Le jury du massacre antisémite de Pittsburgh demande à voir les armes du tireur
Cette demande inhabituelle indique que le jury est sur le point de décider de condamner Robert Bowers à la peine de mort pour le pire attentat antisémite de l'histoire américaine

PITTSBURGH, Pennsylvanie (JTA) – Moins d’une heure après avoir entamé ses délibérations, le jury américain – chargé de déterminer si le tireur de la synagogue de Pittsburgh doit être condamné à la peine de mort – a demandé à voir ses armes.
La demande de mardi matin était le signe que le jury s’apprêtait à rendre son verdict final dans ce procès qui dure depuis deux mois.
Après la présentation des armes par le jury, qui a duré moins de 10 minutes, le juge Robert Colville a discuté avec les avocats de la manière dont la sentence devrait être prononcée mercredi. Cela a suscité une protestation alarmée de Me Judy Clark, l’avocate en chef de la défense de Robert Bowers, qui a tué 11 juifs lors d’une prière le 27 octobre 2018, la pire attaque antisémite de l’histoire des États-Unis.
« Je pense que nous devrions attendre le verdict, votre honneur », a déclaré Me Clark.
On ne sait pas exactement pourquoi le jury a voulu voir les armes, mais lors de l’examen d’une condamnation à mort, l’une des circonstances aggravantes prévues par la loi que les jurés doivent prendre en compte est le risque que l’attaque du tireur a fait courir à d’autres personnes.
Il est entré dans la synagogue muni de trois pistolets Glock et d’un fusil AR-15. Les procureurs ont fait valoir que l’ampleur de l’attaque constituait un risque pour les autres personnes présentes dans le bâtiment de la synagogue Tree of Life, qui abritait trois congrégations, et pour les forces de l’ordre.
Les jurés ont demandé à un US marshal présent où le tireur transportait ses armes de poing, comment charger un AR-15 et si un chargeur exposé était destiné à l’AR-15.

Les armes ont été placées dans six boîtes en carton et disposées sur une table près du banc des jurés, sans être visibles pour les observateurs dans la salle d’audience. Colville a ordonné la diffusion d’un bruit blanc afin que les observateurs ne puissent pas entendre les jurés discuter entre eux. Les jurés semblaient animés, pointant les armes du doigt, souriant parfois. On ne sait pas exactement quelles armes et munitions étaient exposées ; le tireur avait laissé d’autres armes et munitions dans sa voiture le jour de l’attaque.
La défense a demandé à l’US marshal, qui a répondu aux questions des jurés, ce qu’ils avaient demandé et comment il avait répondu. Colville a rappelé les jurés pour leur dire de ne pas tenir compte de ses réponses, qui n’étaient pas considérées comme des preuves ou des témoignages. Il a également rejeté la demande d’annulation du procès formulée par la défense.
L’accusé n’était pas dans la salle d’audience lorsque l’interrogatoire a eu lieu, mais il est revenu peu après et a semblé plus engagé qu’il ne l’a été depuis le début du procès, jetant des coups d’œil autour de la salle d’audience.
Le formulaire de réponse du jury comporte 26 pages. La question sur le risque aggravé figure à la troisième page. Il aura fallu moins de cinq heures au jury, le 16 juin, pour déclarer l’accusé coupable et moins de deux heures, le 13 juillet, pour déterminer que ses crimes méritaient la peine de mort.
Depuis lors, les jurés ont entendu des témoignages selon lesquels des circonstances atténuantes, notamment la maladie mentale présumée du tireur et son éducation difficile, devraient l’empêcher d’être condamné à mort. Le gouvernement a fait valoir que les facteurs aggravants l’emportaient sur les facteurs atténuants. La décision de condamnation à la peine de mort doit être unanime ; un seul juré s’opposant à la peine signifie que le tireur sera automatiquement condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.