Le Maroc bloquerait un projet EAU-Israël visant à rapatrier leurs citoyens
Dans une étrange bataille diplomatique, Rabat et Abou Dhabi ont fait état d'une brouille autour d'un vol destiné à ramener les touristes israéliens et émiratis bloqués au Maroc
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le gouvernement marocain a refusé d’approuver un effort conjoint israélo-émirati qui permettrait de rapatrier les touristes bloqués dans le pays nord-africain par la pandémie de coronavirus, selon un reportage de la radio de l’armée jeudi.
Des dizaines de touristes israéliens à Casablanca et Marrakech continuent d’espérer une issue à cette crise diplomatique particulière, l’État juif semblant être coincé entre deux pays arabes en conflit – aucun d’entre eux n’ayant de relations diplomatiques officielles avec Israël.
Israël a fermé ses portes aux compagnies aériennes étrangères dans le contexte de la pandémie mondiale, les transporteurs israéliens n’effectuant que des vols sporadiques pour récupérer les citoyens bloqués à l’étranger.
Dans un rare geste d’amitié, les Émirats arabes unis avaient proposé d’envoyer un avion au Maroc pour récupérer et ramener chez eux les Israéliens bloqués au Maroc avec 74 de ses ressortissants qui avaient manqué le premier avion d’Abou Dhabi, qui a ramené 180 citoyens des Émirats arabes unis chez eux il y a quelques jours.
A LIRE – Coronavirus : appels de détresse de Marocains bloqués à l’étranger
Selon la radio de l’armée, les Émirats ont même proposé de payer le vol commun.
Mais le Maroc aurait opposé son veto au projet, insistant sur le fait qu’il était seul responsable des Israéliens bloqués, mais n’aurait apparemment pas proposé de solution alternative. Les relations entre Rabat et AbOu Dhabi étaient tendues avant que la pandémie n’éclate, en raison du récent rapprochement du Maroc avec le Qatar. Les Émirats font partie d’un groupe de pays du Golfe impliqués dans un conflit avec Doha.
Quelque 80 000 étrangers ont quitté le Maroc à bord de 50 vols différents depuis le début de la crise sanitaire, selon le reportage.
Les touristes israéliens sont actuellement hébergés dans des maisons de membres de la communauté juive à Casablanca et dans des hôtels à Marrakech, qui sont payés par le gouvernement marocain, selon la radio de l’armée.
Le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, qui a organisé des dizaines de vols spéciaux vers de nombreux pays pour rapatrier des milliers d’Israéliens, n’a pas commenté la question.
La communauté juive marocaine a été durement touchée par le virus, enregistrant une douzaine de morts.
Il n’y a pas de vols directs entre Israël et le Maroc. Le mois dernier, un haut responsable israélien a participé à une conférence sur la sécurité à Marrakech, un autre signe du réchauffement des liens entre Jérusalem et Rabat, qui entretiennent depuis longtemps des relations informelles mais étroites dans le domaine du renseignement.
En mars, le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait tenté d’organiser un accord tripartite en vertu duquel les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté marocaine sur le territoire contesté du Sahara occidental, en échange de mesures prises par le Maroc pour normaliser ses relations avec Israël.