Le minibus de Jérusalem vers Tel Aviv durant Shabbat critiqué par des élus haredim
King, le maire adjoint d'extrême-droite de la capitale, a déposé une plainte contre le service de transport gratuit et s'est engagé à mettre un terme à l'initiative de Hitorerut
Un maire adjoint orthodoxe d’extrême-droite de Jérusalem a juré de mettre fin à un service de minibus gratuit lancé le week-end dernier et assurant le transport de la capitale à Tel Aviv durant Shabbat, affirmant que l’initiative d’un parti politique local violait les lois sur les campagnes électorales municipales.
Le week-end dernier, le mouvement « Hitorerut in Jerusalem », qui défend les droits des laïcs et est représenté au conseil municipal, a lancé un service de minibus entre la capitale et la ville côtière pendant Shabbat. Les transports publics sont fermés à Jérusalem à Shabbat, comme c’est le cas dans la plupart des municipalités à majorité juive du pays, mais Hitorerut a déclaré que cette initiative visait à encourager les personnes laïques à continuer à résider dans la capitale en leur donnant les moyens de partir pendant le week-end, même si elles ne possèdent pas de voiture.
Ces dernières années, un nombre croissant de villes du centre d’Israël ont offert à leurs habitants des transports publics limités à Shabbat, principalement dans le cadre du programme « Naïm Bésofash » – littéralement « Agréable pendant le week-end ».
L’initiative de Jérusalem s’est développée alors qu’Israël se prépare pour les prochaines élections municipales qui auront lieu le 31 octobre, et certains se sont interrogés sur le timing de l’initiative de Hitorerut, se demandant s’il s’agissait d’un plan sérieux à long-terme, ou d’un pur exemple de propagande électorale.
Le maire adjoint de Jérusalem, Aryeh King, a demandé mardi au conseiller juridique de la municipalité, Eli Malka, de mettre fin à l’initiative, qu’il a qualifiée de « tentative sournoise » de perturber le statu quo laïc-religieux, affirmant également qu’elle violait les lois sur les campagnes électorales.
Se référant au service de minibus, il a déclaré que son fonctionnement gratuit pour le public pourrait être considéré comme un cadeau à l’approche d’une élection.
« Je demande de vérifier si la gratuité du transport constitue une violation de la loi et, le cas échéant, d’engager des poursuites pour violation de la loi », a écrit King.
King a également demandé au conseiller juridique de « faire usage de son autorité et d’émettre une ordonnance restrictive contre ‘Hitorerut’ qui lui interdirait de financer et d’exploiter les transports publics à Shabbat ».
Le président de Hitorerut, Adir Schwartz, a déclaré dans un communiqué : « Nous assistons à une tentative de coercition religieuse et d’intimidation visant à empêcher une grande partie de la population de faire ce qu’elle souhaite pendant Shabbat, ainsi qu’à de fausses accusations. »
« Je demande à la municipalité de mettre en place un service de transport public à Shabbat au profit de ceux qui en ont besoin – et si elle ne le fait pas, nous le ferons. Hitorerut continuera d’agir sans crainte dans l’intérêt d’une Jérusalem pour tous », a-t-il ajouté.
King est connu pour ses commentaires incendiaires à l’encontre des Palestiniens, des personnes LGBTQ, des Juifs non-orthodoxes et des chrétiens.
Par ailleurs, Yehuda Freudiger, membre du conseil municipal, a envoyé une lettre de plainte au député Chili Tropper (HaMahane HaMamlahti) à ce sujet. Selon le média local Kol Haïr, le parti HaMahane HaMamlahti a récemment coopéré avec Hitorerut en vue des élections municipales.
Notant que Tropper, qui a été ministre de la Culture et des Sports dans le gouvernement précédent, est religieux, Freudiger a écrit : « S’il vous plaît, ne prêtez pas la main à la transformation du mouvement Hitorerut en porte-drapeau de la laïcité extrême à Jérusalem. »
Hitorerut n’a mis en service que deux minibus, le vendredi soir et le samedi matin. Il a toutefois affirmé que des centaines de personnes se sont inscrites sur une liste d’attente pour bénéficier de ce service
Sur la page d’inscription au service, Hitorerut a écrit : « Nous ne voulons pas vivre dans une ville que les jeunes quittent. Nous ne voulons pas non plus d’une ville fermée tous les week-ends. Nous demandons seulement que chacun vive à sa manière – non pas aux dépens de l’autre, mais aux côtés de l’autre. »
« Les transports publics à Shabbat sont un outil très efficace pour encourager les personnes qui n’observent pas Shabbat à rester et à vivre ici », a déclaré le mouvement.
L’année dernière, un rapport de l’Institut israélien de la démocratie (IDI) a constaté qu’Israël voyait de plus en plus d’écarts importants entre les réglementations limitant certaines activités durant Shabbat et la réalité dans l’État juif.
Il a constaté que sur les 2 913 lignes de bus en activité dans le pays, 284 (10 %) circulent à Shabbat. Parmi celles-ci, 210 fonctionnent fréquemment et 74 ne fonctionnent que peu après l’entrée de Shabbat et peu avant sa sortie.
13 % des lignes de bus fonctionnant durant Shabbat traversent des municipalités juives, la majorité d’entre elles étant actives dans des communautés arabes ou mixtes.