Le Likud installe 1 200 caméras dans les bureaux de vote des villes arabes
Les partis arabes ont porté plainte : Une directive interdit de filmer dans les bureaux de vote. Pour Netanyahu, les caméras sont nécessaires pour "des élections équitables"
Des activistes et des observateurs – issus principalement du parti du Likud – ont installé au moins 1 200 caméras cachées dans des bureaux de vote des villes arabes mardi. Une enquête a été ouverte par la police.
Certaines de ces caméras ont été placées directement sur les corps des militants et des observateurs de la formation, d’autres dissimulées dans les bureaux. D’autres militants de droite seraient également impliqués.
Des caméras ont donc été mises dans les villes arabes de la Galilée et du Negev et dans des secteurs à majorité arabe, à Haïfa, Nazareth et ailleurs.
Les activistes les ont placées dans des zones où ils redoutaient des niveaux « problématiques » de fraude électorale, selon le site Ynet.
Le magistrat à la Cour suprême Hanan Melcer, chef de la commission centrale électorale, a fait savoir que filmer à l’intérieur des bureaux de vote était une violation de la loi, a noté la radio militaire. Melcer a émis une directive interdisant de filmer les électeurs dans les bureaux, « sauf dans le cas d’un incident particulier » dans lequel un enregistrement audio est également autorisé.
משקיפים מטעם הליכוד הגיעו לקלפיות בחברה הערבית עם מצלמות נסתרות pic.twitter.com/Ov0nCHSCk8
— sami abdulhamid سامي عبد الحميد (@samiaah10) April 9, 2019
Les agents de police déployés dans les bureaux de vote ont découvert les caméras cachées utilisées par les observateurs du parti du Likud dans les villes arabes, selon la Treizième chaîne. La police a enlevé les caméras mais elle a permis aux observateurs de rester.
Interrogé sur ce qu’il s’est passé, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rétorqué : « Il devrait y avoir des caméras partout, et pas cachées ». Alors qu’il lui était demandé pourquoi elles étaient nécessaires, il a répondu : « Pour garantir un scrutin équitable ».
Des responsables de la campagne du Likud ont défendu l’installation de caméras cachées dans les bureaux de vote des villes arabes, indiquant que « le problème est dans l’attitude de ces personnes dans la communauté arabe », et non pas dans les mesures prises par le Likud « pour garantir un vote juste ».
Après que la police et les responsables du vote ont découvert ces caméras cachées dans les bureaux du vote, la commission électorale centrale a déclaré qu’il était illégal de filmer les électeurs et la liste des électeurs aux bureaux du vote, et que seuls la police et les membres de la commission ont été autorisés à regarder les images filmées dans les bureaux de vote.
L’avocat Koby Matza, qui représente le Likud, a insisté que les caméras déployées dans les bureaux de vote des villes arabes « n’étaient pas cachées mais visibles, et ont été placées dans des endroits où existent des craintes de fraude ».
Ces propos contredisent les conclusions de la police qui parle de 1 200 petites caméras cachées dans les chemises des 1 200 observateurs déployés par le Likud dans les villes à majorité arabe.
« Ces caméras étaient destinées à garantir un vote juste », a ajouté Matza. « Le problème est dans l’attitude de ces personnes dans la communauté arabe. J’ai reçu des rapports de bureaux de vote du pays entier où nos représentants, notamment du Likud, se font renvoyer des bureaux de vote dans les quartiers arabes. »
Les factions Hadash-Taal et Raam-Balad, les deux principaux partis arabes se présentant aux élections, ont porté plainte en urgence devant la commission électorale, réclamant le retrait immédiat des caméras.
« C’est une mesure illégale qui vise à intimider les électeurs », a déclaré dans la plainte Jamal Zahalka, chef de Balad.
Le leader du Likud Netanyahu, qui se présente à sa réélection au poste de Premier ministre, avait été fortement critiqué en 2015 pour avoir affirmé le jour du scrutin – de manière inexacte, s’était-il avéré – que les électeurs arabes « se rendaient en masse » dans les bureaux de vote.
Netanyahu et les ministres du Likud ont prétendu que le choix des élections allait s’effectuer entre Netanyahu et les députés arabes – avec parmi eux le député Ahmad Tibi, du parti Taal. Le slogan « c’est Bibi ou Tibi » – utilisant le surnom de Netanyahu – a été entendu ces derniers jours à de multiples reprises de la part des hauts-responsables de la formation.
Selon Ynet, la campagne de caméras cachées a coûté au parti du Likud « une somme qui n’est pas non-substantielle ».
Des caméras ont aussi été placées dans les bureaux de vote d’autres secteurs, notamment dans les quartiers ultra-orthodoxes, où il y a eu des soupçons d’irrégularités dans le passé, a fait savoir la Treizième chaîne.