelle manifestation s’est tenue à Tel-Aviv pour réclamer un accord. « La guerre n’a pas de vainqueur », pouvait-on lire sur l’une des nombreuses pancartes brandies lors du rassemblement, d’après des images de l’AFP.
Netanyahu a déclaré lundi vouloir la libération du « maximum d’otages vivants » dès la première phase du plan en trois phases proposé par les Etats-Unis.
La veille, il avait appelé à « diriger la pression sur le Hamas ». Il a dénoncé un « refus obstiné » du mouvement de conclure un accord, après les deux jours de négociations à Doha entre la partie israélienne et les médiateurs.
Par ailleurs, le bureau de Netanyahu a annoncé que ce dernier allait rencontrer cette semaine d’anciennes otages de Gaza, sans préciser la date de cette entrevue tout en précisant que « des rencontres avec d’autres familles sont prévues ».
Treize femmes otages, dont plusieurs soldates de Tsahal, seraient toujours détenues à Gaza, dont trois dont la mort a été confirmée par Israël. Au cours de la trêve de novembre, 105 femmes et enfants otages ont été libérés dans le cadre de l’accord.
Le bureau de Netanyahu affirme que toutes les rencontres du Premier ministre avec les otages libérés et les membres de leurs familles sont importantes « afin de les écouter, de les tenir au courant et de les informer des efforts déployés pour rapatrier leurs proches ».