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Opinion

Le jour où Abbas a décidé de rejeter Trump et de s’allier aux terroristes

En annonçant "l'union" Fatah-Hamas à la TV officielle, le président de l'AP a affirmé son choix stratégique : Israël, et toute perspective de réconciliation, non ; le Hamas, oui

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Un haut responsable du Fatah, Jibril Rajoub, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, assiste par vidéoconférence à une réunion avec le chef adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri (sur l'écran depuis Beyrouth), pour discuter du plan d'annexion de certaines parties de la Cisjordanie par Israël, le 2 juillet 2020. (ABBAS MOMANI / AFP)
Un haut responsable du Fatah, Jibril Rajoub, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, assiste par vidéoconférence à une réunion avec le chef adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri (sur l'écran depuis Beyrouth), pour discuter du plan d'annexion de certaines parties de la Cisjordanie par Israël, le 2 juillet 2020. (ABBAS MOMANI / AFP)

Lors d’une conférence de presse commune jeudi, Jibril Rajoub du Fatah et Saleh al-Arouri du Hamas ont promis de travailler ensemble pour résister aux mesures unilatérales d’annexion israéliennes et « renverser » la proposition de paix israélo-palestinienne de l’administration Trump. « Nous mettrons en place toutes les mesures nécessaires pour assurer l’unité nationale », a proclamé M. Rajoub à Ramallah, sous le regard de Saleh al-Arouri, par liaison vidéo, depuis Beyrouth. « Aujourd’hui, nous voulons parler d’une seule voix. »

Leur collaboration ouvrirait « une nouvelle phase qui sera un service stratégique pour notre peuple », a lancé al-Arouri, ajoutant de façon inquiétante que le Hamas « utiliserait toutes les formes de lutte et de résistance contre le projet d’annexion ».

Si l’événement avait été organisé par un opposant interne au régime de Mahmoud Abbas, il aurait représenté un acte de défi scandaleux à son égard.

Ici, après tout, se trouvait l’un des plus anciens collègues d’Abbas, un ancien chef de la sécurité préventive de l’AP et son successeur potentiel, qui travaillait autrefois en étroite coordination avec les forces de sécurité israéliennes, déclarant solennellement que le Fatah s’associait désormais au Hamas, s’apprêtant à travailler en « harmonie totale » avec une organisation terroriste islamiste ouvertement engagée dans la destruction d’Israël. Une organisation terroriste islamiste qui, il y a 13 ans, a brutalement forcé le Fatah d’Abbas à quitter la bande de Gaza, et qui l’aurait éliminé depuis longtemps en Cisjordanie également s’il n’avait pas été protégé par la présence générale d’Israël dans cette région.

Mais la déclaration d’“unité” de Rajoub avec al-Arouri – le chef exilé de l’infrastructure terroriste du Hamas en Cisjordanie, et l’homme qui a orchestré l’enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens du bloc Etzion au sud de Jérusalem en 2014 alors qu’ils rentraient chez eux après avoir étudié dans leur yeshiva – n’était pas un acte de défi calculé contre Abbas.

Ce fut plutôt un coup dur pour les espoirs persistants des membres de la gauche sioniste qui, malgré des années de preuves contraires, continuent à considérer Abbas comme un partenaire de paix potentiel avec lequel Israël pourrait conclure un accord de paix fiable. Ce fut la confirmation amère de l’opinion consensuelle en Israël, durcie au cours de la gestion intransigeante de l’AP par Abbas après Arafat, selon laquelle Israël ne devait pas prendre le risque de céder des territoires adjacents aux Palestiniens sous sa domination. Et elle renforcera les positions de ceux, menés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui sont prêts à écarter la perspective de tout accord à l’avenir en cimentant l’enchevêtrement d’Israël avec les Palestiniens par une annexion unilatérale.

L’engagement du partenariat Fatah-Hamas déclaré jeudi par Rajoub et al-Arouri, qui a une mise à prix de 5 millions de dollars US sur sa tête, a été approuvé à l’avance par le président de l’Autorité palestinienne. L’événement conjoint a été applaudi le jour même par le Premier ministre de l’AP. Et il a été diffusé à la fois sur la télévision de l’AP et sur celle du Hamas.

Le message qu’Abbas envoyait – à un monde qui l’observait, mais surtout à son propre peuple – était sans équivoque : Israël, et toute possibilité de réconciliation, non ; le Hamas, et le terrorisme, oui.

Une affiche « Wanted » du Département d’État américain montrant le chef adjoint du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, l’ancien chef de liaison du Hezbollah avec les groupes terroristes palestiniens Khalil Yusif Mahmoud Harb et Haytham Ali Tabatabai, commandant des forces spéciales du Hezbollah en Syrie et au Yémen, annonçant une récompense de 5 millions de dollars en échange de renseignements permettant leur arrestation, le 13 novembre 2018. (Département d’État américain)

Il n’y a jamais eu la moindre chance qu’Abbas, qui a choisi de refuser l’offre faite en 2008 par le Premier ministre Ehud Olmert de presque tout ce que les Palestiniens sont censés rechercher – y compris 100 % de la Cisjordanie avec des échanges de terres à raison d’un pour un, et un partage de la capitale de Jérusalem, y compris une participation dans la surveillance du Bassin sacré – s’engage dans la proposition de « Paix vers la prospérité » de l’administration Trump, avec son cadre beaucoup moins généreux et hautement conditionnel pour un État palestinien.

Abbas, qui avait chaleureusement accueilli le président Donald Trump à Bethléem en mai 2017, a clairement exposé sa stratégie lorsqu’il a rompu tout contact avec l’administration sept mois plus tard, après la reconnaissance officielle de Jérusalem comme capitale d’Israël par Trump – même si cette reconnaissance présidentielle ne précisait pas les dimensions de la souveraineté d’Israël dans la ville, et laissait donc ouverte la possibilité d’une souveraineté palestinienne ici aussi.

Le président américain Donald Trump, (à gauche), et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pendant une conférence de presse conjointe au palais présidentiel de Bethléem, en Cisjordanie, le 23 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

Le chef de l’AP a depuis souligné son rejet de toutes sortes de manières, dont beaucoup sont directement néfastes pour son peuple – en incitant régulièrement à la haine contre Israël et en niant l’histoire juive en Terre Sainte afin de persuader les Palestiniens que nous n’avons aucune légitimité ici ; en détournant l’aide étrangère pour financer les salaires et les paiements aux terroristes et à leurs familles ; refusant ces derniers mois d’accepter les paiements d’impôts perçus par Israël au nom de l’AP – des sommes essentielles aux travailleurs palestiniens ; et peut-être avec le plus grand mépris, refusant deux cargaisons d’aide en provenance des Émirats arabes unis dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 au motif que la cargaison avait été acheminée par l’aéroport israélien Ben Gurion.

Ainsi, lorsque divers interlocuteurs, dont le roi Abdallah de Jordanie, ont exhorté Abbas ces dernières semaines à déjouer le stratagème d’annexion unilatérale de Netanyahu en informant les Américains qu’il était prêt à se réengager, Abbas a refusé de le faire, suspendant plutôt la coopération en matière de sécurité et intensifiant la diplomatie anti-Israël de l’AP. Il a également soumis une « contre-proposition » au Quartet pour le Moyen-Orient – un forum comprenant les États-Unis, l’UE, l’ONU et la Russie sous l’égide duquel Israël a toujours refusé de négocier – pour un État palestinien démilitarisé. Mais toute crédibilité de cette contre-proposition, dont les détails n’ont pas encore été rendus publics, est désormais dépassée par sa nouvelle alliance avec le Hamas, qui n’a jamais faibli dans son opposition au fait même de l’existence d’Israël.

Il est clair que l’administration Trump peut mettre de côté toute idée d’engagement des dirigeants palestiniens dans sa vision de la Paix pour la Prospérité, malgré les assurances intermittentes des responsables américains que les termes de la proposition ne sont pas définitifs, et que l’objectif est que les Palestiniens reviennent à la table des négociations, où ils pourraient proposer des changements.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son épouse Sara rencontrent le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (à gauche) lors des funérailles nationales de feu le président israélien Shimon Peres, qui se déroulent au Mont Herzl à Jérusalem, le 30 septembre 2016. (Amos Ben Gershom/GPO)

Cela laisse à Israël le choix entre aller de l’avant avec l’annexion unilatérale, ou maintenir le statu quo – conserver sa surveillance de la sécurité en Cisjordanie sans étendre la souveraineté, maintenir la position morale élevée de pacificateur en tant que puissance ouverte à la négociation, et choisir de ne pas fermer la porte à toute possibilité future de se séparer des millions de Palestiniens.

Le Premier ministre a fait son choix et ne sera que plus déterminé à poursuivre l’annexion maintenant qu’Abbas s’est associé au Hamas dans l’effort de le dissuader. Et Abbas a fait son choix : il ne s’est pas contenté de repousser l’administration Trump, mais a ouvertement réaligné l’AP et le Fatah sur le terrorisme.

Nous pouvons maintenant nous attendre à ce que les États-Unis donnent leur feu vert aux plans d’annexion de Netanyahu, et probablement plus tôt que prévu. Et nous attendons de voir quelle liberté d’action Abbas entend donner à Al-Arouri et à ses acolytes meurtriers, ou plutôt de voir ce qu’ils vont maintenant saisir – c’est-à-dire si Israël est maintenant confronté à une nouvelle vague de terrorisme en Cisjordanie et à partir de la Cisjordanie.

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